Pour le premier de ses romans destiné à un public adolescent,
Frédéric Couderc qui centre toujours ses intrigues sur une ville, a choisi Ajaccio la plus grande ville de cette île qu'il connait bien et dans laquelle il séjourne régulièrement.
Plaçant ses personnages dans des lieux familiers aux insulaires choisis au fil de ses déambulations pédestres, il ancre son livre dans une réalité géographique qui parlera aux familiers de la Corse.
L'intrigue historique fait la part belle à la spécificité corse faite de respect de la parole donnée, de sens de l'honneur, de rébellion face aux institutions ce qui a conduit les Corses pendant la seconde guerre mondiale, non seulement à protéger les juifs satisfaisant ainsi à leur traditionnel sens de l'hospitalité, mais aussi à refuser, sur les directives courageuses données par le Préfet, le port de l'étoile jaune sur l'île.
Cette page d'histoire peu connue des continentaux méritait bien d'être mise à l'honneur, rappelant aussi l'accueil en 1917 d'un bateau de réfugiés dont personne ne voulait en errance au large de la Corse.
C'est ce contexte historique qui est rappelé aux lycéens d'aujourd'hui, notamment aux deux jeunes héros Luna et Matteo qui doivent plancher sur un exposé mettant en lumière la période de guerre en Corse avec l'occupation italienne et les faits de résistance.
Alors que les deux lycéens assistent médusés à un règlement de comptes sanglant en pleine ville, ce qui contribue à leur rapprochement, ils vont devoir s'interroger sur le passé et se mettre en danger pour que la climat de violence qui règne dans l'île cède enfin la place à l'ordre républicain.
Pour cela ils recevront l'aide d'un vieil homme, Salomon, qui sait bien des choses et jouera un rôle crucial dans cette histoire où chaque personnage en quête d'identité devra se reconstruire sur des bases nouvelles, loin de la loi du silence et de la vendetta.
Le style est bref et concis, correspondant (sans doute ?) à ce qu'en attend un public adolescent qui se voit épargner les scènes de violence ainsi que les scènes explicitement sexuelles.
Le contrat tendant à susciter l'intérêt du lecteur jusqu'à la fin de l'histoire est bien rempli avec des rebondissements, des poursuites, de surprenantes découvertes finales.
Bien sûr en tant qu'adulte passionnée d'histoire, j'ai trouvé que le récit était vraiment trop léger et que certaines parties auraient mérité d'être approfondies. Les rapports humains entre les protagonistes restent superficiels. le rapprochement entre les communautés dans l'île parait décrit de façon bien idyllique car il est difficile d'oublier les slogans taggés du style "Arabi Fora" soit "les Arabes dehors" qui fleurissent régulièrement sur les murs insulaires. Notre jeune Matteo qui en vérité s'appelle Majid trouvera t'il un monde solidaire et uni dans la corsitude ? Rien de moins sûr.
Mais, stop au pessimisme ! le récit s'adresse à une jeune génération de laquelle on peut attendre le meilleur.