AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,99

sur 44 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après plusieurs romans inspirés de ses relations familiales conflictuelles, dont le plus célèbre est le Prince des Marées, Pat Conroy quitte ici le genre du roman pour une autobiographie qui éclaire sur une oeuvre qu'il dit lui-même hantée par son père.

Un oeuvre qui revient en effet constamment sur les relations haine-amour avec un père - de la grande famille des Irlandais de Chicago, colonel des Marines, brillant pilote de chasse pendant les guerres de Corée et du Vietnam - n'hésitant pas à lever la main sur femme et enfants. Ce que Pat ne peut lui pardonner, d'autant, quand tant qu'aîné, il se sent investi de la protection de ses six frères et soeurs, et surtout de sa mère qu'il vénère. Des mauvaises relations devenues obsessionnelles, à l'origine de la dépréciation de soi, des dépressions et des envies de suicide qui toucheront Pat une bonne partie de sa vie.

Mais si La mort de Santini revient encore sur les conséquences désastreuses de la violence paternelle sur sa famille, il est aussi un livre sur la réconciliation. Après le divorce de ses parents, la parution du roman, le grand Santini (une charge en règle contre son père) et surtout le film qui en a été tiré - la vie de la famille avec sa folie jouée sous leurs yeux - ont été un révélateur, peut-être de ce qui se jouait vraiment entre eux , et ont rapproché Pat de son père. Et même si par la suite le père a su tourner les choses à son avantage, parlant de l'aspect romancé du livre et profitant de la célébrité de Pat pour se mettre en avant, c'est avec la complicité et pour le plus grand bonheur de celui-ci.

Dans La mort de Santini, avec son humour et sa belle écriture (bravo à la traductrice) Pat nous fait aussi découvrir La Caroline du sud qu'il apprécie tant, ainsi que l'ensemble de la lignée des Conroy et que toute son ascendance maternelle - des blancs pauvres des Appalaches - qui a abouti à Peg, la mère belle et fantasque tant aimée. Celle (avec son extraordinaire grand-mère) qui lui a donné peut-être le plus bel héritage : son ouverture d'esprit et son amour de la littérature, " grâce à un insatiable amour de la lecture et à la majesté des mots qui, dans un certain assemblage, pouvait rendre magique ce monde impitoyable. "

Merci à Babelio et aux Éditions le nouveau pont pour cette très belle lecture.
Commenter  J’apprécie          768
J'ai fini hier soir ce si beau livre. Très émue après l'avoir refermé, par l'éloge funèbre de Pat Conroy, pour son père martyrisant, égoïste à l'extrême, enfin, un père comme personne ne souhaiterait en avoir et que tout fils – ou fille – sensé fuirait comme la peste et laisserait à ses turpitudes, dès son indépendance gagnée. Mais pas Pat Conroy !

le récit qu'il fait de son enfance, sacrifiée, de ses relations familiales et de tous les excès de violence de son si célèbre père – Colonel des marines, aviateur multi-décoré, héros de trois guerres qui ont secouées l'Amérique – est captivant.

"Je ne pouvais pas supporter l'idée d'avoir écrit un roman de cinq cents pages seulement parce que j'avais besoin d'aimer mon père. Il ne m'était jamais venu à l'esprit que j'étais né avec un besoin d'aimer mon père. Que mon père puisse un jour faire en sorte de m'aimer me paraissait le fantasme le plus fou."

Et pourtant… Je suis restée bien souvent interloquée, incrédule, devant sa capacité à « pardonner », a toujours aimé ce père qui a mené à la dépression – voire à la folie – la majorité de ses enfants.
Je ne sais si c'est par faiblesse ou par grandeur d'âme qu'il ne rejette pas son géniteur. Sans doute, faut-il l'avoir vécu pour savoir quelle serait notre réaction : fuite et rejet, à l'image de Carol Anne, la soeur poète de Pat, qui « crache » tout ce qu'elle peut, au point d'en devenir folle, sur cette famille toxique et ses bourreaux – père et mère confondus, sans oublier Pat, fidèle défenseur d'une mère qu'elle exècre – , suicide comme Tom le dernier de la fratrie ou pardon et réconciliation comme le reste des sept enfants ?

Je n'ai pu m'empêcher de me poser cette question, mais cela n'enlève rien – au contraire – à l'intérêt et à la découverte de ce livre et de cet auteur. C'est un récit personnel – l'histoire aurait été tout autre racontée par Carol Ann, notamment quant à la figure maternelle, que Pat met sur un piédestal, là où on devine que la réalité était bien souvent tout autre… Mais ce n'est pas seulement cela : l'auteur nous donne une vision forte et juste « du sud », de la ségrégation et des combats menés pour en sortir, de ce racisme et de cette violence latente qui explique pour beaucoup les traits de caractère de ses parents, même si cela n'excuse rien.

"Nous nous étions retrouvées au sein d'une famille dans laquelle personne ne nous avait montré comment aimer. Pour nous, l'amour était un cercle et un labyrinthe dont tous les passages et les culs-de-sacs étaient gardés par des monstres, créés par nous mêmes."

J'ai aimé aussi, suivre au fil du récit, l'écriture et la sortie des livres de Pat Conroy, découvert avec ce livre, l'impact sur sa famille, sa ville et cet incroyable revirement que fut le tournage du film « le Grand Santini » !

Est-ce là un des nombreux pouvoirs de la création artistique, de l'art ?

En tout cas, ce fut un beau moment passé en compagnie de cette famille plus que déjantée et une belle découverte littéraire que je poursuivrai avec « le prince des marées » qui va venir grossir ma PAL.

Un grand merci à Babelio et aux éditions du Nouveau Pont pour l'envoi de ce livre.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
Commenter  J’apprécie          4712
De Pat Conroy, j'ai lu "Le prince des marées" et "Charleston Sud" , mais pas "Le grand Santini" dont il est beaucoup question dans cet ouvrage-ci.

Une attraction irrépressible mène, une fois de plus, l'auteur à se pencher au bord de ce gouffre de douleurs que fut son enfance.
Cette fois-ci, il n'édulcolore pas, ce n'est plus un roman mais sa véritable biographie... depuis sa grand-mère maternelle qui abandonna ses quatre enfants mourant de faim, jusqu'à la mort de ce père tant haï.
Il nous parle aussi de sa mère, son enfance misérable dans les montagnes de l'Alabama, son immense besoin de reconnaissance sociale et les tensions avec sa poétesse de fille, Carol Ann, presque folle.
Mais c'est encore et toujours Don Conroy, son père, qui tient le rôle majeur dans ce livre. le pilote de chasse de la marine, qui déglingua nombre d'ennemis de l'Amérique, mais aussi, par sa violence, déséquilibra à vie ses sept enfants.

En revenant sur les réactions à la sortie du roman "Le Grand Santini", sur le ressenti du passé par ses frères et soeurs et sur l'enfance de son père , Pat Conroy tient un début de compréhension. Pour autant, il ne pardonne pas et balancera sans relâche des allusions sur les violences subies à ce père maltraitant, qui lui, niera toujours l'avoir été. Mais Don change, Pat lui laisse une place sous la lumière de sa renommée, ils se côtoient de plus en plus.
Progressivement, la haine se transforme, elle ressemblerait presque à de l'amour et pour finir, au décès du grand Santini, il y aura autant de pleurs qu'il y en avait eu pour la mère adorée.

Un humour parfois grinçant se mêle aux scènes plus durs et ainsi, l'écriture de Pat Conroy nous offre une biographie aussi plaisante à lire qu'un roman.
J'aime son style et finalement, je crois que je ne peux me passer de lire "Le grand Santini".

Merci à Babelio et aux éditions le nouveau pont pour l'envoi de ce livre et ce bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          345
Ami-e-s de l'autobiographie, bonsoir !
En voilà une pure et dure, dans la grande tradition de Rousseau, avec pacte autobiographique "je vais tenter de dire la vérité", doutes sur la fidélité de la mémoire, confessions etc...
Pat Conroy, dont j'avais déjà lu le magnifique "Prince des marées", avoue dès le prologue que toute son oeuvre, tous ses personnages, sont inspirés de sa famille. Mais là, il va tenter de coller au maximum au réel, et faire renaître une dernière fois ses spectres fondateurs, ses hantises, ses bourreaux : ses parents. Ou plus précisément, Don Conroy, héros de guerre, aviateur de génie, époux et père d'une violence folle. Mais, étrangement ce n'est pas l'enfance qui est revécue ici, elle est évacuée dès le prologue : coups et blessures, blessures et coups, rage, sadisme, à la lumière d'une scène unique et exemplaire, l'anniversaire des dix ans de sa soeur cadette, qui attendait ce jour avec une telle joie qu'elle vit son père et sa mère se battre au couteau, avec Pat entre eux, devant son gâteau d'anniversaire...
Ce qui est évoqué, c'est l'âge adulte, et c'est l'originalité de cette autobiographie. Pat Conroy fait revivre les failles engendrées par cette enfance décimée dans chacun de ses sept frères et soeurs. Et c'est un carnage, je vous laisse juger des sorts, notamment, de Tom et de Carol Ann, la petite aux dix ans brisés...
Plus il mûrit et vieillit, plus Pat Conroy cherche l'humanité chez son père. Il veut désespérément la trouver, mais laisse la lectrice dubitative. Etait-ce son seul moyen de survivre ? Veut-il nous persuader nous pour se persuader lui ? Aurait-il pu vivre en haïssant son père ? Etait-ce le seul moyen de lui échapper, de ne pas lui ressembler, de se structurer malgré tout ? Pas de réponses, bien sûr, mais pas de neutralité non plus. On n'est pas chez Annie Ernaux, les sentiments coulent à flot, haine, colère, tristesse, amour, foi...C'est même un peu trop pour être honnête, on aimerait le voir parvenir à l'indifférence.
C'est néanmoins un beau texte, plein d'atmosphère et de personnages très complexes. de plus, l'objet livre est magnifique !
Je remercie Babelio et les éditions le Nouveau Pont pour cette lecture !
Commenter  J’apprécie          334
Pat Conroy est un écrivain sudiste (à l'instar de Faulkner et d'autres) mais que je ne connaissais pas. Cette masse critique privilège m'a permis de combler cette lacune.

L'auteur revient sur sa vie, de son enfance maltraitée à l'age mûr, en passant par les étapes décisives : instituteur dans une école noire (je vous rappelle que nous sommes chez les sudistes), ses débuts d'écrivains, la sortie de son livre sur la maltraitance de son père et le film adapté, le divorce des parents,...

Dans ce livre, on comprend la psychologie de ces enfants maltraités : malgré la haine pour son père, on sent l'amour pour lui qu'il a recherché tout au long de sa vie. il est toujours présent, peut-être pour entendre une explication, un repenti, ... mais qui n'arrive généralement jamais.

Ce livre va au-delà de cette seule relation puisqu'il y évoque sa mère, qui n'était pas parfaite non plus, ses grands-parents, sa famille plus large, ... On comprend qu'il a eu besoin de connaitre chaque histoire des membres de sa famille pour expliquer leurs comportements et réactions.

Je salue son humanisme et altruisme pour désirer comprendre ses parents, leur genèse et en trouver une explication, un pardon, d'autant plus lorsqu'on a connu toutes ses humiliations, maltraitances et subi celles de ses frères et soeurs et mère.

Merci à Babélio et aux éditions le nouveau pont!


Commenter  J’apprécie          80
La mort de Santini
Pat CONROY

Pour ceux qui ne connaissent pas Pat Conroy et son effroyable père, il y a « le grand Santini », un roman inspiré ( très fortement) de son enfance auprès d'une brute épaisse, tyrannique et odieux.

Dans ce roman « La mort de Santini » il est toujours question de sa famille mais cette fois plus de fiction : il s'agit d'une autobiographie.
Santini étant le surnom du père de l'auteur (qui s'appelle Donald surnommé Don) pilote de chasse dans l'armée américaine : les marine's corp.
Pat et ses 6 frères et soeurs ont vécu une enfance auprès d'un monstre ultra violent qui s'en prenait aussi à leur mère.
Leurs touts premiers souvenirs sont des scènes de cris, de coups et de sang.
Difficile de s'épanouir dans une telle ambiance.
Facile de comprendre les personnalités dépressives et suicidaires des enfants.
Un récit qui ne cache rien des tensions de la dynamique familiale.
Entre enfants, entre parents et entre enfants et parents.
Un récit qui va chercher du côté des origines irlandaises du père, de l'abandon dans son enfance de sa mère.
Et l'incompréhension pour moi devant cet adulte qui malgré tout pardonne à son tortionnaire.
Je reste interdite devant les souvenirs si différents des uns et des autres et choquée par Don qui niera jusqu'au bout avoir violenté femme et enfants.
Mais pour moi le plus difficile à accepter c'est cette relation père-fils alors que ce père l'a tellement massacré physiquement et psychologiquement !

Pas mon roman préféré de Pat Conroy.
Finalement je lui préfère la fiction autobiographique parce que je peux me dire que tout n'est peut-être pas vrai...
Mais ça reste un écrivain à lire !
Commenter  J’apprécie          60
Pat Conroy fait partie des auteurs qui savent me transporter dans un autre monde et dans un autre genre de vie. J'ai lu tous ses romans et sa mort m'a touchée. le monde dans lequel il me transporte, c'est la Louisiane ou l'Alabama. Il sait me faire aimer les états du Sud, pourtant souvent peu sympathiques. Il faut dire qu'il vient d'une famille pour le moins non-conventionnelle : sa mère qui se veut être une « parfaite dame du Sud », n'est absolument pas raciste, car si elle est en vie, c'est grâce à une pauvre famille de fermiers noirs qui l'a nourrie alors qu'elle et ses frères et soeurs mouraient de faim pendant la grande dépression. le racisme, l'auteur le rencontrera autant à Chicago dans la famille irlandaise qu'à Atlanta mais sous des formes différentes. L'autre genre de vie, c'est sa souffrance et sans doute la source de son talent d'écrivain : une famille « dysfonctionnelle », un père violent et des enfants témoins d'une guerre perfide entre parents dont ils sont toujours les premières victimes.
Ce livre est donc paru (en France ?) après la mort de son auteur et explique à ses lecteurs pourquoi malgré cette enfance absolument abominable il s'est réconcilié avec ses deux parents. Il montre son père « le grand Santini » sous un jour différent grâce au recul que l'âge leur a donné à tous les deux. Cet homme aimait donc ses enfants autant qu'il les frappait. Il était incapable du moindre mot de gentillesse car il avait peur de les ramollir. Plus que quiconque le « grand Santini » savait que la vie est une lutte terrible, lui qui du haut de son avion a tué des milliers de combattants qui menaçaient les troupes de son pays. Un grand héros pour l'Amérique qui a eu comme descendance des enfants qui sont tous pacifistes.

Pat Conroy a fait lui même une université militaire, et il en ressort écoeuré par les comportements de certains supérieurs mais aussi avec une certaine fierté de ce qu'il est un … « Américain » . Il décrit bien ces deux aspects de sa personnalité, lui qui pendant deux ans est allé enseigner dans une école où il n'y avait que des enfants noirs très pauvres. Il dit plusieurs fois que l'Amérique déteste ses pauvres et encore plus quand ils sont noirs. Mais il aime son pays et ne renie pas ses origines.

On retrouve dans cette biographie l'écriture directe et souvent pleine d'humour et dérision de cet écrivain. Il en fallait pour vivre chez les Conroy et s'en sortir. On reconnaît aussi toutes les souffrances qu'il a si bien mises en scène dans ses romans. On peut aussi faire la part ue romanesque et de la vérité, enfin de la vérité telle qu'il a bien voulu nous la raconter. Ce livre je pense sera indispensable pour toutes celles et tous ceux qui ont lu et apprécie Pat Conroy


Lien : http://luocine.fr/?p=8616
Commenter  J’apprécie          50
Merci à Babelio et aux éditions le nouveau pont pour m'avoir fait parvenir ce livre.
Je connaissais Pat Conroy à travers ses romans Beach Music et Charleston Sud, j'avais vu le prince des Marées... Je ne connaissais pas l'auteur, ce livre m'a permis de découvrir l'homme derrière ces histoires.
Ce livre est entre l'autobiographie et le journal de création d'un romancier. Il nous livre l'histoire de sa famille et le lien avec son écriture. Contrairement à ce que je croyais, ce n'est pas un écrivain pur jus du Sud des États Unis mais le fils d'un irlandais de Chicago et d'une fille du Piedmont qui joua toute sa vie à être une fille du Sud. La famille Conroy est haute en couleurs que ce soit du côté de son père ou de sa mère. Si en plus on y ajoute l'alchimie de ses parents, il semble que les sept enfants du couple n'avaient aucune chance d'en sortir indemne. Pour compliquer les relations familiales, il faut ajouter que ce père était un pilote de chasse Marines centré sur lui et violent avec sa famille au complet, femme et enfants compris. Pat Conroy étant l'aîné, il a souvent pris le parti de défendre sa mère puis ses frères et soeurs.
La haine qu'il développa pour son père se ressent dès les premières pages. le récit accumule les liens entre ses romans et son histoire. Il fait part de ses hésitations artistiques et des conséquences de ses romans sur la vie de sa grande famille. Les relations ne sont pas plus faciles avec ses frères et soeurs. Carol Ann et Tom ont hérité des faiblesses familiales et se révèlent tout aussi perturbant que leur père.
Ce qui est étrange, c'est l'amour de ce fils pour un père dur et maltraitant qui se développe au fur et à mesure des chapitres. Comment un enfant peut toujours aimer ses parents ? Pat Conroy en donne une illustration à travers son chemin de vie. Il ne donne pas les clés pour pardonner ou accepter l'inacceptable mais son histoire.
L'éloge à son père est émouvant et juste, il clôture le récit en beauté.
Un excellent moment lecture pour les amoureux de Pat Conroy ou pour ceux qui s'interrogent sur les relations familiales.
Lien : http://pendantmapause.canalb..
Commenter  J’apprécie          40
J'ai connu Pat Conroy avec l'excellent "Prince des marées". Je n'ai d'ailleurs rien lu d'autre de cet auteur.
Babélio m'a proposé de me faire découvrir "la mort de Santini", et j'ai sauté sur l'occasion.
Belle couverture, joli dessin, cela se présente sous les meilleurs auspices.
Il s'agit là d'une autobiographie de l'auteur, décédé l'an dernier.
Celui-ci est né dans le sud des Etats-Unis, là où la ségrégation raciale n' a pas encore pris fin, dans une famille où il sera l'aîné des sept enfants de Don et Peg Conroy.
Don, le père est un aviateur de guerre qui de mutation en mutation, traîne sa famille de ville en ville. En dehors de son travail de militaire, où il est unanimement reconnu, il rentre chez lui pour harceler et battre sa femme et ses enfants. C'est un homme bourru, irascible qui maltraite les siens sans relâche.
En fait, on s'aperçoit en lisant cette autobiographie, qui ressemble davantage à un vrai roman, que Pat Conroy s'est très largement inspiré de sa propre vie pour écrire ses romans. Même si je ne connais (pour l'instant) que "le prince des marées", il n'est pas difficile de deviner que "le grand Santini" est pratiquement une copie conforme de sa propre vie et par conséquent de ce livre-ci.
J'ai toutefois apprécié la lecture, même si il me tardait de voir la fin arriver, un peu longue à mon goût.
Bizarre aussi, ce retournement de situation entre un père détesté, tyrannique, et par la suite, l'amour porté par l'auteur dans les dernieres années de la vie de son père. Mais là, ce n'est pas de la fiction.
Bonne lecture, et je lirai certainement "le grand Santini", mais il va falloir laisser passer un certain temps, car j'aurai trop peur de relire une copie de "la mort de Santini".
Commenter  J’apprécie          40
On sort de ce récit autobiographique un peu sonné par le déferlement des mots et des émotions. Pat Conroy écrit avec les poings, c'est une littérature furieuse et passionnée. Pour la dernière fois, l'auteur se confronte à la Statue du Commandeur, celle du Colonel Donad Conroy, son père, pilote de chasse multi-décoré, surnommé « le Grand Santini » en référence à un trapéziste charismatique. Pat Conroy, l'aîné de la fratrie, le romancier à succès, veut régler une fois pour toutes ses comptes avec son père, qui a maltraité physiquement et psychologiquement sa femme et ses sept enfants pendant toute leur enfance. Pastichant l'incipit d' @Anna Karénine, l'auteur écrit : « Je ne crois pas aux familles heureuses ». Il décrit avec une sensibilité et un amour débordants tous les membres de cette famille de grands blessés, qui, rescapés d'une enfance chaotique ont pour la plupart souffert de maladies mentales et de dépressions. Un chapitre bouleversant est consacré au plus jeune frère, Tom, « le plus bel enfant » de la famille, qui, en proie au délire, se donne la mort à trente-quatre ans en sautant du haut d'un immeuble. Cet épisode déchirant est aussi un tournant pour la fratrie qui, en voyant le père dévasté par le chagrin, comprend que ce père abusif est aussi un père aimant. Ce livre est plein d'humour aussi. Humour des frères et soeurs entre eux, même dans les moments les plus tristes. Quant au Colonel, c'est un personnage truculent, adoré de ses petits-enfants, très fier d'être devenu célèbre grâce aux romans de son fils, et qui dédicace en sa compagnie, et avec une immense joie, ses livres qu'il qualifie de « merdiques et mensongers ». Ce livre est aussi un éloge de la littérature, et, comme l'écrit Conroy, un hymne à « la majesté des mots qui, dans un certain assemblage, peuvent rendre magique ce monde impitoyable ». C'est enfin un livre de pardon, et c'est un Pat Conroy enfin apaisé qui écrit l'éloge funèbre pour son père à la fin du récit. Ce livre est magnifique et bouleversant.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (96) Voir plus



Quiz Voir plus

Le prince des marées de Pat Conroy

Qui est l'aîné des enfants Wingo?

Tom
Luke
Savannah
Ce sont des triplés

10 questions
64 lecteurs ont répondu
Thème : Le Prince des Marées de Pat ConroyCréer un quiz sur ce livre

{* *}