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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les livres d'Albert Cossery sont tous un peu les mêmes. Ils nous parlent des laissés pour compte du Caire.

Cette ville, dont on a arrêté de compter les habitants, comprend un centre-ville moderne et une ville "indigène" qui s'étend de façon anarchique. C'est là que Cossery nous fait découvrir toute une galerie de personnages plus ou moins loufoques. Ces héros sont toujours en marge de la société. On comprend vite qu'ils n'ont pas vraiment le choix tant la corruption règne en maître. L'homme "honnête" est souvent voué à la pauvreté et à l'inverse l'homme "parvenu" a dû se livrer à bien des compromissions.

Mais si la vie est difficile dans ces bidonvilles, leurs habitants ont développé un solide sens de l'humour pour y faire face. Cossery a l'art de décrire ses personnages dans des situations les plus cocasses à la limite du surréalisme.

Ainsi de cet homme, qui aspire à dormir toute la journée, et qui a chassé tous les bruits néfastes de sa rue afin de s'adonner à son seul plaisir : la sieste! L'infortuné est inopinément réveillé par un facteur (c'est à dire un fonctionnaire vendu au gouvernement) bouffi d'orgueil et qui se sent investi d'une mission civilisatrice à porter le courrier à des analphabètes. Leur dialogue vous fera pleurer de rire.

Ou bien encore deux mendiants qui ont chacun créé une école de mendicité, comme s'il s'agissait là d'une profession comme une autre, que l'on peut enseigner. L'un professant qu'il faut avoir l'air le plus misérable possible pour attirer la générosité du bon musulman, l'autre qu'il faut au contraire sauver les apparences pour ne pas effrayer le donneur potentiel...

Ou encore cet homme qui voit son fils revenir le jour de l'Aïd avec des herbes aromatiques en espérant qu'ils pourront manger du mouton. L'enfant demande naïvement à son père pourquoi tout le monde festoie alors qu'ils meurent de faim. le père prend alors conscience de sa pauvreté et n'a aucune explication rationnelle à donner à son fils si ce n'est qu'ils sont "oubliés de Dieu".

La force de cet auteur est de vous faire rire des choses les plus graves. Il nous fait découvrir la puissance de la dérision. Les "faibles", qui n'ont rien, l'emporteront toujours sur les riches qui ont tout à perdre. La seule chose que désirent nos gouvernants est qu'on les prenne au sérieux. Cossery nous montre combien ils deviennent risibles lorsqu'on les considère pour ce qu'ils sont : des pantins. Nous ne sommes pas loin de l'anarchisme car rien n'a d'importance pour Cossery.

Le plus étonnant est que l'auteur a vécu conformément aux préceptes qu'il défendait. Il a vécu pendant 50 ans dans un hôtel à Saint Germain des près sans jamais vraiment travailler. Il a écrit 8 livres en 50 ans ce qui est finalement assez peu. Il disait qu'il n'écrivait pas plus d'une phrase par jour et qu'il la peaufinait jusqu'à ce qu'elle soit parfaite. Il réussit parfaitement car ses 8 livres sont des bijoux de concision.

Si vous avez la chance de ne pas encore avoir lu Albert Cossery jetez-vous dessus. C'est selon moi un auteur majeur du XX ème siècle. J'aimerais parfois avoir le bonheur de le redécouvrir comme si c'était la première fois.
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Mon 2ème livre d'Albert Cossery après Mendiants et Orgueilleux lu voici quelques semaines, et toujours la même claque!

Ici sous forme de quelques nouvelles étalées sur une centaine de pages, voici à nouveau la plume corrosive de Cossery détaillant quelques habitants du Caire, et comme toujours, choisis parmi les plus modestes d'entre eux.

Cossery est l'exemple même de l'auteur qui n'a pas eu la reconnaissance qu'il méritait.

Il navigue avec tant de perfection dans ses venelles du Caire que je me suis persuadé qu'il avait dû les hanter tant et plus dans sa jeunesse, avec un détachement face aux horreurs de la pauvreté qu'il arrive à nous en faire sourire.

Voilà un grand écrivain sans nul doute!
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N'importe quel roman d'Albert Cossery est parfait.
Corrosif, asocial, sans pitié pour les imbéciles, il procure au lecteur une jubilatoire satisfaction.
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