Quel est le comble de la malchance pour un tueur en série ?
Je vous le donne en mille, d'habiter dans le même immeuble qu'un ex- inspecteur de police, pardi !
Demandons alors à Robin Cook, l'écrivain anglais génialissime, de nous fournir un psychopathe comme il en a le secret et de lui appliquer ce maudit dicton.
En effet, j'ai déjà découvert avec fascination les trois premiers romans de la série consacrée au sergent affecté au Service A14 sur « les décès non éclaircis », dont le terrible «
J'étais Dora Suarez ». Dans le genre, il n'y a pas meilleur auteur de roman noir que Robin Cook pour nous proposer un nouveau personnage haut en couleurs, tirant sur le rouge malgré tout et parfaitement à la hauteur du métier très prenant de « serial killer », demandant des aptitudes très particulières.
Direction Thoroughgood Road où Ronald Jidney collectionne régulièrement les conquêtes féminines, Flora, Anna, Mandy, Judith,… en les draguant dans des bars en ville. de préférence, il les choisit riche, solitaire, spirituelle, la beauté n'étant un critère déterminant à ses yeux.
Avec chacune d'entre elles, Ronald jouit d'une idylle presque parfaite pendant quelques mois. Presque parfaite car il s'abstient de toute relation sexuelle jusqu'au grand soir, unique et cinématographique. Un soir durant lequel Ronald se lâche un peu trop. Beaucoup trop. Vraiment beaucoup trop…
Jusqu'au jour où l'ex-inspecteur Firth qui habite le même immeuble que Ronald est intrigué par le petit jeu des petites amies du locataire du dernier étage qui disparaissent du jour au lendemain. Et Firth en touche deux mots à son ex-collègue, le fameux sergent du Service A14, un policier qui a tendance à ne pas lâcher sa proie, une fois qu'il l'a dans le collimateur…Bon courage Ronald !
Après une première partie du roman très prenante et plutôt réussie, Cook décide de pratiquer un tout autre registre par la suite dans un style plutôt décousu et très déconcertant pour le lecteur. Si je compare dans un genre équivalent (menant à une étude psychiatrique du ou des inculpés) «
le mort à vif » au fabuleux roman «
Crime » de
Meyer Levin où l'auteur réussit la prouesse de proposer plusieurs parties distinctes tout en garantissant une fluidité et une cohérence dans le récit, on a l'impression que Robin Cook a juxtaposé deux écrits qui, pris à part sont fort intéressants mais ne sont pas du tout compatibles l'un avec l'autre.
Après avoir délivré des cinq étoiles éclatantes à mes précédentes lectures de Cook, dont «
Les mois d'avril sont meurtriers » reste mon préféré pour son humour noir ravageur, je dois concéder, la mort dans l'âme, que «
le mort à vif » mérite un petit quatre étoiles pour la rupture trop brutale et mal maîtrisée du récit alors que le roman était d'une très bonne facture jusqu'alors.
Loin d'être abattu par ce demi échec écrit par un de mes auteurs préférés, je pense que ce ne sera que partie remise avec le prometteur «
Quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre » ou encore «
La Rue obscène » la prochaine fois.
Cook un jour, Cook toujours !