Ballard savait tout ce qu’il faut savoir de la structure sociale de ces campements de sans-abri qui proliféraient dans la ville. Comme la municipalité, la police avait été attaquée par des groupes de militants des droits civiques pour mauvaise gestion des sans-abris lors de certains affrontements. Cela s’était terminé par des stages de sensibilisation et ce qui pouvait se résumer à une approche « bas les pattes ». ces séances lui avaient appris qu’un campement de sans-abris se développe à peu près de la même manière qu’une ville, où l’on a besoin d’une hiérarchie sociale et administrative capable de fournir des services de type sécurité, prise de décision et gestion des déchets….
« Le clou qui dépasse, on le rabat à coups de marteau. »
Elle semblait abonnée aux rôles de filles de bar. Elle en avait incarné une dans un épisode de la série Bosch qui, Ballard le savait, avait pour thème les exploits d’un inspecteur du LAPD maintenant à la retraite, mais qui avait travaillé aux Vols et Homicides et au Bureau des inspecteurs d’Hollywood.
Chastain
Il fondait ses choix sur leur opportunité politico-bureaucratique et non pas sur la différence entre le bien et le mal. Et ça, Ballard l’avait appris à ses dépens.
- Pigé. Allons parler à Lundi la Tempête. Faut que je jette un coup d'oeil à l'intérieur de son camping-car.
- Il est pas vraiment heureux quand on le réveille. C'est Lundi la Tempête qu'on l'appelle, mais c'est qu'une espèce de con tous les jours de la semaine.
Elle garda le portable un instant à son oreille et repensa à Olivas déclarant que Cindy Haddel n’était que du dégât collatéral et qu’elle s’était seulement trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Ça, elle connaissait.
Être assigné au quart de nuit était en général réservé à ceux qui s’étaient opposés à la ligne politique et à la bureaucratie.
On a donc une inspectrice qui ressemblera à Bosch.
Je sais que dans le monde des hommes et des femmes, il n'y aura jamais un moment où les femmes seront vues et traitées complètement comme des égales.
- Tiens, je suis justement en train de lire des trucs sur le Japon à Marcie et là-bas, ils ont un dicton...
- Je te parles de ces types et toi, tu me parles du Japon ?
- Et si tu m'écoutais, hein ? Je ne fais pas partie de "ces types", d'accord ? Je lui lis des livres sur des endroits où on va jamais. Et comme elle s'intéresse à l'histoire du Japon en ce moment, c'est ce que je lui lis. Et là-bas, ils ont un dicton sur la société conformiste : "Le clou qui dépasse, on le rabat à coups de marteau."
- Bon d'accord, et ça veut dire... ?
- Ça veut dire qu'il y a des tas de types avec des marteaux dans notre service. Fais attention à toi.
- Pas besoin de me le dire.
- Je ne sais pas... Y a des moments où je pense que si.
Elle n'en savait pas qu'un peu sur la façon dont les médias et les forces de l'ordre négociaient les lignes un rien floues à ne pas franchir. Entre eux, elle ne l'ignorait pas, il n'y avait que peu de coopération, et encore moins de confiance. Ceux qui choisissaient de franchir ces lignes floues se prémunissaient contre certains risques. C'était ce genre de pratiques qu'elle allait utiliser à ses propres fins.