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sur 44 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Etoiles Notabénises : **

The Death Of Santini, The Story of A Father and A Son
Traduction : Marie Bisseriex

ISBN : 9782956012108

Nous remercions les Editions du Nouveau Pont qui, dans le cadre d'une Opération Masse Critique réalisée par le site Babélio, nous ont fait parvenir cet exemplaire à titre gracieux.

On a souvent reproché à Pat Conroy de puiser son inspiration aux mêmes sources. N'ayant lu de lui jusqu'ici que "Le Grand Santini" et son malencontreux "épilogue", et ne m'étant par ailleurs jamais intéressée au "Prince des Marées", son plus gros succès en librairie, je crois, après "Santini", je ne saurais me prononcer. Dans ma fiche relative au "Grand Santini", je laissais entendre que ce livre appelait une suite et une fin qui permettraient d'éclairer un peu plus le caractère pour le moins énigmatique du Colonel Meecham, alias Don Conroy, le père de l'auteur. Ces éclaircissements, à mon avis indispensables, nous eussent permis, à nous, lecteurs, de mieux saisir les tenants et les aboutissants de cette relation d'amour-haine entretenue par le père et le fils et à laquelle Conroy avait su nous intéresser.

J'attendais donc beaucoup de cette "Mort de Santini" et, dans les quatre premiers chapitres, je n'ai pas été déçue. Reprenant cette fois-ci son nom à l'état-civil, l'auteur y décrit sa sortie du lycée, son entrée à l'Académie militaire de "La Citadelle", où il passera quatre ans avant de devenir enseignant dans une région assez désolée du Sud. Il vante son enthousiasme, bien dans le cadre des années soixante-dix, pour les droits civiques, pour ce vent de liberté qui paraît souffler sur le monde occidental. Il ne cache pas que, au contraire des idées conservatrices de sa famille et surtout de son père, il opte avec une volupté presque sadique pour le ticket libéral et démocrate (au sens qu'il avait à l'époque.) Il évoque également les deux ouvrages qu'il publie avant son roman-massue, et qui sont tous deux des récits.

Signalons que, déjà et même si l'on cherche à se défendre contre cette idée, l'impression nous vient que, question ego, Pat Conroy est aussi bien servi que son géniteur ...

Torturé - on peut le comprendre - par toutes les questions qu'il continue pourtant à se poser au sujet de son père et dans le désir, on peut le supposer, de tout remettre à plat et au net, Conroy confesse avoir traversé une véritable dépression lorsqu'il écrit "Le Grand Santini". Mais il n'envoie pas moins son manuscrit à un éditeur. le manuscrit est accepté mais Conroy se garde bien d'en piper mot à sa famille, avec laquelle il demeure en bons termes bien que ses relations avec sa mère se semblent quelque peu refroidies. D'ailleurs, la dame a enfin divorcé pour se remarier avec un autre Marine, mais médecin celui-là, le Dr John Egan.

Quand il voit le titre de l'ouvrage, qui fait référence à la personne pour lui la plus importante au monde, c'est-à-dire lui-même, le père Conroy ne se tient plus de joie. Au bout des cent premières pages en revanche, il téléphone à son fils pour lui débiter un chapelet d'insultes. le fils accepte tout mais supplie son père de lire l'ouvrage jusqu'à la fin et jusqu'à la phrase où, après la mort de Meecham, Ben trouve enfin le courage d'avouer qu'il aimait (et aime toujours) son père. Nouveau coup de téléphone : Don Conroy est en larmes. Il pleure tellement que c'est à peine s'il peut réussir à dire qu'il a le meilleur des fils et qu'il n'en a jamais douté.

Tout lecteur normal - et je ne vous dis rien de ceux qui ont eu pour père une réplique, à un ou deux détails près, du "Grand Santini" - se frotte alors les mains et se dit : "Enfin ! Enfin ! Voilà le moment tant attendu ! le père et le fils vont encore se disputer mais le fils va demander à son père, tout ramollo qu'il est maintenant, ce qui l'a fait agir ainsi au temps de son enfance."

Eh ! non, rien de tout ça, mes petits gars (pour reprendre une expression favorite de Santini). Non seulement fils et père s'embrassent et se chahutent un peu - on est des hommes ou on ne l'est pas, Nom de Dieu et rectifiez-moi votre doigt sur la coutume du pantalon ou j'vous ferai regretter d'avoir vu le jour ! - mais mieux : quand arrive l'heure des dédicaces, Pat Conroy invite son père à signer avec lui. Il fait ainsi une vedette de l'homme qu'il aurait, selon lui, détesté alors qu'il portait encore des couches-culottes. Non, assurément, Pat Conroy était un saint, ou il n'en était pas loin ... ;o)

Idem quand le roman est adapté au cinéma. Idem d'ailleurs partout ailleurs. Soupçonnant peut-être le désappointement de ses lecteurs, l'auteur nous révèle tout de même que sa mère - on s'en doutait depuis longtemps, mon pote, si tu veux savoir - n'est pas une authentique "Belle du Sud" mais vient d'une famille de "pauvres Blancs" de l'Alabama. Elle-même a été abandonnée avec ses trois soeurs par sa mère, désormais "grand-mère Stanny", laquelle a fui un mari assez rustre et brusquement illuminé par une foi telle qu'il s'en est allé prêcher la Bonne Parole sans plus s'intéresser à ses rejetons. C'est Helen, l'aînée des enfants, qui a élevé les fillettes jusqu'à ce que Stanny (je crois en fait qu'elle s'appelle Margaret) les fait venir à Atlanta où elle s'est installée auprès de son second mari (ou de l'un de ses amants), d'origine grec mais doué pour les affaires.

Le reste du livre n'est qu'une suite de "découvertes" de ce genre qui, à l'exception peut-être de l'incroyable égoïsme de Stanny, défaut outrancier qui explique en partie le narcissisme tout aussi extraordinaire de Peg (la "Lillian" du "Grand Santini"), n'apporte rien au lecteur en ce qui concerne la famille Conroy. Issus de Chicago, comme on le sait déjà et de souche irlandaise, les Conroys offrent tous, à divers degrés, l'exemple parfait d'hommes qui ne s'expriment que par la brutalité (même celui-ci qui s'est fait prêtre, c'est dire). D'où viennent ce goût pour la violence, cette façon grossière de s'exprimer, ce désir sordide de brutaliser femmes et enfants ? On ne le sait pas et on ne le saura jamais car Pat Conroy a renoncé à l'apprendre et à nous faire part des résultats de son enquête.

Là-dessus, Peg attrape une leucémie. Je devrais compatir - je fais un effort, bien sûr - mais le cancer, quelque organe ou système de votre corps qu'il touche, ne fera jamais de vous une sainte ou un saint. Et Peg-Lillian, femme battue qui aimait ça et manipulait ses enfants, ne fut jamais une sainte - ou alors disons qu'elle le fut à la manière de son fils aîné ... Qui pis est, tout cela se déroule dans la plus franche gaieté : tout le monde fait de l'humour, tout le monde rigole, tout le monde s'esclaffe - sous la violence de la maladie cette fois et les rémissions pleines de malice qu'elle accorde jusqu'à une fin brutale. Il faut bien admettre que, élevés par un père comme "Le Grand Santini", les Conroys ont été à bonne école pour s'esclaffer et faire les clowns quand il fallait !

Evidemment, le benjamin de la fratrie, Tom, fait sa mauvaise tête et refuse de rigoler quand il faut. le petit doigt sur la couture du pantalon, lui, il n'en a rien à foutre. Résultat : on est obligé de l'interner pour son bien - il est vrai que, vous en étonnerez-vous ? il est d'une rare violence, surtout quand il voit son père ... Ce qui n'empêchera pas Tom, trahi par ses frères et soeurs comme il l'a été par sa mère et son père, de monter un jour sur le toit d'un immeuble et de se laisser tomber d'une hauteur de quatorze étages ...

Une autre, qui ne rigole pas quand il faut et prend grand plaisir à invectiver, cracher son venin et pleurer quand elle ne le devrait pas, c'est Carol-Anne, la cadette (la Mary-Anne du "Grand Santini"), devenue lesbienne en grandissant (probablement un rejet de la mère et une tentative avortée d'identification au père) et qui consulte très régulièrement des psys, lesquels, les méchants, l'entretiennent dans la haine des siens. Son seul point intéressant : elle rédige de fort beaux poèmes, dans le genre très noir, et elle est éditée. Néanmoins, malgré toute sa haine envers son père, elle viendra, elle aussi, s'effondrer au pied de son lit de mort, en affirmant avoir toujours été "la seule à comprendre vraiment qui il était."

Dommage qu'elle ne nous en touche pas un mot, à nous, lecteurs : ça nous aurait rendu service. Un peu tard, certes mais enfin, mieux vaut tard que jamais.

Bref, à la fin de "La Mort de Santini", vous pourrez vous dire, à l'instar du regretté Jean Yanne et, je l'espère pour vous, avec la même férocité que lui : "Tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil."

Si ce qu'a écrit Pat Conroy dans ce livre, ce n'est pas gâcher l'une des plus belles haines qui aient jamais été engendrées, je voudrais bien savoir ce que c'est ... Dommage, vraiment. "Le Grand Santini" était loin d'être un chef-d'oeuvre stylistique mais il vivait, il rugissait, il griffait, il mordait. "La Mort de Santini" se contente de papoter et de faire appel aux bons sentiments en se gardant bien de poursuivre l'exploration des mauvais qui firent, justement, le premier succès de librairie de l'auteur.

Bref, même si je l'ai lu jusqu'au bout, je déconseille "La Mort de Santini". Désolée. J'ai le tort d'être franche. Encore resté-je polie parce que, si je laissais aux commandes de mon clavier, s'exprimer la petite fille qui, en moi, a eu un père dans le genre de Bull Meecham, je vous raconte pas ce que vous pourriez lire comme injures et obscénités diverses ... ;o)
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Déçu par cet ultime livre de Pat Conroy. Il manque quelques repères généalogiques en annexe pour arriver à se retrouver dans les familles des parents, des amis sans oublier les trois mariages de l'auteur. Ce livre autobiographique est brouillon et c'est dommage. Il ne peut pas, de toute manière , être compris si l'on n'a pas lu les autres livres de Pat Conroy . J'ai été très impressionné par la relation violente de la mère, Peg, avec sa fille Carol Ann. On est proche de la haine. On reste surpris par le déni des frères et soeurs et on se dit que Pat Conroy nous a donné au fil de ses romans « sa vérité » sur l'histoire de cette famille de « timbrés ». On aurait presque aimé un roman choral où chacun des membres de la famille se serait exprimé pour raconter sa version. Il n'en reste pas moins que dans l'oeuvre de cet auteur « le Prince des marées » reste une pure merveille de lecture.
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Je connaissais Pat Conroy pour avoir déjà lu plusieurs livres de lui, mais je dois dire que j'ai été très déçue de celui-ci... Les premiers chapitres annonçaient un roman prometteur : l'évocation de son père violent et de la peur qu'il instaurait dans sa famille, les souvenirs horribles qu'il imprimait chez Pat Conroy et les séquelles psychologiques de tous... Il a réussi à nous inclure dans cette famille détruite, à nous adopter pour nous faire vivre ce qu'il avait vécu... Puis il m'a essoufflée ... Ses allers-retours ça et là, on ne sait pas où... Ça divaguait trop, ça allait dans tous les sens, des flash-back par ci, d'autres par-là, des scènes rocambolesques racontées de manière rocambolesques, c'était trop brut, pas assez recherché à mon goût... J'ai aimé le commencer, j'ai eu du mal à continuer et à le finir...
C'est dommage...
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