Citations sur La Saga du roi Arthur, tome 1 : Le Roi de l'hiver (46)
"D'être marié à Ladwys ne l'a pas empêché d'épouser Norwenna, observa Bedwin avec mépris. Il a mis Ladwys sur la touche, fait trois fois le tour du rocher sacré, puis embrassé le champignon magique ou fait ce que vous faites, vous les païens, pour divorcer. Au passage, il n'est plus chrétien. Un divorce païen, il épouse Ceinwyn, lui fait un héritier et retourne aussi vite dans le lit de Ladwys. Il me semble que c'est ainsi que l'on fait les choses de nos jours."
"Sept mille huit cent quarante-trois rouleaux sont déposés là, déclara-t-il d'un ton solennel, les trésors accumulés du savoir humain, et si la cité tombe, c'en sera fait de la civilisation." Puis il raconta l'antique histoire d'un héros entrant dans un labyrinthe pour tuer un monstre et traînant derrière lui un fil de laine afin de retrouver son chemin dans les ténèbres. "Ce fil, c'est ma bibliothèque, conclut-il, nous expliquant enfin l'objet de son laïus. Qu'elle sombre, messieurs, et nous croupirons dans les ténèbres éternelles. Alors je vous en supplie, je vous en supplie, combattez !"
L'initiation consiste en une agression contre les sens de l'homme et qui veut y survivre doit se rappeler une seule chose : obéir. Voilà pourquoi les soldats aiment Mithra. La bataille assaille les sens, et l'attaque fait fermenter la peur, et l'obéissance est ce mince fil qui arrache au chaos de la peur et promet la survie.
"Je ne sais pas si tu vu du plomb ou si tu en as coupé au couteau, dit-il d'une voix lugubre. Il faut que je sache. Je vais demander à Gwlyddyn. on dirait qu'il sait tout. Savais-tu qu'il faut toujours mettre les troncs la tête en bas pour faire des piliers ?
- Non, Seigneur.
- Ça empêche l'humidité de monter, tu comprends, et ça évite au bois de pourrir. C'est ce que m'a expliqué Gwlyddyn. J'aime ce genre de savoir. C'est bien, des connaissances pratiques, ce qui font tourner le monde. [...]"
J’aurais pu écrire cette vérité, bien entendu, mais les bardes m’ont appris à mettre en forme une histoire afin de tenir les auditeurs en haleine, dans l’attente de ce qu’ils ont envie d’entendre, et je crois que le récit est plus haletant si l’on diffère la nouvelle de l’arrivée d’Arthur jusqu’à la dernière minute.
Il faut un courage extraordinaire pour charger une ligne de boucliers et de lances. Voilà pourquoi tant d’hommes boivent avant la bataille. J’ai vu des armées s’arrêter des heures durant, le temps de trouver le courage de charger, et plus le guerrier est vieux, plus il lui faut du courage. Les jeunes troupes chargeront et mourront, mais les plus vieux savent à quel point peut être redoutable un rempart de boucliers.
Je n'avais aucune arme, sauf à compter mon bâton et mon couteau au nombre des accoutrements d'un guerrier. J'aurais voulu emporter une épée et une lance, afin de paraître plus âgé, mais Hywel s'était moqué de moi : un homme se révèle par ses faits et gestes, non par ses fantaisies.
Le groupe chrétien suivait la route en dansant, louant leur Dieu cloué, mais lorsque le prêtre vit le masque d’or qui recouvrait le visage de Morgane, le triple andouiller et le dragon ailé de ses broches, il s’emporta contre cette créature du Malin. Le prêtre a dû croire qu’une femme ainsi masquée et boitillante serait une proie facile pour ses sarcasmes, mais un prédicateur errant accompagné de son épouse et de prostituées sacrées n’était pas de taille à affronter la fille d’Igraine, la pupille de Merlin et la sœur d’Arthur. Morgane le frappa à l’oreille d’un simple coup qui l’envoya valdinguer dans un fossé envahi par les orties et elle poursuivit son chemin sans guère un regard en arrière.
Il s'est trouvé au moins un chercheur moderne pour suggérer que le christianisme s'accommoda heureusement des vestiges du druidisme breton et que les deux confessions coexistèrent pacifiquement : mais la tolérance n'ayant jamais été le fort de l'Eglise, ses conclusions me laissent sceptique.
(Note en fin de livre de l'auteur)
Arthur confond morale et pouvoir, et il aggrave le mélange en croyant que les gens sont intrinsèquement bons, même les pires d'entre eux, et c'est pourquoi, n'oublie pas ce que je te dis, il n'aura jamais la paix ! Il soupire après la paix, il parle de paix, mais parce que son âme est confiante, il aura toujours des ennemis.
(Ailleann à Derfel)