AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,5

sur 60 notes
5
3 avis
4
8 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
1 avis
Les dessous, ce sont ceux que vend la mère d'Esther et Fanya dans sa boutique de confection. Dessous, c'est là que leur mère les force à se placer, imposant sa volonté et l'avenir qu'elle a choisi pour elles, qui doivent forcément lui succéder pour gérer la boutique. Les dessous de l'histoire familiale paternelle, l'auteure nous les livre dans deux chapitres qui nous permettent de mieux comprendre le fonctionnement de cette famille étrange. Dessous les jupes des danseuses, c'est ce qui fascine Esther qui se laisse embarquer dans le cabaret et dans des rêves de danseuses. le dessous des cartes, c'est ce que vont découvrir les deux soeurs, Esther en comprenant que danser n'est pas suffisant pour réussir dans ce cabaret, Fanya en apprenant à écrire chez la faiseuse d'anges du quartier qui lui enseignera les bases d'un féminisme militant.

Les destins des deux soeurs si proches vont diverger et nous faire découvrir ainsi plusieurs facettes de la vie dans un quartier juif de New York au début du XXème siècle. La narration est étrangement peu linéaire, l'auteure choisissant de nous donner ponctuellement des informations éloignées dans le temps et l'espace qui éclairent parfois le récit d'un jour nouveau. Lorsque j'avais feuilleté le livre à la médiathèque, je n'avais rien compris dans l'enchaînement de certaines cases... et cela m'avait d'autant plus assuré (oui ne vous inquiétez pas, je consulte, je suis stabilisé... :p ). Lorsqu'on commence la lecture depuis le début, tout est logique, les ellipses se remplissent d'elles-même, un dialogue d'esprits s'installe entre le lecteur et l'auteure, jeu intellectuel très agréable que la forme du roman graphique permet de développer.

Le dessin est rempli de noirs sublimes qui magnifient notamment les chevelures des deux héroïnes. le travail sur les visages cabossés des nombreux personnages secondaires (notamment les "clients" du cabaret) est admirable, l'évolution physique des deux soeurs au fil des années est également particulièrement réussi.

Un roman graphique qui rend hommage à la liberté des femmes, quel que soient leurs choix de vie, véritable ode à la liberté qui nous pousse à sortir du dessous pour tutoyer les étoiles, même quand ce n'est parfois que leur reflet dans le caniveau.
Commenter  J’apprécie          441
Au début du XXème siècle dans la communauté juive du Lower East Side à New York. Deux soeurs Esther et Fanya grandissent auprès de leur mère, qui tient un atelier de confection, et de leur père très peu présent. La mère aimerait que les filles reprennent son commerce mais elles sont plus intéressées par la vie à l'extérieur. Fanya se rapproche de d'une sage-femme avorteuse Bronia et on la voit militer pour l'indépendance des femmes alors que sa soeur Esther devienne bonne à tout faire dans une maison close. Deux destins très différents qui éloignent les soeurs progressivement mais la famille ne s'oublie pas si facilement. La fin est assez inattendue, mais je n'en dirai pas plus.
Un thème fort, notamment grâce au flashback sur l'immigration des parents des filles, mais aussi sur la lutte pour l'émancipation que ces deux demoiselles mènent.
Une lecture très sympathique.
Commenter  J’apprécie          162
Une famille juive de petits commerçants à New-York, au tout début du XXe siècle. Isaac a fui les Pogroms russes quelques années plus tôt. N'ayant pas pu épouser la femme qu'il aimait là-bas, il s'est marié à Minna, sans la connaître, pour "passer en Amérique". C'est un homme meurtri, vieilli prématurément, qui a vu sa mère et sa soeur massacrées... Il se traîne, oisif, tandis que madame vend de la lingerie... et montre ses dessous à qui veut. Leurs fillettes, Esther et Fanya, devinent la condition féminine des quartiers défavorisés à mots couverts, dans la rue : grossesses non désirées, avortements à l'issue tragique, prostitution. le soir, elles échangent leurs interprétations sur les informations ainsi grappillées. Ces deux soeurs, à l'âge adulte, opteront chacune pour une activité liée à la sexualité, mais dans des orientations diamétralement opposées.

Album intéressant pour le contexte socio-historique, le hiatus entre les "femmes du peuple" résignées, illettrées, promises au mariage et à la maternité... et les 'intellectuelles' féministes. Intéressante aussi une telle différence de choix entre soeurs, en réaction à la condition féminine d'un même milieu.

J'ai parfois eu du mal à suivre, peinant à distinguer les personnages les uns des autres. Mais l'ouvrage mérite cet effort : le scénario est simple et captivant, le graphisme agréable, rappelant le trait de Marjane Satrapi et de Zeina Abirached.
Commenter  J’apprécie          100
Parcours de deux femmes, deux soeurs qui, sur le chemin de la vie vont avoir des destinées divergentes mais un point commun, le combat féministe dans le début du 20ème siècle à New York.
des planches en noir et blanc , comme un film de l'époque qui donnent une profondeur au récit.
Commenter  J’apprécie          90
"Nous sommes deux soeurs jumelles"

Je crois l'avoir déjà dit dans des chroniques précédentes, je ne suis pas une grande fan des romans graphiques. Cependant, je ne suis pas totalement bornée (enfin j'aime à le croire !) et si le thème m'intéresse, je peux me laisser tenter par ce format !
C'était le cas pour Dessous, dont j'avais, en prime, lu d'excellents avis sur Babelio et ailleurs.
Alors ? Alors essais réussi !
Ce roman résolument féministe nous entraîne à New-York au début du XXème siècle, dans le quartier du Lower East Side, et plus précisément dans la communauté juive, fraichement immigrée de Russie ou de Pologne. C'est là que vivent deux soeurs jumelles Fanya et Esther avec une petite soeur « différente », un père effacé mais tendre Pologne (deux chapitres, au milieu du roman, nous emmènent en Pologne en 1895 et 1896 aux racines de la famille paternelle des deux héroïnes) et une mère dominatrice et peu affectueuse qui tient une boutique de corsets. le roman commence lorsque les fillettes ont une dizaine d'années : Fanya qui fait des courses avec sa mère est témoin de la mort d'une femme -elle l'apprendra beaucoup plus tard, des suites d'un avortement. A cette occasion, elle fait la connaissance de Bronia, une sage-femme qui est aussi une faiseuse d'anges. Bronia prendra Fanya sous son aile, l'éduquera et la formera. Esther est fascinée par les danseuses d'un théâtre burlesque et leurs dessous élégants… Embauchée comme bonne dans la maison close du quartier elle s'apercevra que ces danseuses sont aussi des prostituées… En 1917, Esther est devenue Dalila, danseuse le soir, et l'une des filles de Miss Lucille, la plus recherchée d'ailleurs…
Ce n'est qu'en 1923 que les deux soeurs se retrouveront.
Voilà pour la partie « roman », qui relate avec brio une tragédie mais qui pourtant nous fait rire à plusieurs reprises. Fanya et Esther sont si différentes et si semblables, elles ont toutes deux fait des choix impossibles pour survivre dans ce « nouveau monde » et s'affranchir des traditions culturelles et matriarcales. La trame narrative peut dérouter mais ayant lu le roman, une première fois, d'une traite, cela ne m'a pas gênée. Une seconde lecture m'a permis d'appréhender toutes les subtilités, notamment des dessins.
Les dessins, justement, j'y viens : ils sont remarquables ! En noir et blanc, les traits parfois outranciers qui peuvent sembler simples au premier regard sont totalement au service de l'histoire qu'ils parviennent à amplifier.
Douloureux et superbe.
Commenter  J’apprécie          80
« Dessous décrit la vie tumultueuse de deux soeurs issues de la communauté juive dans le Lower East Side de New York du début du 20ème siècle. Esther et Fanya sont deux soeurs jumelles, nées en 1900 dans ce quartier presque exclusivement composé d'immigrants en provenance d'Europe de l'Est et fraîchement débarqués aux États-Unis. Leur mère tient un atelier de confection et trompe allègrement son mari, un homme effacé. Les deux soeurs s'éloignent du giron familial dès l'adolescence, Fanya commence à travailler pour une avorteuse qui fera son éducation scolaire et politique. Esther, fascinée par des danseuses d'un théâtre burlesque local y prend des cours de danse tout en travaillant comme bonne à tout faire dans la maison close attenante. Les chemins des deux soeurs pourtant très liées l'une à l'autre vont progressivement diverger… » (Extrait synopsis éditeur).

-

Connaissant la ligne éditoriale de l'éditeur et le sujet de cet album, j'avais fait ce qu'il est de coutume d'appeler « un achat compulsif ». Je m'étais contentée de feuilleter distraitement l'ouvrage en librairie. C'est donc chez moi que j'ai découvert un graphisme que j'ai hâtivement jugé austère. Depuis le mois d'août dernier, date de la sortie (et de l'achat) de cet album, je n'ai donc eu de cesse de reporter cette lecture, sur un simple délit de « sale gueule du graphisme »… no comment…

J'ai pourtant eu beaucoup de plaisir à le lire, rechignant à interrompre ma lecture lorsque cela s'avérait nécessaire. La rencontre avec les jumelles se fait facilement et très vite, le lecteur se repère sans difficulté dans leur univers. La présence de termes yiddish tout au long du récit aide à cette immersion, comme s'il s'agissait d'une petite note exotique propice à l'installation de l'atmosphère. Ce qui m'a marqué, c'est la construction narrative qui s'affaire en premier lieu à installer les personnages féminins (principaux et secondaires) ; ce n'est que plus tard que le père des jumelles fait son apparition. En contrepartie, les deux chapitres centraux lui sont consacrés, seul flash-back du récit qui nous ramène en 1895 et 1896. Ce passage nous permet de comprendre les raisons qui ont conduit cet homme à quitter l'Europe de l'Est et à venir s'installer en Amérique aux côtés d'une femme acariâtre qui deviendra – quelques années plus tard – la mère de ses enfants. Les quatre autres chapitres s'arrêtent sur les années qui ont été décisives dans la vie des jumelles (1909, 1912, 1917, 1923).

Le trait est gras et maladroit mais il facilite grandement les choses au lecteur. On trouve naturellement notre place dans ce monde ; la place de spectateur est confortable, cela ne nous empêche aucunement de ressentir les soubresauts émotionnels du récit : ferveur, entrain, déception, douleur… tout y est. On laisse Leela Corman nous balloter tantôt aux côtés d'Esther, tantôt aux côtés de Fanya… j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir la destinée de ces deux soeurs indépendantes et rebelles. La petite mouche présente sur la joue gauche d'Esther écarte tout risque de confusion entre l'une et l'autre.

A l'instar de nombreux lecteurs, je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec Broderies de Marjane Satrapi et ce pour deux raisons. La première tient aux styles graphiques que je trouve proches (dessin minimaliste, trait gras, expressivité des personnages). La seconde tient aux choix narratifs : des éléments autobiographiques sont présents dans les deux récits (bien que ce soit plus ténu dans Dessous), un univers qui s'installe presque exclusivement autour de personnages féminins qui s'émancipent et s'affranchissent de certaines conventions. On parle ici assez ouvertement de sexe, les personnages ont une franchise assumée, le ton est espiègle par moment… J'arrête les comparaisons en disant que j'ai eu un plaisir non dissimulé à lire ces deux albums.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
Commenter  J’apprécie          81
une très bonne surprise que cette histoire de deux soeurs juives qui vont chacune suivre une voie différente pour échapper à leur condition. A travers elles, c'est toute la condition des femmes issues des strates les plus défavorisées de la société qui est exposée.
L'intelligence de Leela Corman est d'avoir assicé dans un long flashback la père, pour montrer que les hommes pouvaient aussi être victime d'une tradition. Pères et filles auraient voului trouver l'amour mais ce sont cassés les dents sur la tradition et la misère sociale.
Fin et intelligent
Commenter  J’apprécie          60
Très beaux portraits de femmes dans l'Amérique du début du XXs, l'histoire d' Esther et Fanya , deux jeunes filles issues d'une famille juive russe ayant fuit les pogrom. Deux portraits féministes avec ces deux jeunes filles qui s'émancipent des hommes, l'une passant du bordel au théâtre, entretenue par l'argent de riches nantis , la seconde en devenant sage-femme et faiseuse d'anges si besoin.
On sent la dureté du labeur, les femmes à la merci des hommes par le biais des grossesses répétées, une vie qui s'écoule puis s'éteint .Pas de happy end.
Outre l'histoire , j'ai aimé le trait charbonneux, un peu caricatural ou enfantin par moment et le rythme de l'album. Cela m'a fait penser à Broderies de Marjane Satrapi que j'ai lu cet été , dans le traits surtout, dans les portraits féministes aussi
Une belle découverte que cette autrice.
Commenter  J’apprécie          10
New York, 1909. Fanya et Esther sont jumelles mais sont très différentes. Vivant dans une famille juive, leur père est plutôt effacé, leur mère a un fort caractère et leur jeune soeur est très joueuse. Un jour que Fanya accompagne sa mère au marché, elle est témoin du malaise d'une voisine et doit aller chercher Bronia, une sage-femme un peu particulière, qui va vite voir que Fanya est très intelligente et qui va la prendre sous son aile pour l'éduquer. Pendant ce temps, Esther est attirée par les belles tenues et fait la connaissance d'une tenancière de maison close, qui va l'embaucher pour des petits travaux d'entretien du linge …
La couverture annonce bien le sujet car on y voit les deux soeurs enfants en haut et adultes en bas et on voit tout de suite qu'elles n'ont pas suivi la même voie. Ce qui m'a tout de suite attirée dans cet album, c'est l'époque et le milieu décrits : le New York des émigrants de première générations, l'ambiance de melting-pot, la communauté juive, la condition des femmes à cette période. Fanya est très moderne, très décidée : elle refuse de se soumettre aux hommes alors qu'Esther est plutôt à l'opposé et semble indécise quant à sa vie. On découvre aussi la jeunesse du père de famille et pourquoi il a fui sa Russie natale. C'est aussi très intéressant, même si c'est un peu plus souvent abordé dans les livres et les albums. J'ai aussi bien aimé le dessin noir et blanc, avec un style art déco vaguement oriental. Il colle parfaitement au sujet et à l'époque, même si un graphisme plus réaliste aurait aussi pu faire l'affaire. En plus, l'auteure a utilisé de nombreux mots yiddish, ce qui plonge encore plus les lecteurs dans l'ambiance. L'histoire couvre l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte de Fanya et Esther et la direction qu'elle prend est assez étonnante. J'ai été agréablement surprise par la fin car elle ne suit pas une ligne habituelle mais je ne dirai rien de plus pour de pas révéler quoi que ce soit. Par contre, je n'ai pas trop bien compris le titre (enfin, j'ai plusieurs explications mais aucune ne me satisfait vraiment). J'ai donc aimé cette lecture originale avec des personnages attachants et humains (enfin, ils ne sont pas tous attachants !) et une histoire qui fait découvrir, d'un point de vue féminin, une époque révolue mais pas si lointaine que ça !
Commenter  J’apprécie          00
J'ai adoré me plonger dans l'histoire de ces deux soeurs jumelles vivant à New York au début du 20ème siècle. L'une deviendra avorteuse et féministe, l'autre va se prostituer et devenir riche. Elles vont s'éloigner l'une de l'autre pour se retrouver plus tard dans leur vie. Un album très réussi pour moi.
Commenter  J’apprécie          00



Autres livres de Leela Corman (1) Voir plus

Lecteurs (97) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5239 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}