Sachez chasser ces chats de Fatchakulla, chat serait chouette !
Quel rapport avec le roman «
La Bouffe est chouette à Fatchakulla ! » ? Vous pensez aux chasseurs, aux chouettes ou aux chats, oui un peu c'est vrai… mais c'est surtout dans les deux titres, un texte improbable et une prononciation impossible … Essayez encore, à voix haute bien sûr : «
La Bouffe est chouette à Fatchakulla !». Cela fait une semaine que j'essaie de me rappeler du titre et encore plus de tenter de le prononcer. Impossible, je n'y arriverai jamais…
Son auteur
Ned Crabb, né peut-être un jour en Alabama, est un mystère comme son roman. Il aurait été journaliste et aurait publié cet unique roman, publié en 1978. Donc vous savez désormais tout sur cet auteur dont on ne sait rien…
En résumé, côté coulisses, un titre et un auteur sortis de nulle part !
Si vous ouvrez le rideau, la découverte du pittoresque village de Fatchakulla Springs s'ouvre à vous, dans une région marécageuse pleine de serpents, au bord d'une rivière La Bogie, infestée de bestioles diverses la nuit tombée. La bourgade est réputée tranquille, hormis le vieux Orven Purvis, détesté par tous les habitants, les gosses et tous les chats du coin. Tranquille, tranquille, j'allais oublier, le vieux Zack, l'alligator, soupçonné à tort de manger les chihuahuas de Miss Tatum…alors que le vrai coupable était le vieil indien fou, Whahoo Goatsong, mangeur d'oiseaux, mulots ou autres belettes. Bref, Fatchakulla Springs est le paradis sur terre... pour les animaux.
Et puis, un soir vers vingt-deux heures, allant chercher des appâts pour la chasse du lendemain près de la rivière, Module lunaire, le gamin surnommé M. L. également, découvre sur le chemin la tête de Purvis, gisant sur le sol sans vie; Oui, oui, vous avez bien lu…, le nom du gosse est Module Lunaire car ce neuvième enfant de la famille Barlow est né le jour où Apollo XI a atterri sur la lune.
Pour mener l'enquête, un trio gagnant est constitué d'Arlie Beemis, shérif de Fatchakulla Springs, Doc Bobo, médecin déprimé et trouillard, et enfin Linwood Spivey, le génial Sherlock Holmes du coin, la plupart du temps bourré à la bière.
Nos trois fanfarons commenceront par inspecter la demeure de Purvis, où son fils Ju-Jube, un peu dingue sur les bords et un fantôme au 2ième étage dit-on, habitent cloitrés jour et nuit. Pour la suite, à vous de découvrir le mystérieux tueur fou, qui ne laisse aucun indice flagrant sur les lieux du crime…sinon des têtes, jambes, fesses et autres membres…humains je précise.
Si vous avez déjà lu «
Les marécages» de
Lansdale, vous retrouvez exactement le même univers et des évènements tout à fait semblables : Willie le Siffleur chez Crabb rodant la nuit comme l'homme-chèvre chez
Lansdale, des meurtres atroces inexpliqués, des marécages impénétrables et une rivière dangereuse dès le coucher du soleil. J'avais l'impression que le style si particulier de la série Hap et Leonard, en moins cru, s'était glissé dans «
Les marécages» pour obtenir ce roman hallucinant «
La Bouffe est chouette à Fatchakulla ! ».
Un roman complétement loufoque, aux fausses pistes et rebondissements multiples, toujours bien orchestrés par
Ned Crabb. Une fin surprenante mais pas assez travaillée à mon goût. Revers de la médaille pour ce livre venu d'ailleurs, j'ai été gêné par le nombre d'invraisemblances relevées durant tout le récit. Passe encore le voyage surréaliste en bateau, plutôt en radeau de fortune, sur la Bogie ou encore l'irruption de la grande femme fatale dans ce bled perdu. Mais, pour moi, les procédures de perquisitions des différentes propriétés des principaux suspects sont complétement invraisemblables… et nuisent à la qualité de l'intrigue tout de même. Ne parlons même pas de la police du canton, une sorte de FBI de l'époque, en dessous de tout et invisible trois heures après le meurtre !
Malgré tout, j'ai préféré cet ouvrage aux Marécages de
Lansdale pour son humour, ses personnages déjantés et quelques tirades formidables, notamment du frère Walpurgis de l'université chrétienne de Fatchakulla. Un bon moment de lecture très, très divertissant.
PS : J'ajouterai une petite anecdote survenue à la fin du livre. Dernière page, je ferme le bouquin, je réfléchis deux secondes et je me dis « mais quel c… ? ». J'avais la solution depuis le début et je me suis fait avoir comme un bleu ! Je ne vous donnerai pas l'indice évidemment mais soyez plus attentif… que moi.
Lorsque vous aurez fini le roman, relisez ma critique et...