DAPHNIS : Mon cœur par mes regards vous fait trop voir sa plaie.
Un homme si savant au langage des yeux
Ne doit pas demander que je m'explique mieux.
Mais puisqu'il vous en faut un aveu de ma bouche,
Allez, assurez-vous que votre amour me touche.
Acte III, Scène 9.
On néglige aisément un homme qui néglige.
Qu'aisément un esprit qui se laisse flatter
S'imagine un bonheur qu'il pense mériter !
Qui ne peut rien prétendre a droit d'abandonner.
Au moindre feu pour moi qu'un amant fait paraître,
Par curiosité vous le voulez connaître,
Et quand il a goûté d'un si doux entretien,
Je puis dire dès lors que je ne tiens plus rien.
Chez les philosophes, tout ce qui n'est point de la foi ni des principes est discutable : et souvent ils soutiendront, à votre choix, le pour et le contre d'une même proposition : marques certaines de l'excellence de l'esprit humain, qui trouve des raisons à défendre tout ; ou plutôt de sa faiblesse, qui n'en peut trouver de convaincantes, ni qui ne puissent être combattues et détruites par de contraires.
La Suivante - Épître
J'avais peur d'en trop dire ; et cruelle à moi-même,
Parce que j'aime trop j'ai banni ce que j'aime.
Je me trouve captive en de si beaux liens,
Que je meurs qu'il le sache, et j'en fuis les moyens.
Jamais ne verrai-je finie
Cette incommode affection,
Dont l'importune tyrannie
Rompt le cours de ma passion ?
Eh bien ! J'en parlerai ; mais songez qu'à votre âge
Mille accidents fâcheux suivent le mariage :
On aime rarement de si sages époux,
Et leur moindre malheur, c'est d'être un peu jaloux.
Convaincus au dedans de leur propre faiblesse,
Une ombre leur fait peur, une mouche les blesse ;
Et cet heureux hymen, qui les charmait si fort,
Devient souvent pour eux un fourrier de la mort.