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Nous faisons la connaissance de Jean-François Corty pour ceux qui n'avaient jamais vu ses interventions en qualité d'expert sur la question des migrants dans les chaînes d'actualité. Il est à la base un médecin humanitaire qui est devenu le directeur des opérations internationales de Médecin du Monde ainsi que l'auteur de « la France qui accueille ».

Dans cette BD, il nous montre son expérience passée à travers les quatre coin du monde pour revenir en France. Il essaye de nous apporter son point de vue qui tranche singulièrement avec ceux des chroniqueurs qui l'invitent sur les plateaux TV. Visiblement, sa voix n'est pas entendue et il a choisi le roman graphique pour nous donner son témoignage ainsi que la déconstruction de tous les clichés.

Je n'ai pas envie de plonger dans le débat tant il déchire littéralement notre société et nos valeurs. Certains croient encore dans la solidarité et cela ne peut que réchauffer le coeur. Ils entendent bien faire progresser leur idée pour faire basculer la tendance qui n'est guère favorable actuellement entre répression policière et politique migratoire de plus en plus stricte.

Dans une démocratie, il est bon d'entendre tous les sons de cloche pour se faire une idée. Cette BD assez engagée y contribue et je la trouve plutôt bien construite et argumentée. C'est un véritable plaidoyer en faveur des migrants en France.

Attention, l'action se situe pour aider les migrants à ne pas subir une mort certaine quand l'état est totalement défaillant. C'est là où interviennent les organisations non gouvernementales comme médecin du Monde. Il s'agit avant tout de protéger la vie et non d'encourager l'immigration. Je tenais à le préciser.

Un dernier mot sur le dessin de Marie-Ange Rousseau pour dire qu'elle assure pour être au service de ce témoignage utile.
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Médecin, Jean-François Corty se consacre à l'humanitaire depuis la fin de ses études, en 2000. Il faut dire que ses deux héros d'adolescence étaient Rony Brauman et Bernard Kouchner – le ministre sexy * au sac de riz sur l'épaule, pour toi, Sooomaaaliiie... ♪♫
Cette seconde statue, il l'a bien vite déboulonnée.

Avec le scénariste Jérémie Dres et l'illustratrice Marie-Ange Rousseau, il évoque succinctement dans cet album ses missions dans des pays en guerre (Erythrée, Afghanistan, Niger, Iran...), et ses actions en France
- pour l'accueil des réfugiés de ces zones sinistrées, et des Roms
- pour tisser un réseau autour des 'oubliés des campagnes' où l'offre de soins s'étiole.

Sa vision est intéressante, opposant l'humanitaire indépendant, autonome, désintéressé et proche du terrain à celui intégré aux appareils d'Etat, instrumentalisé et souvent inadapté.
JF Corty souligne également le rôle fallacieux des médias qui pointent micros et caméras selon l'image que nous devons avoir des problèmes :

• « Ma deuxième mission a lieu en Afghanistan en 2001, au lendemain des attentats du 11 septembre, avec les Américains qui envahissent le pays pour retrouver Ben Laden. Je me retrouve sur un théâtre de guerre hyper médiatisé, entouré d'une multitude d'ONG avec de gros moyens. La parfaite collusion du militaro-humanitaire. »
• « Avril 2002, MSF m'envoie au Niger pour intervenir sur un programme de malnutrition. (…) Ce qui me frappe d'emblée : alors que les problèmes humanitaires battent leur plein en Afghanistan, personne ne parle du Niger. Pourtant, en face de moi, je vois beaucoup d'enfants mourir de malnutrition. Il y a beaucoup plus de morts qu'en Afghanistan. Je réalise le décalage entre l'urgence de certaines situations et l'agenda médiatique et politique. »

Voilà qui me conforte dans l'idée de préférer les circuits courts et les associations locales aux grosses organisations (qui recèlent forcément quelques brebis galeuses, même lorsqu'elles parviennent à rester indépendantes).
L'occasion de rappeler ici tous les mérites de l'asso nantaise 'L'Autre Cantine' en faveur des réfugiés (repas, vêtements, logement, hygiène et soin, apprentissage du français...).
[ https://www.facebook.com/lautrecantinenantes/ ]

Le dessin net, les propos clairs et variés rendent cet album intéressant et didactique.
____

* voir la page Wiki, à propos de cette opération 'Du riz pour la Somalie', qui pourrait amuser si ce n'était pas si tragique...
>> https://fr.wikipedia.org/wiki/Du_riz_pour_la_Somalie
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"Mon ambition : Utiliser la médecine comme passeport pour être dans l'action. (…) Faire de la politique autrement, autour de la solidarité."

La question migratoire, un peu passée sous silence ces derniers mois, est pourtant toujours autant d'actualité. Elle brûle les fondements de nos humanités. L'Europe n'est plus une terre d'accueil mais de rejet et d'ignorance. Les migrants s'entassent dans des camps, quand ils ne sont pas refoulés, noyés ou gravement malmenés pendant leur périple. Un exode sordide qui ne trouve pas fin une fois arrivé aux portes de nos pays occidentaux, quid au passage des droits de l'homme.
Certain homme par leur implication distille l'espérance. C'est le cas de Jean-François Corty dont on suit la construction de l'engagement. de l'adolescent qui cherche modèle à l'homme qui oeuvre en accord avec des convictions altruistes et sensibles. La peur réside en l'homme et pousse à conserver son confort sans même tenter d'apaiser les plus défavorisés. le délit de solidarité n'existe plus et il suffirait que chacun fasse sa part. Les hommes qui souffrent opposent les solidarités au lieu de faire corps. Il n'est pas tolérable qu'en France des humains est froid, faim, ou soif. Nous ne pouvons estimer vivre dans un pays moderne et développé si dans l'entresol de nos regards meurent des hommes vulnérables. Quelle soit née ici ou ailleurs, la population vivant en France devrait accéder à la satisfaction de ses besoins primaires.
Ces propos sont essentiels pour oeuvrer à plus d'humanité politique et d'entraide au sein de la population. Les migrants ne traversent pas des années d'enfer si ce n'est pour en fuir un plus grand. Les discours de rejet autour de l'immigration sont des discours de privilégiés, d'humains ne vivant pas sous les bombes, sous la dictature, sous une misère qui induit à fuir pour espérer. L'exil est une solution de survie, pas de confort. Nous devons prendre conscience de nos avantages quand bien même ils ne sont pas suffisants pour tous. La confrontation des misères desserts les plus démunis, pas les nantis. Notre gouvernement oppose les précarités pour demeurer puissants. Tant que la haine s'exerce entre les peuples du bas il s'en lave les mains.
Un témoignage sans langue de bois qui assume et crie les contradictions entre humain et politique entre misère et pouvoir. L'engagement de cet homme ouvre à la profonde bienveillance de ce monde. Des hommes comme lui apposent du baume aux blessures d'injustices. C'est clair, concis sans retenu. Il dit, il clame, il dénonce et ça fait un bien fou. le graphisme ne m'a pas du tout séduite mais il va plutôt bien avec la sobriété des propos et surtout il n'entache pas l'essentialité du discours militant et engagé.
L'agenda médiatique et politique ne doit pas s'intercaler avec l'urgence humanitaire. Notre société oeuvre à contresens de l'espoir et porte des valeurs avilissantes pour la vie. Cet ouvrage indispensable nous le rappel.
Les Escales (Steinkis), 4 juin 2020
128 pages

A découvrir autour de cette lecture :

Un article : d'Eric Fottorino dans le 1 du 7 février 2018
"C'est une tache. Une tache sur ce début de XXIème siècle à peine majeur. Cette tâche, ce ne sont pas les hommes, les femmes, les enfants -en bas âge parfois- que nous envoient les guerres les violences et les dictatures en tous genres. Cette tâche, c'est notre incapacité à traiter humainement des êtres humains qui ont surmonté l insurmontable, la maltraitance des bourreaux ordinaires, des trafiquants de misère, le cynisme intéressé des passeurs qu'on appellerait bien "trépasseurs" si le mot existait. Face à l'afflux de réfugiés, nos États opposent une défense qu'ils croient légitime puisque, selon le vieil adage érigé en slogan, "on ne peut pas accueillir toute la misère du monde". Pour autant la tâche s'étend sur notre pays, jadis pays des droits de l'homme. Cette tâche, c'est un déni d'hospitalité, un mépris de l'autre qui arrive certes illégalement et sans papiers, mais plus mort que vif."

Un roman : La route des Balkans de Christine de Mazières qui signe un récit sensible, sans pathos et très actuel

Un récit : le prince à la petite tasse d'Emilie de Thurckheim, pudique et bienveillant il assouplit le regard et incite à une plus grande ouverture d'âme.

Un album jeunesse : Moi, Dieu merci, qui vis ici de Thierry Lenain et Olivier Balez Un récit poétique et politique qui exprime le droit pour chacun a vivre une vie en paix. « Je suis né là-bas. Un jour, j'ai dû fuir. Aujourd'hui, je suis ici, en vie. "
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Ce roman graphique est le fruit d'une collaboration entre deux maisons d'édition : les éditions Steinkis (spécialisées dans le domaine du roman graphique), et les éditions Les Escales (qui ont comme ligne éditoriale de faire découvrir des univers à travers le travail d'écriture). L'association des deux éditions nous livre donc ici un travail documenté et documentaire de qualité, à la fois sur le plan graphique mais aussi sur le contenu textuel.

Trois auteurs se sont également associés pour produire cet ouvrage : Jean-François Corty, Jérémie Dres et Marie-Ange Rousseau. Ils produisent un témoignage juste et marquant sur les années de travail passées dans les associations humanitaires par l'un des auteurs (Jean-François Corty).

Dans cet ouvrage nous suivons donc un jeune médecin qui décide de se lancer dans l'humanitaire dans les années 2000. Il s'engage alors pour Médecins sans frontières, et est affecté sur des missions humanitaires dans différents pays étrangers (Niger, Afghanistan ou Iran). Ces expériences vont lui permettre de comprendre que les questions humanitaires sont intrinsèquement liées à la politique ou encore aux médias, et que les associations ne sont pas aussi libres qu'elles le souhaiteraient.
Après ces voyages à l'étranger il reviendra en France et travaillera pour le compte de Médecins du Monde. Il constatera alors que la misère qu'il a pu voir à l'étranger est également omniprésente en France et que les réfugiés vivent dans des conditions terribles.
Jean-François Corty deviendra une figure médiatique emblématique et médiatique ce qui lui permettra de faire entendre sa voix. Ces expériences professionnelles l'amèneront finalement à s'intéresser aux français défavorisés, vivant en zones rurales et pour qui les conditions d'accès aux soins élémentaires sont souvent difficiles.

Un roman graphique qui nous permet de comprendre tous les enjeux qui gravitent autour des associations humanitaires, le manque de moyens et d'investissement de l'Etat sur ces questions. Mais nous prenons également conscience de l'investissement total de ces médecins, des bénévoles, de ces associations, qui s'engagent corps et âme pour venir en aide aux populations précaires.
Le texte met également en lumière les questions migratoires à travers le monde (en particulier en Europe et au Moyen Orient) et les belles initiatives, individuelles ou collectives, qui permettent à ces personnes d'accéder à des conditions de vie décentes et un accompagnement dans leurs démarches administratives.
Une BD documentaire et narrative qui nous expose le parcours d'un homme voulant mettre à profit ses connaissances médicales pour aider les autres, et qui déconstruit par ailleurs un certain nombre de clichés.
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Avec cette BD, je découvre la collection « Témoins du monde », coéditée par Steinkis et Les Escales. Celle-ci a pour vocation de « raconter le monde autrement » en misant sur « la force et l'intelligence du dessin ».

La parole est donc ici donnée à Jean-François Corty, qui va nous raconter plusieurs de ses expériences humanitaires, dans le cadre de ses missions pour Médecins sans frontières et Médecins du Monde.

Il y revient sur la genèse de son engagement, son envie de faire de la politique en s'engageant concrètement sur le terrain. Avec lui, on va suivre les problématiques sanitaires durant le conflit Éthiopie/Érythrée, la terreur en Afghanistan, les programmes de malnutrition au Niger, les retours forcés en Iran, le démantèlement des camps de Roms en Seine-Saint-Denis, l'immersion dans la « jungle » de Calais… (et j'en passe).

Un parcours vraiment intéressant, car ce médecin est passé par des pays en conflit et d'une grande pauvreté, et qu'il constate des problèmes sanitaires similaires en France.

Une BD très bien faite : un dessin très chouette, un texte clair, informatif, pas trop bavard et un parcours de vie très riche, passionnant à découvrir. Pari réussi, le format BD parvient à faire passer des messages importants de manière très accessible.
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A la fois témoignage, documentaire et biographie: ce roman graphique nous révèle les facettes des métiers de l'humanitaire, et avant tout les expériences professionnelles de Jean-François Corty, médecin et humanitaire engagé, spécialiste des questions migratoires.
Il est un homme de terrain, passionné, médiatisé. Il est aussi l'auteur de "La France qui accueille".

"Profession solidaire" est composé de plusieurs "chroniques", qui présentent les différents pays sillonnés ainsi que les missions de terrain que Corty a exercé (en Érythrée, au Niger, en France...).
On y voit les difficultés qu'il a pu traverser, nous livrant par la même occasion un témoignage politique sur les conditions des hommes et sur la réalité derrière les apparences. En insistant sur la crise de Calais, et l'insalubrité de "La Jungle".
J'ai beaucoup apprécié cette décomposition en plusieurs chroniques.

Quant aux dessins, ils sont beaux, les couleurs dans les tons orange/violet/bleu. Il y a des petites cartes qui permettent de situer les missions.

Dommage qu'il soit si court, je reste sur ma fin...
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Au cours de son expérience au sein de diverses ONG, Jean-François Corty a sillonné le monde (Erythrée, Afghanistan, Niger, Iran...) et la France qui est aussi, aujourd'hui, un terrain d'actions humanitaires. Souvent interrogé en tant qu'expert de la question, ce roman graphique lui permet de livrer différemment son témoignage. Sa parole est plus libre que sur les plateaux télévisés... et la déconstruction des clichés d'autant plus efficace.
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Une très belle collaboration entre les éditions Steinkis et les éditions Les Escales pour nous proposer un roman graphique unique dans sa forme et son fond.
C'est un coup de coeur pour moi : j'ai beaucoup aimé la manière d'aborder la thématique de l'aide humanitaire et les réflexions, réactions, certitudes et incertitudes que cela peut engendrer. On suit Jean-François Corty à travers son parcours et cela nous permet de mieux le comprendre. Tout cela sans ton moralisateur ni culpabilisant. Juste les expériences de vie d'un humanitaire, ses ressentis, ses nécessités d'aider au fur et à mesure de sa découverte du monde.
C'est simple, limpide, structuré. C'est fort.
Merci aux éditions Steinkis et Les Escales, merci à la Masse critique Babelio pour cette très belle découverte !
A lire absolument !!
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