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sur 44 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après le succès remporté par son roman porté à l'écran, le Grand Santini, dans lequel il dénonce le caractère violent du père avec sa femme et ses enfants, son père décédé, il écrit La Mort de Santini, un livre réconciliation en forme de mémoires. Dans ce livre, il évoque sa vie familiale, sa jeunesse, ses études, son métier d'instituteur dont il fut renvoyé au vu de ses méthodes controversées, Pat n'ayant pas le caractère raciste des gens du Sud. Suite à sa carrière d'enseignant interrompue, il se consacre à l'écriture. Lors des séances de dédicaces du roman le Grand Santini, livre tout d'abord décrié par son père et toute sa famille, Pat et son père, le Colonel à la retraite, Don Conroy, se sont rapprochés. La présentation de ses romans le conduira à Chicago où vit la famille de son père et en Irlande leur pays d'origine. La maladie et la mort de Peg, la maman, et ensuite celle de Don, le père, rassemblent la fratrie et tous les membres de la famille.
En épilogue, le magnifique éloge funèbre de Pat Conroy pour son père, le Grand Santini, Colonel US Marine Corps.
L'écriture est fluide, une autobiographie qui se lit comme un roman.
La couverture est très belle, une aquarelle sur carton dessin, les pages en papier blanc de bonne qualité en font un bel objet livre.
Un grand merci aux Éditions le Nouveau Pont pour cet envoi et à Babelio pour l'organisation de cette Masse critique.

Charleston Sud étant dans ma PAL, c'est avec plaisir que je retrouverai la plume de Pat Conroy.
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En premier lieu, je tiens à remercier sincèrement les Éditions le Nouveau Pont pour m'avoir adressé gracieusement ce livre que, sans cette aubaine, je n'aurais pas hésité à acheter.
Je salue au passage l'excellente traduction de Marie Bisseriex. Il faut aimer les auteurs et la littérature pour s'acquitter de cette tâche avec brio et, force est de constater, que tous les traducteurs ne sont pas animés de ces louables motivations. Il convient donc de le souligner quand, comme présentement, la traduction est réalisée avec talent et respect de l'esprit de l'oeuvre et de son auteur.

Alors, sans doute est-ce parce que l'histoire de cette relation avec son père a pour moi une résonance particulière, mais j'ai trouvé que Pat Conroy avait très habilement mené son autobiographie. Il a, en effet, réussi à me faire passer par toute la palette des sentiments.
Avec lui, et graduellement, j'ai éprouvé : la détestation, la rage, l'acceptation, l'indulgence, l'empathie, la considération et, aussi inattendu que cela puisse être, une certaine tendresse pour cet homme invivable qui se serait pourtant contrefoutu de mon opinion, ou de celle de quiconque, à son encontre.

Aîné d'une fratrie de sept, Pat Conroy a très vite compris que le seul moyen de sortir plus ou moins indemne de cette relation destructrice était de se blinder, de prendre de la distance. À la violence, les vexations, les humiliations paternelles, il a opposé l'ironie, la dérision, la désinvolture, l'humour. Il s'est forgé une carapace sur laquelle Don n'a plus trouvé la moindre faille pour le dégommer.
Dans ce jeu de massacre qu'il avait lui-même instauré, le Grand Santini qui ne respectait que la force a, j'en suis persuadée, fini par nourrir de la fierté pour ce fils qu'il n'était pas parvenu à démolir et dans lequel il se retrouvait.

J'aurais aimé lire ce livre il y a vingt ans. Cela m'aurait permis de connaître la seule stratégie efficace dans ce genre de situation tordue. Je n'aurais pas attendu l'impossible, ne me serais pas bercée d'illusions, n'aurais pas offert le flanc par une attitude de fillette vulnérable... J'aurais eu conscience des véritables règles du jeu et pu poursuivre la partie jusqu'à son terme au lieu de déclarer forfait en fuyant cinq ans avant la fin.
Mais mon père n'était pas le Grand Santini, pilote de chasse dans les Marines et, surtout, surtout... je ne suis pas Pat Conroy.
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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions le Nouveau Pont pour l'envoi de ce superbe ouvrage. J'ai d'abord pris peur en voyant ce petit "pavé", me disant que je n'aurais jamais le temps de le lire dans les délais impartis mais lorsque j'ai commencé la lecture, j'ai bien vu que la mention faite en quatrième de couverture comme quoi cette biographie se lisait comme un roman ne mentait pas.

J'ignorais jusqu'à présent tout de cet auteur ainsi que de son père, Donald Conroy, appelé Dan mais surtout surnommé "Le Grand Santini". Membre des Marines en tant que pilote de chasse aux Etats-Unis, ce dernier était fier d'avoir fait ses "trois guerres" mais malheureusement, celles qu'il faisait dans le ciel se rabattaient souvent sur sa famille. Pat, l'auteur de cet ouvrage et l'aîné d'une lignée de 7 frères et soeurs en faisait souvent les frais. Mari violent, père peu attentionné, le grand Santini était certes un as en tant que pilote de chasse mais également un homme qui a réussi à diviser sa propre famille. C'est bien connu, les apparences sont souvent trompeuses et c'est le cas de ce grand homme, d'origine irlandaise bien que né à Chicago. En tant que militaire, il a beaucoup voyagé à travers le pays, emmenant sa famille avec lui mais le principal port d'attache qui revient régulièrement dans cet ouvrage est celui de Beaufort. Pat, ayant deux soeurs et quatre frère fait souvent mention à Carol Ann . Cette dernière, devenue poétesse aurait très bien pu s'entendre à merveille avec son grand frère qui avait, tout comme elle, choisi de s'engager sur le chemin des lettres mais il en fut tout autre. Non seulement, elle était complètement folle (quoique avec ses moments de lucidité contrairement au plus jeune des frères qui finit par se suicider), mais elle pouvait également être d'une grande perversité. Bref, autant vous dire que parmi les enfants Conroy, cela n'a jamais été le grand amour et même si ils ont enterré ensemble leurs deux parents, ils n'ont jamais réussi non plus à se réconcilier réellement afin de se soutenir mutuellement dans ces étapes difficiles et douloureuses de la vie.

Pat Conroy étant lui-même décédé l'an passé, c'est un très bel hommage de la part de cette maison d'édition que d'avoir réimprimé cet ouvrage qui, quoique bouleversant sentimentalement parlant parce que très dur, est d'une qualité d'écriture remarquable. Auteur d'autres ouvrages sur son père avec l'un qui fut adapté au cinéma "The great Santini", je crois que je vais pousser un peu plus loin mes recherches sur cette grande figure de la littérature américains (certes, il m'est impossible de juger sur un seul ouvrage mais je ne pense pas me tromper en l'affirmant), tout comme son père fut une grande figure dans l'armée de l'air. Bien plus qu'une simple biographie, c'est avant tout la description déchirante d'une famille sur le déclin et sur la mort de celui qui fut autant admiré par ses pairs qu'exécré par ses propres enfants. A découvrir !
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Dans mon petit larousse en couleurs que je traine depuis mon enfance la définition de famille me fait plutôt rire : "Le père, la mère et les enfants", groupes d'êtres ou des choses présentant des caractères communs"

Cette phrase faisait partie de mon avis sur Beach Music, elle est valable pour cette autobiographie. Et cela m'étonne toujours autant : comment ces sept enfants peuvent avoir l'esprit de famille en ayant subi violence et maltraitances en sillonnant le pays en long en large selon les affectations du père militaire ?

Dans la fratrie un se suicidera, une aura des problèmes psychiatriques importants et Pat, le narrateur et l'aîné traînera sa vie d'adulte de dépressions en dépressions.

Malgré tout, ils resteront proches de leurs parents. Pat vouera un amour inconditionnel à sa mère, alors qu'elle est aussi responsable que son mari de la situation. Elle poussera le bouchon à demander le divorce, alors que les enfants sont devenus des adultes.

Le grand Don qui a frappé et maltraité femme et enfants en sera tout penaud et malheureux ne comprenant pas les raisons de son épouse. Il arrivera même à devenir célèbre à travers les romans de son fils en niant la réalité.

Pourtant ce récit, loin d'être un conte de fée, est une déclaration d'amour, une réconciliation entre Pat et Don. Autour d'eux gravite la famille au sens large du terme.

Un style tendre et cynique, des situations cocasses, des souvenirs douloureux et une acceptation de ce qu'on ne peut pas changer. À lire !

Un grand merci à Babelio et aux Éditions le Nouveau Pont pour cette lecture passionnante.


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Que Pat Conroy écrive de la fiction ou des autobiographies, on retrouve presque toujours comme élément central la figure du père haï : de Bull Meecham du Prince des Marées au juge McCall de Beach Music, il est là, l'obsession de toute la vie de son fils.
Donald Conroy n'avait rien du papa-gâteau, encourageant, défendant, protégeant son fiston en particulier et ses six autres enfants en général. A l'exact opposé, il était l'image de la maltraitance tant psychologique que physique, faisant régulièrement déguster sa recette toute personnelle de salade de phalanges aussi bien à ses enfants qu'à sa femme qui tous autant qu'ils étaient finissaient par ne plus souhaiter qu'une chose : qu'une guerre se déclare n'importe où dans le monde afin que leur Marine de père et de mari y soit appelé en mission. Pat Conroy en arrivera même, lui, à souhaiter qu'il se fasse descendre afin de les libérer tous de cette monstruosité de qui il n'avait jamais demandé à être le fils mal aimé.

Et pourtant, pourtant...

Après des dépressions à répétitions, l'écriture de livres prenant la forme de catharsis pour se soustraire une bonne fois à l'éducation désastreuse que son père lui a offert à coups de poings et d'humiliation, après s'être mis sa presque famille entière à dos en accusant son géniteur de ce que d'aucuns qualifieront de lubies et de "prêt-à-tout-pour-se-faire-remarquer", on assiste, au travers de la Mort de Santini, à un inconcevable rapprochement entre le père et le fils et Pat Conroy qui, pour de mystérieuses raisons, n'a jamais coupé les ponts avec ce diable de père, va découvrir – à travers les terribles épreuves de la mort de la mère puis du frère mentalement plus abîmé que les autres – un homme drôle et sensible. Quelle surprise, après tous ces écrits sur ce Marine froid et sans coeur d'assister à ces scènes où Don Conroy, à la vue de tous, craque, pleure, gémit, sanglote... On connaissait l'homme dur du Grand Santini et de Saison Noire mais pour la première fois, on découvre un individu loin d'être dénué de toute empathie, frôlant presque la sympathie même parfois.

La Mort de Santini est un livre important pour ceux qui s'intéressent à l'oeuvre et à la vie de cet écrivain talentueux. de sa belle plume Sudiste, Pat Conroy éclaire d'un jour nouveau ses ouvrages précédents, fait la paix avec sa Némésis et avec sa vie sans chichis ni faux-semblants car cette fois Don Conroy s'appellera Don Conroy et pour son ultime opus sur cette relation destructrice, Pat Conroy fait le choix de l'autobiographie pure, plus rien de fictionnel, uniquement des faits, des ressentis, des larmes, des peines, des douleurs, et parfois, malgré tout, du bonheur et de l'amour, peu, mais comme toutes choses rares, ça n'en devient que plus sacré.

J'ai eu beau le lire le plus lentement possible vu qu'on ne sait pas quand ni même si on reverra un nouveau Pat Conroy un jour (oui, j'avais déjà dit ça sur Saison Noire, c'est dire à quel point la sortie de la Mort de Santini a été une agréable surprise, d'ailleurs un tout grand merci aux Éditions du Nouveau Pont, et à Babelio pour ce beau cadeau). Oui donc, une lecture au ralenti mais malheureusement à moins de lire en rewind, on fini toujours par arriver au bout.
Reste plus qu'à espérer qu'une maison d'édition se décide un jour à sortir "The Lords of Discipline" et "The Water is wide". Preuve avec La Mort de Santini que ce n'est pas impossible, à surveiller donc...
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La mort du grand Santini
Rarement un livre reçu dans le cadre d'une Masse critique m'aura autant conquise. J'avais depuis très longtemps dans ma PAL Prince des marées, c'est pourquoi le nom de l'auteur ne m'était pas inconnu et que j'ai répondu sans hésiter à l'opération de Babelio et des éditions le Nouveau Pont.
Pat Conroy revient sur son histoire familiale, en axant son récit sur son père, un marines, narcissique et violent qui fait vivre à sa femme et ses sept enfants des déménagements réguliers et des coups de sang qui le sont tout autant.
Ce climat d'insécurité marque définitivement toute la fratrie, générant chez les uns des dépressions profondes, chez les autres de la maladie mentale. le récit pourrait être sombre car il décrit des violences physiques et psychiques répétées et destructrices. Pourtant, l'humour de l'auteur, la cocasserie de certaines scènes, le cabotinage permanent du père, son ingénuité dans le déni de la maltraitance passée, font que l'autobiographie se dévore et n'est jamais pesante.
Conroy, comme Duroy dans le chagrin, raconte comment son premier roman, qui s'appuie aussi sur l'histoire des colères paternelles et révèle au grand jour les brutalités de son géniteur, génère chez le ce dernier et toute la famille un réel chaos. Alors qu'il est l'objet de rejet de la plupart des membres, la réaction de Don, son père, clôt définitivement les conflits. S'amorcent alors de nouvelles relations entre le père et le fils comme si l'ouvrage avait servi d'exutoire et permis la rencontre.
La traduction est plutôt de qualité, les dialogues drôles, le propos est très intéressant car ce père violent est aussi capable, alors qu'il vieillit, d'être un grand-père adoré et un beau-père apprécié. Don Conroy est un sacré bonhomme, ce qui ne l'absout pas des dégâts irréversibles que ses excès ont produits chez ses enfants, qui s'avère un véritable personnage de roman. Son fils, toujours à distance de son sujet en le contextualisant notamment – on a un peu le sentiment que ces militaires qui ont traversé de nombreux conflits, souvent considérés comme des héros, trouvent légitimes d'exercer sur leur famille leur toute-puissance – parvient à émouvoir son lecteur, à le faire pénétrer dans son intimité, joignant même des photos au coeur du livre, sans jamais en rabattre sur la pudeur.
A découvrir sans hésiter !
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Un grand merci à Babelio pour m'avoir sélectionné pour ce titre lors de la dernière opération Masse Critique. Pat Conroy demeure l'un de mes auteurs favoris.
A l'instar de ses autres romans, ce récit autobiographique poignant ne serait pas ce petit bijou s'il n'avait été magnifié par l'esprit caustique et la plume acérée de son auteur.
Son oeuvre s'appuie quasi exclusivement sur des schémas familiaux au mieux difficiles ; violents physiquement et psychologiquement dans tous les cas. Et avec La mort de Santini on se voit confirmer d'où lui venait son inspiration.
J'ai toujours été admirative de son style, de la manière dont il décrit avec tant de brio les relations filiales entre amour et haine de ses personnages. Quelques soient les tensions et les violences, les drames et la tristesse de ses romans, Pat Conroy arrivait toujours à y glisser cette pointe d'humour, noir certes, mais qui vous prenait aux tripes. Lire ce livre s'est voir se matérialiser le Grand Santini. C'est voir mon livre préféré prendre vie au-delà de tout ce que le film avait pu générer comme émotion. C'est comprendre qu'il s'agissait de plus, bien plus qu'un récit inspiré de ses souvenirs : l'exorcisme de sa souffrance d'enfant, sans aucun doute, mais surtout d'une main tendu d'un enfant vers l'homme qui reste son père.
Au-delà de la violence familiale, Pat Conroy dresse également un portrait doux-amer de sa patrie, la Caroline du Sud, à travers l'histoire de sa famille, de ses racines.
J'ai adoré ce livre, je l'ai dévoré en ayant bien conscience qu'une fois la dernière page tournée je ne pourrai que relire son oeuvre.
Le Grand Santini est mort et désormais son fils aussi.
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J'ai lu le grand Santini il y a longtemps mais je me souviens de la famille de Pat Conroy : un père violent et 7 enfants soumis à une pression omniprésente mais très loquaces avec un humour qui leur permet de rire dans des situations dramatiques. Si j'ai retrouvé ces enfants, j'ai eu l'impression de faire connaissance avec un autre Santini, affaibli avec lequel Pat Conroy a créé une relation plus saine mais toujours ambigu car le passé ne s'est pas effacé, il a même été décrit dans un livre qui a eu beaucoup de succès.
Pat Conroy reprend l'histoire de sa famille avec son entrée à l'université la Citadelle. Une université qu'il n'a pas pu choisir puisqu'il n'avait postulé nul part. Il revient sur sa vocation d'enseignant puis sa carrière d'écrivain mais cette carrière n'est pas mise en avant malgré son succès qui apparaît dans le livre. Ce qui est révélé, c'est une sorte de réconciliation avec son père et toute la souffrance des enfants Conroy car il est difficile de sortir indemne de l'enfance violente décrire dans le grand Santini.
Je m'étais attachée à cette famille à l'humour cinglant (la bouée de survie en quelque sorte) et je la retrouve ici complètement rancunière et endolorie mais aimante et solidaire. Pat Conroy réussi à nous livrer toute la nuance des relations au sein de sa famille : la folie, la dépression la violence physique mais aussi orale car chacun sait répliquer, chacun a une vision différente de son enfance, a vécu les événements différemment mais malgré toute cette violence il y a beaucoup d'amour. Pat Conroy était l'ainé de la famille et avait pour mission de protéger ses frères et soeurs des coups de leur père mais une fois adultes, ces frères et soeurs ne cachent pas leur rancoeur contre leur mère, leur père mais également contre Pat Conroy.
C'est assez impressionnant comme un homme qui a grandi sous cette violence, qui avait une mission énorme pour un enfant dans cette famille de 7 enfants, qui a connu la dépression qui a fait des tentatives de suicide, a réussi à être un écrivain reconnu aux Etats Unis et sait décrire avec une telle lucidité ses relations familiales, ses relations avec les femmes, la complexité de sa relation avec son père et à nous transmettre à travers son écriture tant d'amour au sein de sa famille.


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J'avais beaucoup aimé « Le Grand Santini », roman qui s'inspirait de l'histoire de Pat Conroy alias Ben Meecham, de son père Don Conroy alias Bull Meecham surnommé le Grand Santini, de sa mère et de toute la fratrie.
Décédé l'an dernier, l'auteur du « Prince des marées » nous a laissé une autobiographie publiée en 2013 aux USA et qui vient d'être éditée en France par la toute jeune maison bordelaise « Le nouveau pont ».
« La mort de Santini », c'est avant tout le récit d'une haine qui se transforme en amour, soulignant toute l'ambiguïté de cette mutation. Battu et avili, l'aîné des Conroy voue une inimitié féroce à son géniteur. Peu à peu, l'âge adulte venant, les deux hommes se rapprochent. Qu'est-ce qui explique cette réconciliation ? le déni de Don, de certains de ses enfants et, parfois même de la mère, des violences subies, la vieillesse, la maladie et, surtout, le formidable humour d'un père, « animal terrestre » et de son fils qui permet de dépasser les différends.
Il n'empêche que Pat sera toute sa vie poursuivi par la dépression et incapable, comme il l'avoue lui-même, d'être un bon mari et un bon père.
Il est décidément impossible d'oublier les blessures de l'enfance surtout quand on est l'aîné d'une telle famille !
Parallèlement à la relation filiale se met en place une galerie de personnages : Peg, la mère, une femme mégalo qui s'invente une vie. Grande lectrice, elle transmet son virus des belles lettres à ses deux aînés. Victime d'une leucémie, elle sera soutenue jusqu'au bout par Pat et Don alors qu'elle a divorcé de ce dernier. Il y a aussi Stanny, la fantasque grand-mère, et Carol Ann, soeur de Pat, la poétesse jalouse de son frère qui sombre dans la démence. Comme le benjamin de la famille.
« La mort de Santini », c'est aussi le portrait du Sud des États-Unis, des Irlandais installés à Chicago. Et quand on parle d'Irlande, la religion n'est jamais très loin.
Merci à Babelio et à la maison d'édition (bravo pour la couverture qui évoque un livre pour la jeunesse) pour cette belle lecture entre émotion et rire.
La sortie en librairie est prévue pour le 12 septembre.

EXTRAITS
Ma famille est ma ration d'enfer, ma flamme éternelle, mon destin et mon temps sur la croix.
J'avais voulu être ce que je ne pouvais pas devenir – un bon père et un bon mari.
Ma fille a écrit un livre de grande poésie et mon fils aîné a écrit quelques romans pourris. Je mourrai en sachant que je resterai une figure littéraire pour l'éternité.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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La boucle est bouclée.

En refermant La mort de Santini, c'est un cycle qui se termine. J'ai lu tout ce qui a été traduit en français de Pat Conroy...
Et ça me peine de savoir que mon anglais n'est pas assez bon pour que je savoure pleinement ses phrases si bien tournées, ses mots source d'émotion, ses romans très largement inspirés de sa propre vie.

Car c'est un fait, Pat Conroy a toujours écrit sur sa famille, il l'avoue d'ailleurs dans le prologue de ce livre, quand il écrit le mot "père", il voit son père Don Conroy, et quand il écrit le mot "mère", c'est bien Peg Conroy qui prend vie sous sa plume.

Cela a pu parfois m'agacer, surtout quand j'ai lu Beach Music juste après le Prince des Marées.
Mais, néanmoins, jamais Pat Conroy ne m'émeut plus que lorsqu'il parle de lui, ce n'est pas un hasard si, dans son oeuvre, Saison Noire est mon titre préféré après le Prince des Marées.

Et La Mort de Santini, une autobiographie sous l'angle de la relation complexe qu'il a entretenue toute sa vie avec sa famille, et en particulier avec son père, m'a serré le coeur.
Don Conroy, le Grand Santini, père maltraitant, mari maltraitant, qui a poussé tous ses enfants à la folie, à la dépression, au suicide ; c'est lui qui est au coeur de l'oeuvre de son fils, c'est lui qui est au coeur de sa vie, ce père à qui il n'a jamais pu pardonner totalement.

J'ose espérer que l'écriture et la publication de ce livre ont été une catharsis pour son auteur, là où le roman le Gand Santini pouvait plus s'apparenter à un règlement de comptes.
En tout cas, ça a été une lecture très forte pour moi, et j'imagine qu'elle le sera pour toute personne connaissant et admirant la vie et l'oeuvre de Pat Conroy.

Semper Fi, ô Grand Santini.
Semper Fi, Pat Conroy.
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