AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 413 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Chatham, petite ville côtière de Nouvelle-Angleterre balayée par le vent. Henry Griswald se souviendra à jamais du drame qui se joua en 1927...
A Chatham School, dirigée de main de maître par le père d'Henry, Arthur, la rentrée scolaire sera à jamais marquée par l'arrivée de Melle Channing, nouvelle et charmante professeur d'arts plastiques. Arrivée tout droit de l'Afrique, des souvenirs pleins la tête et des ouvrages de son papa défunt, grand écrivain et voyageur, dans ses bagages, elle fut très bien accueillie par les élèves, notamment Henry, adolescent solitaire qui rêve d'un ailleurs. La jeune femme l'impressionne et il voit en elle comme une bulle d'oxygène. le jeune homme se rend souvent chez Melle Channing, au Milford Cottage, au lieu-dit Noir-Etang où s'est installée la jeune femme. Pour se rendre à la Chatham School, Leland Reed, professeur également, rescapé de la guerre, se propose de l'emmener et de la raccompagner, Mr Reed et sa famille habitant de l'autre côté de l'étang. Très vite, une étrange relation s'établit entre les deux enseignants. Henry sera témoin de ce rapprochement...

Des décennies plus tard, Henry se livre, à coeur ouvert, et raconte comment et pourquoi un tel drame a pu se jouer au Noir-Etang. Car, l'on sait, dès les premières pages, qu'il y a eu une tragédie, des morts, que la ville entière méprise au plus haut point cette jeune professeur venue perturber, bien malgré elle, la vie paisible et tranquille de Chatham. Un procès a eu lieu, des témoins sont venus à la barre, dont Henry et son papa, une femme a été montrée du doigt. L'intérêt principal vient du fait que le lecteur se place du côté d'Henry, l'on suit les événements selon ses ressentis, sa volonté farouche de quitter Chatham et sa famille dans laquelle il se sent prisonnier, l'espoir qu'il a placé en la personne de Melle Channing. L'auteur délivre par bribes les informations, nous entrainant dans une atmosphère saisissante et nous laissant imaginer le contenu de ce drame. Thomas H. Cook reprend ici les thèmes qui lui sont chers, à savoir la famille, les relations père-fils, les non-dits ou bien encore l'adolescence, période au cours de laquelle tous les rêves semblent encore possibles. Ce roman d'ambiance, à la fois dramatique et passionnel, où les descriptions sont d'un charme désuet et où l'on se prend d'affection pour ces héros au destin tragique est passionnant de bout en bout, avec un final époustouflant. L'écriture est subtile et profonde. Un roman noir parfaitement maîtrisé, tant sur le fond que sur la forme...

Rendez-vous Au lieu-dit Noir-Etang...
Commenter  J’apprécie          1212
Une couverture aux allures de conte de Noël.
Les apparences sont souvent trompeuses...

Sentiment prédominant au sortir d'un tel récit, la maîtrise d'un auteur au sommet de son art.
Cook ou l'éloge de la patience.
Non content de vous plaquer une atmosphère poisseuse, de celles qui vous collent aux semelles autant que le fameux sparadrap aux doigts du capitaine Haddock, Cook parvient à maintenir le suspense jusqu'au bout du bout pour se lâcher dans un final mémorable.
Le tout sans jamais faire retomber le soufflé. Talent de conteur indéniable.

Si le sujet abordé ne brille pas de par son originalité, son évolution parfaitement domestiquée mériterait, elle, de se voir décerner le prix Edgar Allan Poe 1997 ! L'on m'apprend à l'instant que c'est désormais chose faite et amplement méritée !

Hallucinant de maîtrise, Cook plonge son lecteur dans un épais brouillard et le perd avec délectation. A petites doses homéopathiques, l'écrivain lève le voile de ce roman noir de chez noir au romantisme doux-amer pour lâcher les chevaux dans un ultime baroud d'honneur particulièrement éprouvant.
Une intensité rarement atteinte qui place ce petit joyau de noirceur tout en haut de l'oeuvre du maître.
Je savais qu'il excellait dans le domaine, mais de là à tutoyer la perfection...
Commenter  J’apprécie          978

"Alice Craddock
En loques dans le paddock
Où il est parti ton papa ?"

La rédaction de cette critique est particulièrement difficile et douloureuse.
Le mien, de papa, est parti il y a un an aujourd'hui. Un anniversaire que je n'ai aucune envie de célébrer, mais une date où je voulais lui rendre hommage. D'autant plus que c'est à lui que je dois mon goût pour les livres et la lecture.
La veille des funestes et imprévisibles évènements, il lisait tranquillement ce roman, Au lieu-dit Noir-Etang, confortablement installé dans son fauteuil. Il avait découvert Thomas H. Cook ( avec lequel il partageait l'année de naissance, 1947 ) quelques semaines auparavant et appréciait beaucoup cet auteur.
Je n'ai pas touché à son marque-page, qui est resté depuis figé à la page 244 des 355 que compte cette édition seuil policiers. Mais j'ai pris le temps cette semaine de lire intégralement ce prix Edgar Allan Poe Award 1997, tant pour sa valeur symbolique que parce que mon père avait exprimé le souhait nous le faire lire à ma mère et moi une fois sa lecture achevée.

Pour ma part je ne connaissais pas du tout cet écrivain. Il m'aura donc fallu une cinquantaine de pages pour me familiariser avec son style et avec cette narration très lente à laquelle je n'étais plus habitué. Je trouve aussi que le qualificatif de "policier" est trompeur. Il n'est ici que peu question de trouver le coupable et le mobile parmi une galerie de personnages. Une enquête a bien lieu mais n'est pas au coeur de l'intrigue. Et sans juger du genre policier que j'affectionne particulièrement, il s'agit ici de Littérature américaine avec un l'majuscule, d'un livre magnifiquement écrit, à la fois noir, subtil, intelligent et dont on ne ressort pas indemne.

A défaut d'intrigue policière proprement dite, le lecteur a bien un mystère à résoudre. Que s'est-il passé au Noir Etang exactement ce fameux jour qui deviendra le point culminant du roman ?

Dès le début du livre, le lecteur fait la connaissance du principal personnage, Mlle Channing. En août 1927, cette femme terriblement belle paraît hors du temps, comme née à une mauvaise époque. Thomas H. Cook lui donne d'ailleurs à plusieurs reprises un aspect fantomatique :
"cheveux emmêlés retombant en masse sur ses épaules dénudées, regard intense et interrogateur, lèvres charnues légèrement entrouvertes, tête inclinée mais regard droit devant, figure à la fois réelle et irréelle, éthérée mais engageante, représentée dans une attitude indéniablement séductrice."
"Je distingue une silhouette qui venait lentement dans notre direction, déchirant la grisaille à mesure de son approche, de sorte qu'elle semblait se lever tout doucement vers nous, tel un cadavre remontant à la surface d'une eau trouble."
Grande voyageuse ( Espagne, France, Italie, Afrique ), élevée par un père souhaitant qu'elle soit libre de ses choix, elle nous est présentée comme une femme avant-gardiste, en avance sur son époque. Artiste elle-même ( dessin, peinture, sculpture )( "l"art c'est comme l'amour, c'est tout ou rien" ), cultivée ( particulièrement en mythologie - elle sera d'ailleurs comparée aux héroïnes de tragédies grecques ), elle a été embauchée par le directeur de Chatham school pour enseigner aux garçons de l'école les arts plastiques.
Elle logera sur la côte, dans un cottage au Noir-Etang, un lieu qui lui rappellera les îles Los Màrtires ( pas besoin de dictionnaire je pense ) d'autant plus sinistre qu'il a déjà fait l'objet d'une première tragédie et qu'une seconde va y avoir lieu, dans un décor lugubre où le vent et l'océan mettent au supplice la haute falaise.
"La haute falaise s'effritait lentement et insidieusement comme notre corps s'effrite face au temps, nos rêves face à la réalité ou à la vie à laquelle on aspire face à celle qu'on mène."
Dès les tous premiers chapitres on sait que l'issue de son année d'enseignement sera dramatique ( "plus tard elle comparaîtrait en justice aux cris de la foule au-dehors : meurtrière ! meurtrière !" ) et qu'elle se retrouvera au tribunal pour répondre à des accusations de meurtre et d'adultère. Mais quels meurtres ? Dans quelles circonstances ? C'est ce qui nous est raconté au fur et à mesure dans une ambiance de plus en plus oppressante.

Concernant l'adultère en revanche, sans savoir s'il est réél, on devine très vite qu'il concerne monsieur Leland Reed. Ancien soldat ayant combattu en France - dont il n'est pas revenu indemne - il est marié à Abigail et père d'une petite Mary. Il est également professeur de littérature et voisin de Mlle Channing, de l'autre côté du Noir-Etang, sur lequel il se promène parfois en barque, à la lumière du phare.

C'est Henry Griswald, fils du directeur de Chatham school, qui nous relate cette histoire bien des années après le drame. La chronologie du récit est donc destructurée. Si la trame temporelle suit la majeure partie du temps sa scolarité en 1927-1928 et l'année de ses quinze ans, certains évènements ayant lieu après le drame interfèrent avec le récit. En particulier le procès de Mlle Channing dans lequel Henry sera témoin à charge et également d'autres faits bien ultérieurs comme la vente du cottage. Episodes passés ou futurs, tout ce qu'Henry nous raconte converge vers le drame qui lui ne nous sera relaté que dans les derniers chapitres. Evoquer un faisceau d'indices serait une formulation erronée, mais le lecteur peut cependant progressivement deviner une partie de ce qui va se jouer et quels personnages vont disparaître.
Si l'histoire nous est contée au travers des yeux d'Henry, c'est parce qu'il est connecté à l'ensemble des autres protagonistes. Il voit ses deux professeurs en dehors de l'école. Il construit un bateau avec M Reed, quant à Mlle Channing elle l'encourage à dessiner et apprend à lire à la domestique de la famille Griswald, Sarah, qu'il accompagne tous les dimanches.
Henry sera donc le témoin privilégié de la passion qui semble se nouer entre la sublime et indépendante Mlle Channing et son voisin marié, M Reed. Il surprend des regards, des gestes, les voit très souvent ensemble. Il voit cet amour comme un symbole de la liberté à laquelle il aspire plus que tout lui aussi ("je voulais être libre, n'avoir de comptes à rendre à personne, tendre vers quelque chose."). Loin de les condamner, il en oublie presque les victimes collatérales. Il s'oppose à son père dont il a une image conformiste, guindée et étriquée, au mode de vie trop provincial.

Parce qu'à Chatham, à cette époque qui plus est, une telle passion est inacceptable, interdite et assimilée à un délit. Cet amour brûlant et dévorant est comparé à l'éruption d'un volcan, mais sans qu'aucune plante ne puisse plus fleurir sur ses cendres.
"Un amour ne peut naître que d'un amour qui meure."
Sans jugement, Thomas H. Cook pose la question des limites de la liberté, au travers de ses différents protagonistes aux portraits soignés, à la psychologie finement analysée, représentant chacun à leur façon leur époque. Tant avec des yeux d'adultes qui la condamnent qu'avec ceux d'un adolescent qui en est épris. Avec également quelques personnages plus mesurés qui cherchent quelle place ils sont en droit de lui accorder ("essayant, du mieux que nous le pouvons, de trouver notre place entre la passion et l'ennui, l'extase et le désespoir, la vie à laquelle nous ne pouvons que rêver et celle qui nous est insupportable.").

Et puis, comme pour remuer le couteau dans la plaie, il est également beaucoup question de la paternité dans le roman, en particulier avec la relation parfois tendue entre Henry et son père, aux idéaux qui semblent s'opposer.
"M Reed était un vrai père pour moi, racontais-je à Me Parsons, avant de jeter un coup d'oeil en direction de mon propre père qui me fixait avec une triste question dans le regard : Et moi, qu'étais-je donc pour toi, mon fils ?"
"Je perçus l'amour qu'elle avait éprouvé pour lui et m'interrogeai sur ce que c'était que d'admirer son père."

A l'inverse, les liens entre Mlle Channing et son père étaient forts, incluant ces idéaux de liberté préalablement évoquée, l'éducation et les livres.
"Mon école, c'était mon père, répondit Mlle Channing. Il m'a tout appris."
Mon école a aussi été mon père, en CE2 et CM1 du moins. Il a été mon instituteur ces deux années là. Et en toute impartialité, il était très bon enseignant. Je savais déjà lire et écrire mais il a permis de m'améliorer en orthographe et grammaire. Sans oublier tout le reste : Mes premiers rudiments d'histoire de France, mes premières multiplications et divisions, quelques valeurs inculquées au détour de petites histoires matinales ou de fables de Jean de la Fontaine.
"Mon père aimait beaucoup lire Byron. Et Shelley. Et Keats."
Le mien lisait énormément, aussi bien les auteurs romantiques français du XIXème ( Chateaubriand surtout ) que Pierre Benoît, Dino Buzzati, Alexandre Dumas. Il appréciait également beaucoup les romans policiers plus anciens, avec une prédilection pour des écrivains comme Agatha Christie ou Patrick Quentin.
Tout petit j'avais droit avant de me coucher à mes 365 histoires d'animaux qu'il me contait soir après soir, premier pas probable du goût de la lecture qu'il m'a transmis. Encore tout jeune il m'a fait découvrir la comtesse de Ségur en plus des classiques de la bande dessinée comme Mickey ou Tintin. Au collège il m'a prêté ou offert Les trois mousquetaires ( et ses suites ), mes premiers Bob Morane puis ses intégrales d'Agatha Christie, de Charles Exbrayat ou se Sir Arthur Conan Doyle. le virus de la lecture a donc été héréditaire et ne m'a plus jamais quitté, même si par la suite chacun avait ses propres goûts et affinités littéraires, se rejoignant parfois puisque nous avons continué régulièrement à nous faire découvrir de nouveaux auteurs réciproquement.
"Quelque chose finalement lui redonna de l'impulsion. Peut-être la nécessité, le fait que la mort récente de son père ne lui laissait pas le choix."
Thomas H. Cook ne sera pas le dernier auteur que je découvrirai grâce à mon père. Etant donné l'immensité de sa bibliothèque, un large éventail de découvertes m'est encore offert.
Il était très habile en général pour résoudre les énigmes policières. Quand mon marque-page a rejoint le sien au chapitre 22, je n'ai pu m'empêcher de marquer une pause. A la fois mal à l'aise et essayant de deviner ce qu'il avait pu anticiper. J'aurais tellement aimé pouvoir partager mes impressions avec lui.

J'ai conscience de la longueur de mon texte mais j'avais beaucoup à exprimer, tant sur la lecture elle-même que sur les circonstances particulières entourant celle-ci. J'espère simplement ne pas avoir été maladroit dans mon témoignage, important à mes yeux.
J'achèverai mon discours avec une dernière citation de circonstance, bel exemple de la magnifique plume de l'auteur américain :
"Ce n'était rien qu'un minuscule point lumineux, cette vie que nous abritions, tout juste un fin rai de conscience, d'une fragilité inouïe, fugace et hasardeuse, qu'il s'agisse des vies les plus grandes comme des plus humbles, délicatement retenue par le plus léger des souffles."
Commenter  J’apprécie          8316
Au fur et à mesure que je m'approchais de la fin de ce roman, ma tristesse fût grandissante, et cela n'a pas de rapport avec l'histoire de ce roman, mais parce que je ne voulais tout simplement pas arriver à la fin de cette petite merveille de suspense, de machiavélisme, de faux-fuyants.
Pour moi, c'est une claque, car absorbé dès les toutes premières pages par cette histoire de Chattam School qui se passe en 1927 après l'arrivée de la si belle et si mystérieuse Elizabeth Channing qui va enseigner les arts plastiques dans l'établissement scolaire pour garçons tenu de main de maître par Arthur Grisswald, le père d'Henry.
Non, il n'y a pas de secret, et dès le début, on sait que cela va se finir très mal, mais l'auteur, que je lis pour la deuxième fois, après « les ombres du passé », qui ne m'avait absolument pas marqué, nous livre par petites bribes et petites touches des morceaux qu'il va falloir recoller à un moment ou un autre.
L'histoire se passe en 1927, mais aussi plus tard ou l'on fera des flash-back sur certaines scènes importantes qui construiront le roman dans un suspense à couper le souffle.
C'est une totale réussite, et rarement j'ai été aussi pris dans un roman que j'ai eu du mal à relâcher, tant j'ai été séduit par cette trame que l'auteur nous impose avec une maestria à toute épreuve.
Vous l'aurez compris, cinq étoiles sans aucune retenue sur ce petit bijou de littérature moderne.
Commenter  J’apprécie          632
Ce roman est un vrai coup de coeur et à peine refermé, il me tarde déjà de lire un autre roman de Thomas H. Cook que je découvrais ici pour la première fois.

Au fil des pages, j'ai voyagé sur la côte est américaine dans les années 1920. On y fait la connaissance d'Henry, le narrateur qui se remémore un tragique été de sa jeunesse. « Les rares fois que j'ai pensé à elle, c'était toujours comme à un souvenir effacé, une fleur écrasée entre les pages d'un très vieux livre en lambeaux. » Son père était directeur d'une école de garçon ou il était lui-même élève, dans une petite ville tranquille. Puis arriva, Mlle Channing, une jeune femme qui va bousculer la vie de la petite ville en acceptant de devenir professeur d'Art. « L'art, c'est comme l'amour. C'est tout ou rien. »

J'ai adoré le suspense qui règne au fil des pages, cette tension qui monte crescendo et qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière ligne. Car oui, il faut attendre les dernières lignes pour avoir toutes les révélations et que toutes les pièces du puzzle boitement enfin.

L'intrigue est passionnante, le roman et l'enquête passionnante. On passe de flash-back, en flash-back, de pièce du procès, d'interrogatoire a la narration d'Henry. Les personnages sont très attachants et surtout complexes et mystérieux. Malgré cette fin, j'ai encore plein de questions qui restent volontairement sans réponse car comme les jurés du procès, c'est à nous de nous faire notre propre idée de l'affaire.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
Commenter  J’apprécie          591
Que dire après tant de critiques ?

Mais que s'est- il donc véritablement passé le 29 mai 1927 au lieu maudit appelé « Noir- Étang? » en quelque sorte le point«  phare »du roman...?

Tout près de Milford Cottage , petite habitation au milieu d'une forêt où vit Elizabeth Rockbridge Channing, jeune , belle et séduisante professeure d'arts plastiques à la Chatam School , école dirigée de main de maître par le père d'Henry le narrateur.

Celui- ci, vieux célibataire se remémore la passion de ses deux professeurs : Melle Channing et Mr Reed, professeur de lettres marié et père de famille .

Il dévide ses souvenirs , revisite son adolescence ...

Au cours de toutes les années qui se sont écoulées depuis le drame , il a connu son lot de peurs , d'incertitudes et de peines mais il ne croit pas les avoir revues si entremêlées depuis cette fameuse nuit , terreur, douleur , détresse, angoisse et confusion .
Depuis cette nuit , comme un noeud coulant , L'amour ne lui paraissait plus du tout être l'apothéose du romantisme , raison pour laquelle, toute sa vie durant, par la suite il ne le recherchera jamais .....

Au fil des chapitres le lecteur apprend que mademoiselle Channing , comparaîtra en justice ..
Je n'en dirai pas plus. ....
L'auteure déploie un fabuleux talent de conteur, à un rythme lent au début, dépeint cette journée mortelle semblable à «  Une débauche shakespearienne faite de violence et de mort... » à l'aide de touches subtiles , toute en finesse ,une suite de destins simples qui débouchent sur le tragique .

Il maintient le suspense jusqu'au final, entre exaltation et ennui, extase et désespoir, maîtrise son sujet à la perfection, maniant avec habileté les allers et retours entre passé et présent...

Il explore les relations père/ fils, les soupçons et les doutes, la culpabilité, les regrets, l'interprétation du mal, l'incompréhension, les tensions, les non -dits, l'hypocrisie d'une société fortement hiérarchisée , froide, immuable, les relents du passé .
Cette histoire noire et intense , passionnée et romantique , au ton un peu suranné , étrange, embrouille le lecteur à dessein :

Tension garantie jusqu'à la dernière page.
Final époustouflant !
«  Un artiste ne doit obéir qu'à ses passions.
Tout le reste n'est que noeud coulant autour de son cou. »
Le premier livre de cet auteur, sûrement pas le dernier , doté d'une couverture semblable à un conte de fées.
Commenter  J’apprécie          517
Noir comme l'étang, ce livre est noir et puissant, merveilleusement bien écrit et un suspens qui vous tient jusqu'à la fin.
L'arriver de cette nouvelle institutrice va bouleverser certains habitants de le ville de Chatam, une romance sous fond de roman policier très bien mené va nous faire suivre l'idylle caché entre Élisabeth et Leland Reed père de famille marié, des relations,interdites, une romance tragique , un joyau de littérature tout en maitrise qui se dérouleras au lieu dit noir étang, allez y et vous verrez...
Commenter  J’apprécie          472
Drame en cinq actes, film noir avec voix off (celle du narrateur), thriller, tension psychologique digne d'un Stefan Zweig et sens de la fatalité propre aux tragiques grecs, tout contribue à faire de ce livre qu'on ne lâche pas avant le fin un petit bijou à la fois littéraire et policier. Cook imbrique le passé au présent avec une maîtrise rare qui décrit mieux que les mots la naissance de l'amour entre les deux protagonistes (du mot grec agon qui signifie combat) du drame. En même temps, il met peu à peu en place les éléments qui vont provoquer ce drame, suscitant une attention de chaque instant, une attente infiniment lente qui crée une tension hypnotisante, jusqu'à la rapidité du dénouement, décrite avec une rare efficacité. le contraste entre les deux laisse comme stupéfié. On s'y attendait, et pourtant quand cela arrive on est comme pris de court.
J'avais découvert Cook en lisant" les feuilles mortes" que j'avais déjà beaucoup aimé. Mais là, j'ai été éblouie par ses analyses psychologiques, son questionnement sur le destin et sur ces convenances qui nous permettent de vivre ensemble, et en fin de compte sur notre responsabilité dans ce qui nous arrive. Ainsi que le dit le père du narrateur "le mal contre lui-même se retourne".
Cook excelle dans l'utilisation des éléments symboliques, les métaphores et les petites phrases cinglantes qui construisent peu à peu l'intrigue, faisant de la fatalité l'essence même de notre condition dans la mesure où tout ce que nous portons en nous-mêmes semble déjà inscrit , les évènements ne faisant que le confirmer. Bien plus qu'un simple roman policier, ce livre qui m'a interpellée tout au long de ma lecture est une belle interrogation sur notre façon de vivre, et de vivre en société, ainsi que sur le rôle du mal dans notre destinée, non pas comme entité abstraite, mais comme partie intégrante de nous-mêmes.
Commenter  J’apprécie          420
À vos palmes, prêts, plongez ! Et n'oubliez pas de respirer surtout. Pour ma part, je viens tout juste de remonter à la surface du Noir-Étang, j'ai encore des algues dans les cheveux - excusez-moi pour ce désordre - mais c'est que j'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture et je suis ravie de ma découverte de cet auteur.
Dès les premières pages j'ai été séduite par cette ambiance tout en gris orage et vert glauque, ces paysages tourmentés aux noms évocateurs…. En effet: Noir-Étang, le titre à lui seul en dit déjà long, vous ne trouvez pas ? Il annonce la couleur si j'ose dire. C'est gothique et romantique à souhait, exactement comme pour Les Hauts de Hurlevent : dans des endroits avec des noms pareils comment voulez-vous que les choses se passent bien ? Eh bien vous avez raison, ce n'est pas possible, les choses ne se passent pas bien, on peut même parler de tragédie. D'ailleurs Thomas H. Cook ne cache pas son désir de rendre hommage aux classiques anglais du XIXe siècle et je trouve que c'est une très bonne idée : ça donne à ce roman une autre dimension que celle de roman policier et aussi ça vient me chatouiller là où j'aime bien.
Au fil des pages, j'ai pensé également au livre de Robert Goolrick, Arrive un vagabond, il y a des similarités dans l'intrigue : une bourgade paisible et sans histoire avec ses habitants “biens sous tous rapports” dont les vies se déroulent selon un schéma tout tracé, sans vague et sans fantaisie ; l'arrivée d'une personne totalement “hors du moule”, quelqu'un venu d'ailleurs et qui dégage un sulfureux parfum d'aventure (vade retro satana !) et enfin, dernière similitude, l'enfant du cru qui tombe sous le charme du nouvel arrivant qui lui ouvre les yeux sur un univers plus vaste et qui sera témoin d'une histoire qui le dépasse mais dont les répercussions le poursuivront tout le reste de sa vie. Ici il ne s'agit pas d'un vagabond mais de la belle Mlle Channing, nouvelle professeur d'Arts-Plastiques qui arrive un beau jour à Chatham School fraîchement débarquée d'Afrique et ayant plus ou moins fait le tour du monde avec son père. Bref, rien à voir avec les gens de Chatham qui ne sont pour la plupart jamais allé plus loin que l'autre bout du village et dont les mentalités sont tellement étroites qu'on n'y glisserait pas un ticket de train. Elle est arrive comme une tâche de couleur dans un monde gris et au départ, cette bouffée de fraîcheur en séduit plus d'un, même si certaines personnes la regardent déjà d'un air méfiant, effrayés par cette différence et cette liberté. Elle séduit particulièrement le jeune Henry qui depuis toujours rêve d'autre chose, et refuse de suivre le modèle proposé par ses parents, et puis, elle séduit surtout M. Reed, un homme fracassé par la guerre et qui lui aussi rêve de liberté et voit en elle un moyen de s'en approcher. Sauf que M. Reed est marié, sauf qu'en ce temps et en ce lieu on ne se libère pas de sa vie, on reste envers et contre tout figé par les convenances et on se doit d'étouffer ses rêves.
Je ne vais pas dévoiler l'intrigue mais sachez qu'elle est menée de main de maître et que le suspense se maintient jusqu'à la dernière page. Tout se passe finalement comme le laissait présager le titre, tout s'enfonce dans les eaux stagnantes du Noir-Étang et seules quelques bulles d'air restent pour témoigner qu'il y a eu un jour quelque chose ici…Quand tout est joué, on voit bien que les couleurs ont perdu la bataille face à cette armada de gris et ces gardiens de l'ordre moral qui ne tolèrent pas qu'on puisse espérer vivre d'une autre manière.
Alors voilà, je suis séduite et je vais sans plus tarder inscrire d'autres romans de M. Cook sur la liste de mes envies.
Commenter  J’apprécie          390
Thomas H Cook est un de mes auteurs de roman noir préférés, et j'en ai parlé sur ce blog déjà une fois, lors de ma chronique des lecons du mal que j'avais lu dans le cadre du Prix du Meilleur Polar Points.
"Au lieu dit Noir Etang" est sa dernière parution à ce jour en poche, et il concourait aussi pour le prix du Meilleur Polar, mais comme je ne peux être membre du jury plusieurs années de suite, je l'ai lu indépendamment de cette sélection à laquelle il mérite amplement d'y figurer. "Au lieu dit Noir Etang" n'est en fait pas du tout un roman écrit récemment puisqu'il a été publié en 1996 aux USA ( il avait reçu le Prix Edgar Allan Poe ), mais n'est sorti en France que l'an passé, ce qu'on a du mal à comprendre tant ce livre est prodigieux.
Evidemment, il ne faut pas s'attendre, comme pour tous les romans de cet auteur que j'ai pu lire, d'un roman policier classique avec meurtres et enquêtes menés par un quelconque commissaire à la clé. Ici, on est plus dans un drame psychologique gratiné de drame passionnel proche de l'univers victorien, une histoire terriblement romanesque qui effectivement se terminera en tragédie, d'où l'appellation roman noir...

L'histoire nous est racontée, à cheval sur plusieurs époques, à travers les yeux du jeune Henry Griswald, fils du directeur de Chatham School, où arrive, un beau jour, Mlle Channing, une très belle et très anticonformiste professeur d'arts plastique , et qui s'éprendra d'un professeur plus âgé et marié, et cette union, amplifiée et embellie par les yeux d'Henri, témoin muet de cette passion, virera forcément au tragique dans cette amérique si puritaine des années 20.

Qu'importe l'appellation du roman tant sa lecture m'a totalement conquis: encore une fois, Thomas H Cook épate largement par sa façon de méler lyrisme et intrigue de roman noir et de conduire son récit avec une maitrise et une fluidité parfaite, tout en nous instruisant avec ( c'est le cas dans tous ces romans) des disgressions sur l'art et l'histoire qui rendent l'intrigue encore plus intense et émouvante.

Une plume magnifique au service d'une histoire follement romanesque et bouleversante, assurément une de mes meilleures lectures récentes, à ne pas louper!!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          393




Lecteurs (756) Voir plus



Quiz Voir plus

Les liens du sang

Comment Dave surnommait son père?

Père
Le Vieux
Papi

15 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Les liens du sang de Thomas H. CookCréer un quiz sur ce livre

{* *}