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Texas blood tome 1 sur 1

Chris Condon (Autre)Jacob Phillips (Autre)
EAN : 9782413042525
168 pages
Delcourt (23/06/2021)
3.95/5   10 notes
Résumé :
Joe Bob Coates est le shérif vieillissant du compté d'Ambrose au Texas. Il n'est pas loin de raccrocher quand le chaos se déchaîne autour de lui, à la suite de la mort mystérieuse d'un petit voyou local. La tension monte encore d'un cran lorsque le frère du défunt refait irruption en ville après bien des années...
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre, et il peut être considéré comme une première saison. Il regroupe les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2020, écrits par Chris Condon, dessinés, encrés et mis en couleurs par Jacob Phillips qui a également réalisé les couvertures.

Ils vous disent que tout va ralentir : le corps, l'esprit, les hobbies, comme si c'était une bonne chose, et pas une faiblesse, ou une honte. Pas comme si vos jours de gloire étaient derrière vous et que vous n'étiez plus qu'une ombre de vous -même. Joseph Robert Coates va bientôt fêter ses 70 ans, étant toujours shérif d'Ambrose County au Texas. Ce matin, il est éveillé bien avant l'heure de son réveil et il reste allongé à penser aux côtés de sa femme Marthe, 75 ans. Elle s'éveille à son tour et lui rappelle qu'il doit aller chercher la casserole que Ruth doit lui rendre. S'étant installé à son bureau, il appelle Ruth pour lui demander de rendre la casserole, soit en venant la déposer au commissariat, soit il peut passer la prendre. Un peu plus tard dans la journée, Joe Bob est installé au volant de sa voiture de police, en train de papoter avec son épouse à la radio. Il reçoit un appel : l'agent à la radio lui indique que Karen Stone a signalé la présence d'un crotale sur son porche. Il se rend sur place et tue le serpent à coup de pelle, sous le regard de Karen et de son mari qui ne s'est même pas levé. Puis il se rend chez Ruth et Ray, entendant Ruth hurler contre son mari qui la menace. Répondant à ses coups à la porte, elle dit que ce n'est pas le bon moment, que tout va bien, et qu'elle préfère qu'il repasse plus tard. Joe Bob repart vers son véhicule de service et constate la présence de canettes de bière dans leur poubelle. Il passe ensuite à la supérette pour s'acheter un sachet de jerky, de la viande séchée, et un sachet de fruits séchés.

Joe Bob se souvient du précédent shérif lui racontant une histoire de famille, la fois où son père avait abattu un daim dans leur jardin, sans se rendre compte qu'il avait été attaché par son petit frère. le shérif se réveille de ce cauchemar en sueur : c'est la radio qu'il lui a fait reprendre ses esprits, alors qu'il s'est assoupi, assis dans sa voiture de patrouille à surveiller la route. Il voit arriver une voiture qui va beaucoup trop vite. Il démarre et se place derrière elle en faisant clignoter les lumières. le conducteur s'arrête sur le bas-côté sans faire d'histoire. Joe Bob reconnaît son frère Ray qui tient une arme à feu entre ses mains. le shérif a sorti la sienne et il intime à son frère de poser son pistolet et de sortir de sa voiture. Celui-ci place le canon sous son menton, et appuie sur la gâchette, se donnant la mort. Joe Bob abaisse son arme à feu, atterré par le sang qui a éclaboussé les vitres. Il jette un nouveau coup d'oeil à l'intérieur et repère la fameuse casserole sur la banquette arrière.

S'il est un amateur des collaborations entre Ed Brubaker & Sean Phillips, le lecteur est tout de suite attiré par la couverture qui semble avoir été réalisée par Phillips, et par le nom de Jacob Phillips qui a mis en couleurs quelques épisodes de la série Criminal, ainsi que l'histoire complète Pulp, des deux mêmes créateurs. Il sait peut-être que Jacob est le fils de Sean. Mais en feuilletant ce tome, il constate que les dessins ne sont pas dans le même registre, même s'il y a un air de famille superficiel de temps à autre. Jacob Phillips reste dans un registre descriptif et réaliste, avec des traits de contour assez fins, et un peu cassant, sans les aplats de noir irréguliers de son père. Effectivement, le récit s'inscrit dans le registre polar, avec un suicide, un meurtre, d'autres assassinats, et un individu qui sent ce fameux sang du Texas couler dans ses veines. Mais le genre Polar est vaste, et l'écriture de Chris Condon n'est pas celle d'Ed Brubaker : elle est plus légère, moins torturée, moins dans l'introspection, plus naturaliste. Rapidement, le lecteur ressent la différence entre les maîtres du polar et cette histoire racontée d'une manière différente.

Condon & Phillips optent pour un ton naturaliste, les moments de violence étant brefs et rares. le lecteur est donc amené à assister à des moments banals : le shérif intervenant pour des problèmes domestiques, son épouse se réveillant pour constater que le lit est vide parce que son mari s'est levé pour faire des maquettes, une discussion entre amoureux où le monsieur explique qu'il doit aller régler une affaire de famille et qu'il préfère y aller seul, commander un dîner dans un café, s'installer dans sa chambre d'hôtel, attendre sur le bord d'une route, farfouiller dans des affaires de famille, etc. Jacob Phillips impressionne par sa capacité à restituer la banalité de ces gestes du quotidien, sans exagération dramatique ou romantique, de manière factuelle. Pour autant, ces moments n'ont rien de fade. Avec des dessins aux contours simples, une mise en couleurs qui donne l'impression d'aplats basiques, l'artiste parvient à conserver l'attention du lecteur lors de ces séquences grâce à des plans de prise de vue bien construits, plus sophistiqués qu'une simple alternance de champs et de contrechamps. le lecteur éprouve la sensation de se tenir à côtés des personnages et de pouvoir les regarder se conduire en gens normaux, avec des réactions d'adulte, des gestes mesurés, avec un placement de la caméra qui permet de voir l'évolution de leur posture, l'expression de leur visage, l'environnement dans lequel ils se trouvent. Phillips le fait avec un naturel et une simplicité confondants, jamais dans le démonstratif. Il faut vraiment que le lecteur se donne la peine de regarder les cases avec insistance pour se rendre compte que parfois il n'y a rien de représenté en arrière-plan, ou que les zones mises en couleurs sont parfois irrégulières, sans rapport directe avec les traits encrés.

De temps à autre, la violence éclate, et la narration visuelle conserve son naturel. Lors du suicide, il n'y a pas de gros plan sur la tête pulvérisée, juste des coulées de sang aux formes grossières, des aplats de couleurs que le lecteur associe au sang uniquement en rapport avec l'action dans les cases précédentes, sinon il n'y aurait vu que des traînées de salissure liquide. Dans l'épisode 2 l'acte le plus violent est une femme qui jette une assiette par terre. Pourtant c'est un geste qui marque le lecteur par la soudaineté de son acte, et par la colère exprimée par le visage de Nora. Dans l'épisode 3, Randy Terrill subit une dérouillée, mais en fait la scène ne dure qu'une page, et c'est trois coups portés, à nouveau sans voyeurisme, sans fascination malsaine pour la violence physique. Dans l'épisode 4, l'acte le plus violent réside dans un personnage cassant des bouteilles d'alcool. Ça se gâte dans les épisodes 5 & 6, même si là encore le lecteur n'assiste pas aux actes violents en première ligne. La tonalité narrative est donc vraiment différente de celle de Brubaker & Phillips, plus dans le quotidien, sans être indolente pour autant.

En cela, la narration visuelle est parfaitement en phase avec l'histoire racontée par le scénariste. Les personnages sont des êtres humains normaux, ni accablés par une fatalité qui leur fait courber l'échine, ni des anti-héros romantiques. le shérif est visiblement en très bonne santé à 70 ans, même s'il pique un petit roupillon en début d'après-midi, sans être non plus un individu particulièrement vif qui court partout. Randy Terrill est plus jeune, et il retourne à Ambrose County à contrecoeur, tout en sachant qu'il lui faut bien régler les affaires de son frère défunt. Sa compagne est une jeune femme tout ce qu'il y a plus de normale compréhensive, tout en étant autonome, ordinaire en quelque sorte. le lecteur ne perçoit pas de violence sous-jacente qui ne demande qu'à s'exprimer à la première excuse. le petit trafiquant du coin se montre très professionnel, y compris quand il cogne sur Randy Terrill de manière maîtrisée et calculée. Pourtant, dans le même temps, le lecteur perçoit que ça ne va pas, que ce sang du Texas charrie une tension irrépressible, inéluctable. Cela commence par la menace de violence domestique, probable, mais pas forcément physique. Ça se concrétise avec le monsieur qui se fait sauter le caisson dans sa voiture, sous les yeux du shérif. C'est sûr avec le meurtre.

Le lecteur est décontenancé, tout en se demandant ce qui le déstabilise. Il lui faut un peu de temps pour parvenir à identifier la source de ce trouble. Il acquiert une certitude quand Marsha se décide à prendre l'avion pour se rendre à Ambrose County, pour aller aider son compagnon. Ce coup-ci, le lecteur anticipe qu'elle va soit se faire passer à tabac, soit servir d'otage… et bien sûr rien de tout ça ne survient. Par contre, elle fait face à son compagnon Randy Terrill qu'elle ne reconnaît pas. Celui-ci s'est mis à agir conformément aux us et coutumes de cette région, ayant intégré en son for intérieur que dans cette région du Texas, il faut savoir prendre en main ses affaires, et que celles-ci nécessitent parfois qu'on se salisse les mains : c'est normal dans la région. de ce point de vue, il s'agit bien d'un polar révélateur d'une dimension sociale du lieu où il se déroule.

Fort, très fort. le dessinateur donne l'impression d'avoir déjà de nombreuses années d'expérience, pour pouvoir ainsi réaliser des pages aussi naturalistes, et rendre intéressantes des scènes de dialogue. le scénariste épate tout autant en déroulant son intrigue en mode mineur, jouant sur la banalité apparente plutôt que sur le spectaculaire, et donnant ainsi une force terrible aux actes de violence.
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Un vieux shérif proche de la retraite mène une vie plutôt tranquille dans une petite ville du Texas profond... jusqu'au jour où un voyou local est abattu. Son frère va alors revenir au pays après des années d'absence et avec lui vont être déterré des vieilles et sombres rancunes.

Texas Blood c'est un polar noir, poussiéreux et sanglant, au rythme lent mais intense, rappelant des films comme « No Country for Old Men » ou encore « Comancheria ». Les personnages sont tous abimés par la vie et le récit nous propose d'entrecroiser leurs points de vue pour une enquête haletante et sans concession. du pur néo-western.
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Texas's rules

Ce premier tome de Texas Blood nous entraîne au coeur du Texas profond pour un polar poisseux et sombrement tortueux…

Dans le comté d'Ambrose, la mort d'une petite frappe détestée par tous va contraindre son frère de revenir en ces lieux reculés pour se confronter aux fantômes de son passé… Son retour sera l'amorce d'une série d'actes violent que le shérif vieillissant va tenter d'élucider…

Construit comme un long métrage, porté par des personnages complexes et tourmentés et mis en image par l'impressionnant Jacob Phillips (fils du célèbre Sean), qui, en plus d'être un coloriste émérite, s'avère être un dessinateur particulièrement talentueux, ce premier opus de Texas Blood nous donne l'envie furieuse de rester quelques temps dans le coin, où l'on devine qu'il trame bien des drames sanglants…
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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critiques presse (5)
BoDoi
15 octobre 2021
Chris Condon excelle à camper des personnages en quelques cases et, à bonne école, Jacob Phillips soigne ses découpages même si étonnamment c’est sur la mise en couleurs qu’il déçoit le plus, un peu facile dans ses choix d’aplats digitaux, alors même que ses couvertures compilées en fin d’ouvrage posent une ambiance plus percutante qu’on aurait aimé retrouver tout au long du livre. Certaines planches n’en restent pas moins très inspirées. Qu’on se rassure, l’héritage de la paire Brubaker-Phillips est entre de bonnes mains.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
03 août 2021
Texas Blood captive grâce notamment à une succession rapide de séquences courtes et à des interconnections habiles entre les différents protagonistes, tous reliés de près ou de loin au décès de Travis Terrill. La trame se concentre essentiellement sur deux protagonistes : le shérif Joe Bob, amené à découvrir la réalité sur le meurtre de Travis et Randy, plus déterminé que jamais à renouer avec son triste passé, quitte à affronter avec des protagonistes sinistres.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
LesComics
19 juillet 2021
Ce tome 1 de Texas Blood est un choix logique pour Delcourt. Logique car il poursuit la série de polars noirs de Brubaker et Phillips dont ce comics est un pur héritier. Mais aussi car Sean Phillips est publié chez Delcourt, voir son fils avoir son premier travail dessiné publié en France est donc logique. Mais c’est aussi un très bon récit qui nous est proposé ici.
Lire la critique sur le site : LesComics
LigneClaire
07 juillet 2021
C’est donc l’enquête sur le meurtrier qui est le fil rouge de ce suspens construit, évolutif qui brouille parfois les pistes et a un petit côté Hitchcock modernisé. Joe est lui aussi la voix off, le monsieur Loyal de ce thriller avec son lot de tordus et de vengeances en suspend.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Sceneario
02 juillet 2021
Les dialogues sont extrêmement justes, le scénario est fluide et captivant, on se laisse entraîner avec plaisir dans cette intrigue très tendue, avec cet homme qui retrouve les lieux de son enfance et ne peut empêcher sa chute inexorable !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Je t'aime et je te suivrais n'importe...
- FERME TA GUEULE. Si tu m'aimais, tu m'écouterais. Tu aurais obéi. Mais tu... tu ne penses qu'à ta petite gueule, pas vrai ? Je parie que tu souffrais, pas vrai ? Toi. Ouais, toi. Pas Randy. Pas moi. Alors, je serais toi, je reprendrais mon amour de merde, je le rangerais dans ma putain de valise de marque et je retournerais à L.A, parce que je n'en ai vraiment rien à foutre de tes conneries. On n'est pas dans un film ? Ouais. Exactement. Alors, ne compte pas sur un happy end.
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Il en rêve parfois. Une terre de poussière et de mort. Le frère bâtard du rêve américain… Le Texas.
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- Mon frère... quelqu'un l'a tué. Je crois savoir qui. Je crois...
- Et ? Et même si tu sais ? On n'est pas dans un film. Tu n'es pas Dirty Harry, putain, Randy !
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Est-ce que je regrette qu’il se soit fait dézinguer ? Ouais, carrément. Parce que je vous jure que j’aurais aimé appuyer sur la détente.
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Sous la façade proprette et assommante… On n’est qu’un foutu animal.
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