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3,1

sur 53 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Coup de coeur de l'été.
Simplicité du style. La chronique d'Africville de ses habitants et de leurs descendants est une histoire toute en demi-teinte comme je les aime. Jeffrey Colvin nous livre une histoire très documentée et ne vous fiez pas à cette simplicité , il a mis vingt ans à écrire ce petit bijou et pour ceux qui les connaissent est comparé à Colson Whitehead et Ayana Mathis.
Cette histoire débute en 1918, au canada dans le futur Africville par par des haïtiens, des jamaïcains et des noirs du sud des États-Unis où deux petites filles vont survivre à une épidémie. Nous suivrons la vie de la famille de l'une d'elle.
C'est avant tout un livre qui pose le problème des origines et du choix de la couleur pour certains. C'est un livre qui montre bien les difficultés ainsi que les surprises que peuvent entraîner certains choix mais il n'y a pas de jugement. Chacun s'efforce de vivre sa vie du mieux qu'il le peut ce qui n'est pas toujours facile car il y a beaucoup d'aller-retour entre le Canada et l'Alabama avec les différences de société que l'on peut imaginer.
Tous les personnages du roman ont touché mon coeur mais j'avoue une tendresse particulière pour Zera et son arrière petit-fils Warner. Cette femme qui va se retrouver avec son mari, Matthew condamné à la pendaison par la justice du sud qui ne sortira de prison qu'à la fin de sa vie pour avoir suivi ses convictions. Toute une vie perdue pour un idéal. Et puis vient Warner qui va découvrir qu'il est noir et rechercher l'histoire de sa famille.
Jeffrey Colvin nous offre un très beau roman sans misérabilisme, juste la vie acceptée comme elle vient.
Avec une bonne traduction de Serge Chauvin, la seule question que je me pose est pourquoi avoir changé le titre ? Je préférais le titre original : Africaville.
Ce livre restera longtemps en moi comme certains de ces refrains qui ne vous quittent jamais.
Merci aux éditions Harper Collins pour cette belle découverte et j'espère sincèrement que Jeffrey Colvin ne mettra pas encore vingt ans pour écrire son prochain roman.
#Africville#NetGalleyFrance
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Explorateurs de la rentrée 2020

Africville est le premier roman de Jeffrey Colvin. Avec bonheur, simplicité même dans la complexité, cet auteur originaire de l'Alabama nous entraîne dans une vaste quête d'identités.
Il y a d'abord celle de Kath, jeune fille qui, en 1930, refuse le destin tout tracé des gamines d'Africville et qui a l'ambition, sans renier ses origines, de quitter ce quartier construit par d'anciens esclaves pour rentrer à l'université et devenir enseignante. le récit épouse l'époque et la Nouvelle-Ecosse au Canada. La vie de Kath et de son fils Omar s'apparente à un combat quotidien pour l'affirmation de soi sur fond de négritude.
Dans les années soixante, la question de l'identité entre en collision avec un Omar qui a été adopté et rebaptisé Etienne. Bien que d'origine noire, sa peau claire et son mariage avec une famille qui n'aime que le blanc le projette dans un questionnement qu'il voudrait pouvoir étouffer. Peut-on renier ses origines par confort et facilité ? Peut-on nier une part entière de son histoire, sa famille pour taire le côté noir de sa vie ? Et à son fils Warner, que doit-il dire et quand ?
Enfin, en 1980, Warner se lance à la recherche de ses origines, de la famille de son père, sa grand-mère et même son arrière-grand-mère qui végète en prison en ne connaissant rien de cette progéniture au teint blafard. C'est la quête d'identité la plus émouvante à mes yeux, surtout par son côté intergénérationnel et une volonté de justice raciale nettement défendue.
Davantage une réflexion sur l'évolution des quêtes d'identité qu'une saga familiale qui n'aurait pu être que pure fiction romanesque, Africville est un livre de notre temps. Il questionne, ouvre des pistes et ne juge pas. Et, c'est vrai, les thèmes de la quête d'identité, du retour aux origines et de la ségrégation dite raciale sont de plus en plus présents dans la littérature actuelle, notamment avec cette ‘blancheur de peau' qui peut tromper, mais ils n'en restent pas pour autant des thèmes mineurs. Notre humanité a besoin de se souvenir des génocides, elle a besoin de ne pas minimiser les torts faits aux noirs par des suprématistes. Mais elle doit aussi entendre ces tensions intérieures que vivent les membres d'une communauté, les jugements, les anathèmes jetés l'un sur l'autre, les croyances qui déforment et préjugent au sein des familles et les silences qui ravagent, tuent à petit feu ou explosent à la figure lorsqu'ils sont rompus. Toute cette approche, Jeffrey Colvin la maîtrise et la distille goutte à goutte, page après page, ce qui rend son écriture addictive à souhait. Une très belle découverte.
Merci aux éditions Harper Collins et à Lecteurs.com qui m'ont permis de découvrir ce titre dans le cadre des explorateurs 2020.
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J'ai découvert un auteur d'une grande finesse et sensibilité, à l'écriture directe, simple, mais puissante dans ses sous-entendus, critiques d'une société, d'une époque où il ne faisait pas bon avoir la peau noire.
Ce roman, écrit tel une saga familiale, nous emmène sur le chemin tortueux de l'acceptation de ses racines, de son passé, de sa famille dans le contexte nord américain de la ségrégation, du racisme dans l'Amérique des années 30 à 80.
J'ai dévoré ce livre, qui reste d'une touchante et terrible actualité.
Un texte qui remue les tripes, qui bouscule, émeut et donne à réfléchir sur un thème qui hélas n'est pas seulement une réminiscence du passé.
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Merci à Masse critique et aux éditions Harper Collins pour cette belle découverte.
Africville est le nom du quartier perdu et abandonné où se sont installés d'anciens esclaves. Nous sommes près d'Halifax en Nouvelle Écosse au Canada et ils sont arrivés à la fin du XVIIIème siècle des États-Unis ou de Jamaïque.
On suit alors trois générations à travers le développement de ce quartier qui malgré tout garde une place importante dans leur vie.
La question est de savoir comment vivre en étant noir? Rebellion pour Zera, acceptation pour d'autres et "effacement", déni de sa couleur de peau pour Etienne ... Un racisme blanc omniprésent quelque soit la génération.
L'héritage est lourd pour Werner, le dernier de la lignée, qui décide de retrouver ses racines et découvrir ce que son père lui avait caché.
Un roman passionnant que j'aurais aimé plus long, avec des personnages plus "creusés".
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« Une lettre a franchi le barrage. »
Une lettre affranchie, qui mentionne Africville comme adresse.
Africville, nom, choisi par ses habitants, d'une petite communauté urbaine afro-canadienne située au Nord d'Halifax fondée par d'anciens esclaves.
Arrive une deuxième lettre, puis une troisième…
Du courrier comme preuve de l'existence de la ville.
De la légitimité de son nom.
De la légitimité de ses habitants.

Les lettres sont une preuve.
Un témoignage du passé, qu'elles soient accumulées dans le « cabinet aux souvenirs » de Kath Ella, courriers de condoléances évoquant des souvenirs heureux ou voeux de guérison appelant à en créer de futurs.
Les lettres, les cartes, les voeux maintiennent le lien entre les habitants d'Africville.
Ceux présents, cercles familiaux, féminins ou communautaires.
Et ceux passés.
Car les lettres témoignent d'une histoire familiale.
Quand le fossé s'agrandit à chaque génération entre les membres d'une même famille, de la communauté, du milieu, les courriers tentent de le combler.
Relient un arrière-petit-fils à son arrière-grand-mère, une jeune femme à son amie d'enfance.
« Une lettre c'est toujours important. »
Les lettres sont la mémoire.
Le silence n'est pas pour les vivants.

Le courrier tisse le fil de l'appartenance quand certains mettent de la distance et creusent un fossé entre eux et leurs origines, les amenant à se questionner sur leurs motivations.


C'est un courrier qui apprendra à Warner qu'il a « du sang noir » malgré la couleur de sa peau claire. L'amenant à se questionner sur son histoire, ses origines. Son identité.
Amenant l'auteur à nous questionner sur notre libre-arbitre, les choix qui s'offrent à nous en fonction de notre couleur de peau ou la possibilité que nous avons d'être qui nous voulons.

Les lettres forment des mots, des phrases, des paragraphes, des romans.
Celui de Jeffrey Colvin nous conte l'histoire d'une communauté à travers plusieurs générations avec pour fil conducteur la lettre comme vecteur de transmission et témoignage d'une histoire. Il questionne les problématiques liées de l'appartenance, de la légitimité et du libre-arbitre autour du prisme de la couleur de peau.
Un contre richement documenté assortie d'une réflexion brillante autour des questionnements relatifs à l'intégration et aux discriminations, malheureusement toujours d'actualité.
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