AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 1296 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans quel mystère ce livre nous fait-il pénétrer ? Dans quelles ténèbres ? Récit de marin perdu dans la jungle, quête d'un homme-monde, longue approche de Kurtz autour de qui tout tourne, Kurtz le trafiquant, Kurtz le fou, Kurtz l'éloquent, Kurtz l'ignoble, Kurtz rencontré enfin, au seuil de la mort, au milieu des cris sauvages, Kurtz à peine esquissé, Kurtz ombre de lui-même perdu dans d'autres ombres, Kurtz fascinant on n'ose demander pourquoi, Kurtz qui ne supportera pas le retour de la lumière, qu'est-ce que ce Coeur des ténèbres sinon le creusement du mystère. Kurtz n'a jamais existé que dans l'emprise inexplicable qu'il avait sur ceux qui en ont croisé le chemin. L'intérêt de ce livre – le malaise, devrait-on écrire – tient dans l'impossibilité pour le lecteur de saisir un personnage à la fois omniprésent et totalement absent.
Commenter  J’apprécie          51
J'ai aimé ce roman inspiré de la propre expérience de Joseph Conrad comme beaucoup de ses oeuvres, mais j'ai beaucoup de mal à donner mon ressenti.

Conrad lui même marin était allé chercher au coeur du Congo un homme au nom d'une compagnie. le Congo était alors exploité par la Belgique et en particulier par le roi Léopold qui le considérait comme une possession personnelle.

Sur un yacht quatre hommes attendent le jusant qui leur permettra d'atteindre le port de Londres. L'un d'eux, Marlow, commence le récit d'une de ses aventures. Pour le compte d'une compagnie belge, il a remonté le fleuve Congo afin de récupérer un homme qui ne donne plus de nouvelles, Kurtz. Cet homme est entouré de mystère et de gloire bien que ce soit un affreux trafiquant d'ivoire tuant sans regret des Africains. Malade physiquement (il mourra lors du voyag de retour) il a aussi sombré dans la folie.
Tout au long de son avancée Marlow a l'impression de quitter la civilisation pour s'enfoncer dans les ténèbres. Là règne la violence surtout envers les Noirs, lui ressent pourtant de la répulsion pour la façon dont ils sont traités. de plus, les Blancs tombent pour la plupart malades, et leur caractère change.

A lire.


Challenge ABC 2019-2020
Commenter  J’apprécie          151
Tortueuses, sombres, pénibles… telles sont les colonies vues par Joseph Conrad. On peut en dire de même de son style, caractérisé par une sorte de transe orale : un air de Céline, avant Céline.
La particularité de ce roman en fait sa force et sa faiblesse. La plume est maniée habillement : le but de Conrad étant de nous perdre, comme se perdraient les colons dans la jungle. Alors, au delà de l'histoire, la globalité nous malmène l'esprit.
On passe sans transitions, d'un poste à une rivière, de réflexions sur le cannibalisme à une attaque aux flèches empoisonnées…

C'est une lecture éprouvante, caractérisée par la noirceur ; je pense qu'il faut l'appréhender de façon globale - éviter de lire mots à mots - ainsi, nous rentrons dans le jeu de la traduction intellectuelle d'un voyage dans la brousse hostile.


Commenter  J’apprécie          120
Ayant repris une formation en librairie, j'ai été amenée à devoir lire Joseph Conrad. J'ai choisi au hasard « Au coeur des ténèbres ». Je l'ai lu deux fois et l'ai de plus en plus apprécié. C'est une de ses lectures où chaque fois, vous faites de nouvelles découvertes et, travailler sur cette oeuvre a été un enrichissement pour moi et un plaisir.
Conrad mélange son histoire avec l'histoire de Marlow qui est un marin qui raconte à ses amis un événement de sa vie, son voyage au Congo. Il nous emmène au coeur des ténèbres de l'Afrique mais surtout au coeur des ténèbres de l'âme humaine. Sa vision est sombre mais à bien y réfléchir, peut-on lui donner tort?
Certains l'apprécieront, d'autres le trouveront vieillot mais personne ne le trouvera inintéressant...mais je peux me tromper :-)
Ce livre m'a donné l'envie de prolonger ma découverte de cet auteur avec « Lord Jim » et si qqn a un conseil lecture à me partager, je suis preneuse.
Bonne lecture à ceux qui oseront s'y risquer!
Commenter  J’apprécie          232
Embarquer avec le capitaine Marlow pour remonter le fleuve Congo à la recherche de l'énigmatique Kurtz, c'est prendre le risque de tutoyer la folie et d'être confronté aux ténèbres de l'âme humaine. Tout commence sur l'embouchure de la Tamise. Quatre amis y sont sur un bateau, admirant le soleil couchant puis s'asseyant pour profiter des dernières lueurs du jour. Une voix se fait entendre. C'est Charles Marlow qui débute un récit de sa jeunesse lorsque, marin, il arpentait les mers et voulait explorer - à proprement parler - les mondes encore inconnus. Bientôt, Marlow n'est plus qu'une voix dans la nuit, une voix qui envoûte, comme celle de Kurtz dans les forêts d'Afrique.

Ce n'est pas tant la suite des événements qu'il convient ici de relater. D'ailleurs, ils sont peu nombreux. Au départ de la France, Marlow suit les côtes occidentales de l'Afrique que la puissance coloniale française bombarde aveuglément et inutilement, puis il s'enfonce enfin dans le continent africain. le temps de la réparation de son navire, Marlow entend parler de ce Kurtz, qui tient un comptoir commercial, loin à l'intérieur des terres. Chasseur d'ivoire, grand pourvoyeur de ce noble matériau, il est vu autant comme un génie que comme une menace par tous ceux qui vivent dans la colonie.

Après un voyage long et éprouvant, Marlow parvient au comptoir de Kurtz. Attaqué par une tribu qui refuse de laisser partir cet homme magnétique, Marlow entrevoit enfin les contours physiques de cette légende tropicale. Et, dans la forêt sombre, au plus près de cette humanité que le narrateur décrit comme primitive, la voix de Kurtz résonne comme celle de Marlow dans l'estuaire anglais.

Si l'aventure de Marlow est inspirée en grande partie par le vécu propre de Joseph Conrad, il serait abusif de relier intimement le narrateur et l'auteur. En effet, l'aventure de Conrad en Afrique tourna court et c'est son imagination qui vient ici donner une grandeur littéraire aux errements de Marlow. Cette nouvelle ô combien féconde - ne serait-ce que par ce qu'elle inspira Francis Ford Coppola qui la transposa dans le contexte de la guerre du Vietnam - de Conrad frappe d'abord par le pouvoir qu'ont les mots : le pouvoir de construire un monde, d'imprégner les pages d'une ambiance aussi pesante que magnétique. On pense, en lisant cette longue nouvelle, à l'interminable descente fluviale de Klaus Kinski dans Aguirre, la colère de Dieu. On pourrait ressentir physiquement le marasme de ce fleuve si puissant, l'atmosphère étouffante de la forêt tropicale, la menace pesante de ces yeux de la forêt qui vous scrutent, l'attirance irrémédiable pour cet homme, Kurtz, que tous décrivent comme un homme à part. Car le pouvoir des mots est double : non seulement ils servent à décrire un pays et la façon dont il agit sur les hommes, mais aussi à relater, à transmettre. L'attirance de Marlow pour Kurtz vient des descriptions qu'on lui en a faites ; et son ultime colère, son ultime pitié vient de ce qu'en dit de lui sa Promise, veuve éternelle que le souvenir de cet homme a bouleversée.

Ce qui colle à la peau, ce n'est pas seulement la pesanteur de l'air africain, c'est aussi la détestable impression que les hommes blancs s'y comportent comme des dieux : démiurges et surtout destructeurs. La mission civilisatrice décrite par la tante de Marlow est un leurre qui cache un crime gigantesque, effrayant. Même un homme comme Kurtz succombe à cette horreur, ultime mot qu'il lâche avant la mort. Kurtz, instrument individuel de la domination européenne en Afrique, en est finalement la conscience. Il est autant impossible de refuser cette violence colonisatrice qu'il est impensable de l'accepter moralement. Marlow s'en rend compte lui-même car les mots et les descriptions dont il use sont terriblement accusateurs pour l'Europe.

Evidemment, le colonialisme n'est pas la raison d'être de ce livre mais il a la particularité de mettre à jour les plus terribles noirceurs de l'âme humaine. En explorant ce territoire de l'âme, territoire impalpable mais tellement important, Conrad se rapproche encore de Marlow en prenant la même attitude : celle de l'explorateur.
Commenter  J’apprécie          90
Essai de littérature sur des personnalités atypiques en pleine brousse parmi des sauvages enthropophages. Un intérêt surtout littéraire.
Commenter  J’apprécie          61
Sur l'estuaire de la Tamise, des marins attendent le départ de leur bateau et l'un d'eux, Marlow, prend la parole pour raconter son histoire, ce qui lui arriva sur un autre fleuve, le Congo, « fascinant, mortel, tel un serpent ». le bateau longe la côte congolaise : « Elle était là sous vos yeux, souriante, sévère, accueillante, grandiose, laide, insipide ou sauvage, toujours muette avec l'air de chuchoter : « Viens, et découvre la clé. » » Alors commence le voyage de Marlow « au coeur des ténèbres », au centre de la jungle, sur un bateau vapeur de fortune sur le point de s'écrouler plusieurs fois, à la recherche du mystérieux Kurtz, un homme remarquable selon tous ceux qui l'ont croisé, qui fait du trafic d'ivoire au fin fond du pays, et qui, semble-t-il, est malade et doit être ramené en ville.

Tout le roman (en 3 parties – Kurtz n'apparaissant que dans la dernière) se déroule dans une atmosphère fiévreuse, lourde et menaçante, plus le bateau avance – péniblement – sur le fleuve Congo, plus la jungle semble entourer Marlow et ses acolytes de ses sombres secrets : « des arbres, des arbres, des millions d'arbres, massifs, énormes, géants ; et, à leurs pieds, frôlant la rive pour éviter le courant, rampait le petit vapeur crasseux semblable à un insecte gluant sur le sol d'un haut portique. » Marlow décrit tout ce qu'il voit, les Noirs sur la rive criant des choses incompréhensibles, les bruits angoissants dans le noir absolu de la nuit, et jusqu'à l'arrivée de l'endroit où se trouve l'énigmatique Kurtz, dont les paroles terribles auront un impact définitif sur Marlow.

Je comprends mieux pourquoi ce roman a eu autant de succès et a autant fasciné : les descriptions sont hypnotisantes et on est plongé dans ce voyage sur le fleuve au coeur des ténèbres humaines. Apparemment, F. Coppola s'est largement inspiré de ce roman pour son film Apocalypse Now, transposant le Vietnam en guerre des années 1968 à la jungle coloniale des années 1890.

A découvrir, vraiment !
Lien : https://dautresviesquelamien..
Commenter  J’apprécie          30
Fascinant par son style, un parcours enivrant
Commenter  J’apprécie          10
Il s'agit d'une longue nouvelle ou d'un court roman, et sans doute du texte le plus célèbre de Conrad, il est sensé avoir inspiré Céline dans la partie africaine du "Voyage au bout de la nuit" et Coppola dans "Apocalypse Now". Il s'agit d'un récit en partie autobiographique, Conrad a effectivement eu l'occasion d'effectuer un voyage en Afrique dans des conditions proches de celles qu'il décrit dans sont texte.

C'est un récit à la première personne, fait par Marlow, narrateur récurent des romans et nouvelles de Conrad, sorte d'observateur privilégié, dont la fonction première est de réfléchir les événements et personnages véritablement centraux dans la fiction conradienne.

Pour satisfaire une fascination d'enfant devant les cartes aux nombreuses tâches blanches caractérisant l'Afrique, Marlow s'arrange pour obtenir le commandement d'un bateau naviguant sur un fleuve africain. Au lieu de l'aventure magique qu'il espérait il va rencontrer la bêtise la plus crasse et la plus méprisante de la personne humaine de l'administration coloniale francophone, une sorte de descente aux enfers et un désenchantement.

Mais dans cet univers sordide un homme semble échapper à tous les travers des Européens en Afrique : Kurtz. Marlow brûle de rencontrer cet homme exceptionnel qui pourrait en quelque sorte redonner vie à ses rêves d'enfant. Débute alors un voyage à la recherche de Kurtz, mi onirique, mi cauchemardesque, dans l'incompréhensible sauvagerie du continent africain, avec l'idée qu'il est déjà trop tard et que l'homme providentiel est disparu à jamais. La rencontre entre Marlow et Kurtz aura bien lieu, mais elle ne ressemblera pas à ce que Marlow avait espéré.

Les thèmes se croisent dans cette oeuvre au combien complexe : le colonialisme et sa cruelle absurdité, la violence et la sauvagerie profonde de la nature humaine, c'est aussi une réflexion sur la façon dont se construit la fiction. le paradoxe de l'art conradien est à mon sens d'associer une écriture au combien précise, détaillée dans les descriptions de détails physiques, de lieux, d'apparence physique des personnes, avec une ambiguïté, une ambivalence, une façon de ne surtout pas expliciter mais de laisser deviner et d'interpréter au lecteur les motivations, les ressorts secrets des personnages.

Au centre du récit, même s'il n'est finalement que peu présent, Kurtz, homme élevé au rang d'un mythe, ange déchu devenue noir démon, aussi grand et fascinant dans la chute que dans sa période glorieuse. Mais finalement ce qu'a fait exactement Kurtz, quels sont les raisons et les mécanismes qui l'ont amené là où il est allé, nous ne le seront jamais. Nous n'entendrons pas la confession que Kurtz fait à Marlow, à nous de l'imaginer. Simplement Conrad nous laisse suffisamment d'indices pour nous faire frissonner.
Commenter  J’apprécie          60
"Au coeur des ténèbres" est le récit d'une descente aux Enfers, ou plutôt d'une remontée aux Enfers devrais-je dire pour être précise, puisqu'il s'agit de remonter en vapeur le terrifiant et interminable fleuve Congo, long serpent d'eau qui relie l'océan à un continent alors sauvage, proie des colons trafiquants d'ivoire.

Joseph Conrad relate avec une efficacité redoutable le périple de Marlow, marin anglais ayant voulu "tâter de l'aventure africaine". Publié en 1899 et largement inspiré du propre vécu de l'auteur ayant lui-même navigué au Congo, le récit est stupéfiant de réalisme et glace les sangs à plusieurs reprises. Marlow, engagé par une compagnie belge, doit remonter le fleuve afin de rétablir le contact avec un certain Kurtz, agent en charge de l'exploitation de l'ivoire, prétendument fossile.

Au-delà des dangers de la remontée fluviale dans la jungle luxuriante et hostile, du cannibalisme ambiant des membres de l'équipage autochtone, de la corruption des administrateur de la Compagnie, de l'animosité des "sauvages" qui voient en l'homme blanc une divinité à craindre ou à vénérer, de la violence du climat, des rites, des fièvres et de la pénurie des fournitures les plus élémentaires, c'est une atmosphère délétère fort oppressante qui se met rapidement en place et enveloppe le lecteur et les protagonistes dans une même brume paludéenne. Arrivée tant bien que mal à destination, l'équipée doit faire alors face à l'insécurité, au mystère, à l'inconnu et à l'épouvante dans l'espoir d'extrader Kurtz, un "génie universel" aux prises avec la sauvagerie des instincts les plus primaires.

Roman court mais envoûtant, "Au coeur des ténèbres" est un voyage inconfortable qui génère le malaise et la peur, autant que la fascination et l'excitation.


Challenge MULTI-DÉFIS 2016
Challenge PETITS PLAISIRS 2016
Challenge BBC
Challenge 19ème siècle 2016
Commenter  J’apprécie          797




Lecteurs (3226) Voir plus



Quiz Voir plus

Le miroir de la mer

Quel est ce personnage qui fuira toute sa vie la honte d'avoir quitté un navire menaçant de sombrer

Lord Jim
Demian
Coeur de pirate
Kurt Wallander

10 questions
66 lecteurs ont répondu
Thème : Joseph ConradCréer un quiz sur ce livre

{* *}