Cette biographie de
Verlaine est parue chez Grasset en 1929 dans une collection intitulée "la vie de bohème".
Et, pour
Marcel Coulon, son auteur, "la bohème ne peut vraiment réclamer comme complètement siens que Villon et
Verlaine".
Il en a extirpé Rimbaud comme étant incomparable.
Mais qu'est-ce que la bohème ?
"Le contraire d'une vie bourgeoise", écrit
Marcel Coulon, en affirmant pourtant (p105) que
Verlaine eût soif toute sa vie de respectabilité. Moins que d'
amour, d'alcool ou de poèsie - c'est entendu - mais beaucoup tout de même".
"La Bohème, plus encore que le manque de pécune, c'est l'absence d'un foyer", prétend-t-il.
Mais Mathilde Mauté pour le pauvre Lélian ne fut-elle pas le centre de son foyer, un foyer abîmé et avarié, mais tout de même un foyer.
Le biographe prétend ne pas se placer ici en moraliste.
Et pourtant, il va se prendre les pieds dans le tapis en tentant, d'expliquer, de nier un peu, d'excuser même la bisexualité de
Verlaine.
On sent la gêne du biographe entre ses mots.
On sent une pointe ici d'homophobie mal assumée.
De ses vacances de bachelier,
Verlaine revient "buveur".
C'est qu'il est un "jouisseur de toutes les voluptés, les matériels comme les spirituelles".
Mais les femmes n'ont pas trouvé beau le pauvre Gaspard.
Alors sa laideur expliquerait ses aventures masculines.
Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme !
Je n'ai pas aimé ce livre.
Je m'y suis senti mal à l'aise.
Marcel Coulon y déroule la vie de
Verlaine, principalement dans tout ce qu'elle a comporté de sordide.
Et Il y montre peu l'inspiration du poète.
De plus, il fustige
Edmond Lepelletier, l'ami et le biographe du poète, dont il place "en dessous de tout" son traitement de l'affaire du coup de feu tiré sur Rimbaud.
Mais sans venir en expliquer la raison.
"
Verlaine, poète saturnien" est un ouvrage qui, bien que renseigné et documenté, apporte peu à sa lectrice et à son lecteur d'aujourd'hui.
De plus, il est venu à paraître un an après le magnifique "Verlainiens et décadents" de Gustave le Rouge, dix-sept ans après "Les Derniers Jours de
Paul Verlaine" et trente ans après "le Quartier Latin" du même le Rouge.
Trois ouvrages dont je ne saurai que conseiller la lecture à la place de la biographie un peu suffisante de
Marcel Coulon.
Cependant quelques courts passages, quelques phrases un peu plus lumineuses et inspirées sauvent l'ouvrage du naufrage, mais n'ont pas réussi à le maintenir en dehors de l'oubli où il est aujourd'hui tombé ...