Et en dépit de tout, de ma peur constante, de mes désillusions passées, de mes combats, je n'ai pas envie de mourir. Je veux voir encore un été et beaucoup d'autres automnes, ma saison préférée ici, quand les grandes tempêtes se préparent et s'ébrouent comme des géants derrière les montagnes avant de fondre sur nos terres, courbant les arbres vers la maison, jetant des masses de pluie et de feuilles mortes contre la fenêtre de la cuisine où brûle le premier feu de hêtre et de chêne tandis que Magda nourrit les chiens et les deux chats et pose sur la table la théière et le pot de miel offert par un voisin. Je veux comprendre bien mieux encore toutes ces choses simples, apprendre à aimer davantage, et au bout du compte me dresser contre des monstres tels que Jobling, qui écrivent le nom de la mort dans les marges de toutes ces pages, et les renverser.
Les jeunes font des révolutions, ou pensent les faire ; en réalité, ils sont, à chaque fois, exploités par des vieux renards qui les manipulent. Les jeunes Britanniques ont cru mener une révolution : ce qu’ils sont effectivement parvenus à faire, c’est déstabiliser l’ordre établi, donnant ainsi à Jobling l’occasion de prendre le pouvoir et de gouverner par ordonnances.
Certaines femmes supportent mal de ne pas être mariées avec l’homme qu’elles ont choisi pour compagnon. Elles ont besoin de sécurité, et le rôle de maîtresse ne leur semble pas stable.
Boire, ce n’est pas une bonne chose, car alors je deviens trop lucide, et je me vois tel que je suis : un être qui se ratatine sur lui-même, et dont le véritable cadre de vie est constamment hors de portée.
Vivre à la ferme n’est pas une détente. La situation a évolué de telle manière que nous sommes tous les deux contraints de l’exploiter pour gagner notre vie, et c’est un rude travail. Notre terre doit non seulement nous fournir une quantité de vin et d’huile suffisante pour subsister toute l’année, mais aussi pour nous assurer des revenus, car nous vendons une partie de notre production.
Le pire de tout, c’est attendre que quelqu’un d’autre vous dicte votre conduite.
Perdre son calme vous réduit à l’état de loque pendant plusieurs jours.
La vérité implique la solitude ; et la solitude tue plus sûrement que ne le font même la culpabilité ou l’anxiété.
C’est bien joli de vivre ici grassement, loin de tout. C’est facile de dénigrer sa patrie quand on en est à des milliers de kilomètres.
Les bonnes manières ont tendance à se perdre, de nos jours...