On n'espère que ce qui ne dépend pas de nous; on ne veut que ce qui en dépend.
Longtemps j'ai cru que j'aimais la littérature. Toute la littérature, et surtout le roman. Et puis un jour, l'ai lu [...], et il y a eu comme un déchirement du récit, j'ai perçu le cœur du livre, à vif, l'expérience vivante - ou rêvée - de l'homme qui écrit.
Alors j'ai su que j'aimais le "noyau dur" du roman. Ce qui l'avait engendré. Les romans, les histoires construites peuvent êtres belles, distrayantes, intelligentes. Elles sont vaines si elles ne sont pas les effets d'une nécessité intérieure.
(Judith Brouste, s'entretenant avec l'auteur.)
Le plus souvent, nous sommes à la fois tout seuls et tous ensemble.
L'égoïsme et la socialité vont ensemble :c'est Narcisse au Club Méditerranée. Inversement, tout courage vrai, tout amour vrai, même au service de la société, suppose ce rapport lucide à soi, qui est le contraire du narcissisme (lequel est un rapport, non à soi, mais à son image , par la médiation du regard de l'autre) et que j'appelle la solitude ….
L'amour n'est pas le contraire de la solitude : c'est la solitude partagée, habitée, illuminée - et assombrie parfois - par la solitude de l'autre.
philosopher, c'est penser sa vie et vivre sa pensée.
La solitude n'est qu'un autre nom pour l'effort d'exister.
Les démocraties n'échappent au populisme que par l'effort en chacun de penser.
Oui: j'aime les hommes pour leurs blessures, leur fragilité, leur part de nuit ou de désespoir.
Mais ce que je crois avoir compris, justement, c'est qu'il ne s'agit pas d'un savoir; la sagesse, pour autant que nous puissions l'atteindre, résulte d'un travail ( un peu au sens où Freud parle du travail du deuil), lequel inclut certes un effort de pensée, mais ne saurait s'y réduire.