En grande fan de Fantasy, il me semblait, au vue des critiques dithyrambiques, que je lise un jour les annales de la Compagnie Noire.
La Compagnie Noire est un groupe de mercenaires d'élite qui se vend au plus offrant. Bons ou mauvais peu importe, elle se met au service de ceux qui payent le plus. Existant depuis plus de 400 ans, on ne connaît son histoire que grâce aux annales rédigées tout au long des siècles. Les soldats de cette compagnie ne sont pas des tendres : violeurs, pyromanes, assassins, voleurs, tricheurs… Après un long prologue, ils se mettent au service de « La Dame » et de ses 10 asservis, des sorciers très puissants, vils et cruels (à côté d'eux, les soldats de la Compagnie sont de tendres agneaux). On suit leurs aventures grâce à l'annaliste « Toubib » dont le surnom résume à lui tout seul son autre rôle dans la Compagnie.
Vous l'avez compris, nous sommes dans un monde noir. D'ailleurs, ne vous attendez pas a un happy-end.
Mon sentiment à la suite de la lecture de ce premier tome est plutôt mitigée.
Le début du livre m'a un peu dérouté, l'auteur ne prend pas de gants pour nous faire entrer dans son monde. Peu d'explication - elles viendront au compte-goutte - on a l'impression de prendre un train en marche sans savoir d'où l'on vient ni où l'on va. A cela s'ajoute une écriture « brute » et concise. Toubib, le narrateur de l'histoire n'est que cynisme, ironie et réalisme. Ne vous attendez pas à des descriptions à la
Tolkien sur des pages et des pages : ici pas de fioritures, on n'apprendra pas grand chose des paysages ou des personnages (au mieux, on connaîtra leur surnom). de plus, on est dans un monde très sombre : tout n'est que noirceur, déchéance et désespoir. On ne nous épargne ni le sang, ni la boue, ni la torture, ni les exécutions.
Malgré tout au fil des pages on s'habitue à cette manière d'écrire et à ce monde noir, qui contre toute attente ne nous laisse pas le coeur au bord des lèvres. On plonge dans cet univers ultra fouillé et très loin des clichés de la Fantasy habituelle. Ici, pas de manichéisme, on ne suit pas la troupe de gentils héros qui se bat contre les méchants sorciers. On suit l'histoire d'une compagnie, composées d'hommes qui sont ce qu'ils sont, dont on suppose que la vie n'a pas été tendre avec eux, cruels et sans pitié et qui pourtant font parfois preuve d'humanité. Ils mettent l'honneur envers la famille (la Compagnie) avant tout. Aucun membre ne doit être abandonné ou oublié. Ils sont prêts à se sacrifier au service de la compagnie et de ceux envers qui ils sont engagés. Ici le mal n'est qu'une question de point de vue.
Dans ce monde tout n'est qu'une nuance de gris. Même les rebelles, censés être « les gentils » font preuve de cruauté n'hésitant pas à sacrifier des milliers et des milliers d'hommes sans pitié. A l'inverse, les asservis, ces sorciers de la pire engeance s'arrêtent parfois pour soigner un soldat inconnu ou aident ses serviteurs dans une mission. Bref, on rencontre des personnages tout en nuances de gris (certes, un gris parfois très foncé), qui comme les humains sont parfois bons, parfois mauvais, très souvent les deux, qu'on aime ou qu'on déteste, très souvent les deux.
Pour résumé, un roman totalement différent de ce que j'ai l'habitude de lire, noir et sanglant mais que, à ma grande surprise, j'ai pris plaisir à lire une fois pleinement entrée dans cet univers. Je le conseille à tous les fans de Fantasy qui veulent découvrir un roman qui va totalement à contre-sens de la Fantasy classique.
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