En chacun de nous, il y a un regret qui veille. Le mien s'appelle David. Pour d'autres, il n'y a que le nom d'une fuite sans retour.
C'est là que nous nous rejoignons tous, dans ce qu'on appelle la nostalgie.
J'ignorais qu'en amour, les mots seuls provoquent parfois les étreintes espérées.
Mon Dieu ! Mon Dieu! Pourquoi m'as tu abandonné. Et t'eloignes tu sans me secourir , sans écouter mes plaintes ?
Nous étions toujours (mais seulement) des amis . Ce mot ne me contentais plus . Je souhaitais en prononcer un autre .
Sans toi , ô mon très cher ,.je ne serais qu'un cancre , qu'un crétin, si je vis c'est à toi que je le dois .
Je n'étais plus qu'un cadavre de pureté
Ma passion n'avait pas résisté à la brutalité de la rupture
Mais j'avais besoin de mots pour emprisonner l'éphémère dans un absolu
Pour m'encourager, il m'avait même fourni, un jour, un argument dont je lui étais reconnaissant. Il était propre à m'aider dans ma guerre contre la chair sauvage, victime de juvéniles instincts, condamnés par l'Eglise parce que bestiaux : "Vous qui êtes royaliste, n'oubliez jamais que si Mirabeau avait été chaste, la monarchie eût été sauvée !"
"Mais quelle vérité ? Oui, je l'aimais ! Cependant Dieu me l'interdisait. J'ignorais, à cet instant, qui aurait le dernier mot."
Aussi chaque soir, avant de monter au dortoir, nous échangions des billets au texte identique : "viens me réveiller cette nuit, sans faute !". Le lendemain, nous n'osions pas nous regarder. Car chaque nuit, un sommeil angélique et harassé nous clouait au lit jusqu'au réveil. Afin de me tenir éveillé jusqu'au rendez-vous suprême, j'avais imaginé, un jour, de réciter des chapelets entiers ! Mais la Vierge devait condamner mes espérances puisque je m'endormais par cette nouvelle méthode plus rapidement encore que d'habitude !
Ce livre, à lui seul, possédait le pouvoir de m'arracher à mon chagrin et de briser ma solitude.