Le portrait que je faisais de mon père était si venimeux et si impitoyable qu'il me fallut me retirer de cette voix narrative indignée pour finalement décider d'écrire à la troisième personne. Mais, même ainsi, les mots coulaient comme de l'acier et non comme un langage.
Pour nous, l'amour était un cercle et un labyrinthe dont tous les passages et les culs-de-sacs étaient gardés par des monstres, créés par nous-mêmes.
Autant que je sache, chaque famille produit un être marginal et solitaire, reflet psychotique de tous les fantômes issus des enfers plus ou moins grands de l'enfance, celui qui renverse le chariot des pommes, l'as de pique, le chevalier au cœur noir, le fouteur de merde, le frère à la langue incontrôlable, le père brutal par habitude, l'oncle qui essaye de tripoter ses nièces, la tante trop névrosée pour jamais quitter la maison. Parlez-moi autant que vous voulez des familles heureuses mais lâchez-moi dans un mariage ou dans un enterrement et je vous retrouverai le barjot de la famille. Ils sont faciles à repérer.
Mais j’avais besoin de douceur dans la vie et d’une source infinie de compréhension.
Ma famille est ma ration d'enfer, ma flamme éternelle, mon destin et mon temps sur la croix.
Mon père apprit à tourner mon portrait de lui à son avantage. [...] Papa devint un habitué de l'émission de radio de Neal Boortz à Atlanta et il y donnait souvent son avis non sollicité aux parents sur l'éducation des enfants. « N'économisez pas les coups de bâton. L'Amérique s'écroule parce que les parents ont peur de leurs enfants. Le père est le pilier de l'unité familiale. Il conseille et il punit. Il est juge, juré et roi. Toutes les bonnes choses avancent avec lui. »
"L'un des plaisirs d'être mère est de pouvoir se vanter de ses enfants."
"Mes deux parents sont morts en montrant un courage et une résolution exemplaires. Ils nous ont fait le plus raffiné des cadeaux - ils nous ont appris comment mourir."
"La puissance de sa pureté et de sa grandeur me secoua et me terrifia. Mais elle me transforma. C'est ce que fait toujours l'art."
Gengis Khan est un Woody Allen par rapport à toi. Papa, tu as fait régner la terreur dans chaque maison que nous avons habitée. Tu étais un père et un mari atroces. Tes propres enfants ne peuvent pas te sentir. Tu ne sais pas la moindre chose sur nous et tu n'as jamais semblé t'y intéresser. Tu frappes les tout-petits au visage. Des petits gamins, Papa. .....