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Ce que j'apprécie chez l'auteur, c'est sa capacité à nous dépeindre de façon réaliste les conséquences du réchauffement climatique sur nos sociétés dans les décennies qui viennent. Si Symphonie atomique, son précédent roman, a fait monter votre écoanxiété d'un cran, sachez qu'Antarcticas n'aura pas un effet aussi extrême mais il ne manquera pas de vous rappeler le cynisme de nos sociétés capitalistes face à la catastrophe climatique qui s'annonce. Et peut-être bien qu'un jour, nous serons face, ainsi que le roman le décrit, à une COP qui devra décider d'exploiter l'Antarctique afin de donner quelques décennies supplémentaires à une humanité qui a épuisé la planète. C'est un roman extrêmement dense, avec beaucoup d'explications sur les rouages géopolitiques du monde et beaucoup de points de vue de personnages. J'aurais peut-être préféré qu'il y en ait un peu moins, parce que cela a un peu dilué l'empathie générale que j'ai ressentie pour eux et, finalement, j'ai passé peu de temps avec les personnages qui m'ont plu le plus, comme Mike, ce braconnier fondamentalement attaché à l'Antarctique, ou John, ce mercenaire anglais qui n'a pas perdu son âme.
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Après le coup de coeur-coup de tonnerre qu'a été pour moi son thriller climatique Symphonie Atomique, je ne pouvais pas manquer Antarcticas, dernière publication d'Etienne Cunge aux éditions Critic.
Le futur sur lequel on se penche cette fois-ci est plus proche, 2050, ce qui accentue les effets de résonnance avec l'actualité et a de quoi rendre soucieux. Pour autant, ce roman m'a paru moins anxiogène, peut-être parce que l'environnement n'y a pas (encore) atteint le même niveau de dégradation que le premier titre, et qu'un certain espoir reste ouvert. Pourtant, les hypothèses sur lesquelles Antarcticas est bâti sont tout ce qu'il y a de plus plausibles : l'Antarctique, jusque-là protégé par plusieurs conventions et traités internationaux, devient un enjeu économique majeur avec la fonte des glaces qui met au jour ses gisements miniers intacts. Une COP organisée à Genève doit statuer sur l'ouverture du continent blanc à l'exploitation : les lobbyistes industriels sont sur les dents, les politiques et économistes voient dans la manne à venir le moyen de repousser de plusieurs dizaines d'années la récession liée au changement climatique, les écologistes se battent sans relâche pour protéger le dernier continent vierge, les États jouent des coudes entre les bénéficiaires de "droits historiques", c'est-à-dire ayant déjà des intérêts sur place (dont la France fait partie avec l'Argentine, les USA, la Russie, l'Australie...) et ceux qui en sont frustrés (la Chine, au hasard) ; quant à l'immense zone non revendiquée qui perdure, elle a vu l'installation de pionniers qui braconnent les pierres précieuses et sont maintenant assez nombreux pour constituer un peuple, les Antarcticas - non reconnus et non invités à la table des négociations. Alors que la COP approche, l'agitation sociale augmente et les heurts entre activistes et forces de l'ordre se multiplient. Certains militants, las de ne pas être écoutés, hésitent face à la tentation du terrorisme. Ne manque plus qu'une étincelle pour mettre le feu au brasier : celle-ci survient lorsqu'un laboratoire secret est détruit en Antarctique, et qu'un chercheur isolé fuit à travers le "Grand Blanc", des hordes de drones tueurs à ses trousses. La découverte qu'il protège va rencontrer les aspirations des Antarcticas, la convoitise d'un homme d'affaires post-humaniste, et les foudres d'un organe de l'OTAN... Bref, Antarcticas est un nouveau thriller haletant qui plonge douloureusement ses racines dans notre actualité et brasse avec brio environnement, nouvelles technologies, économie, politique et activisme. Je mettrais un petit bémol sur les personnages, trop nombreux et trop immergés dans un contexte multifacettes pour tirer chacun leur épingle du jeu (comme souvent dans les thrillers je trouve), et un peu classiques à mon goût sur le plan des relations hommes-femmes (je reconnais que je suis devenue exigeante sur ce point 😉). Pour le reste, Antarcticas forme un digne pendant à Symphonie Atomique, en explorant des thématiques similaires sous des angles un peu différents... et plus proches de nous.
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Antarcticas est un roman d'Étienne Cunge, publié aux éditions Critic en mai. le livre était initialement sorti chez les éditions Rivière Blanche en 2017. L'auteur a retravaillé son roman et lui a offert une nouvelle mouture plus dodue, le livre faisant plus de 600 pages.

Futur proche, les technologies continuent de progresser et le réchauffement climatique d'empirer. Les ressources mondiales commencent à manquer, et les yeux du monde entier se tournent vers un continent qui en contient de nouvelles: l'Antarctique. Sous l'effet du changement de climat, des zones deviennent accessibles, offrant des ressources telles que des pierres précieuses et de nouvelles terres à exploiter. Un sommet doit se réunir pour décider de l'avenir du continent, et si une exploitation légale peut y avoir lieu. Cependant, cela est loin de réjouir les habitants de ce continent, les Antarcticas, qui s'inquiètent pour leur avenir et leur mode de vie.

Ceci est le point de départ du roman. Étienne Cunge multiplie les axes narratifs, les lieux, les personnages et offre un roman choral. On suit des Antarcticas cherchant des pierres précieuses, des militants écologistes, des dirigeants politiques, un biologiste luttant pour sa survie et pour protéger son invention au coeur du Grand Blanc, des industriels….L'histoire du roman est très intéressante mais le récit pâtit du trop grand nombre de personnages, dont certains sont assez peu intéressants ou énervants. le coeur de l'histoire est l'avenir de l'Antarctique et l'histoire de Jérémy, un chercheur dont l'équipe a fait une trouvaille révolutionnaire et l'a payé de sa vie. Certains fils narratifs sont vraiment trop longs, le roman aurait gagné à être recentré sur certaines trames et à en raccourcir d'autres.

Les thématiques sont vraiment intéressantes et actuelles. L'anticipation décrite est crédible et dans la ligne droite des avancées technologiques. L'écriture d'Étienne Cunge est fluide mais un peu trop didactique par moments. le roman pêche par moment par manichéisme trop marqué également, l'auteur ayant un peu forcé les traits de certains protagonistes.

Antarcticas est ainsi un roman plaisant aux thématiques passionnantes. Cependant, le roman accuse une longueur excessive, l'auteur multipliant les arcs narratifs, et certains prenant clairement le dessus sur les autres.
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En route vers l'utopie ?

2050, nos gouvernements ont pris acte du réchauffement climatique et ont décidé d'agir à la hauteur des enjeux : l'inaction. du moins pour les riches, pour le bas peuple, quelques tours de vis ne peut faire de mal... Résultats, les limites planétaires sont atteintes alors que l'on nettoie à peine les dernières miettes de la galette des rois. Seule chose positive, l'Antarctique dégèle lentement, laissant apparaitre des ressources qui pourraient permettre de continuer de se voiler la face encore quelques générations.
On suit les pas d'un Antarcticas, un chercheurs d'or du 21ème siècle qui va sauver la vie d'un individu isolé dans ce grand froid. le début d'un engrenage infernal.

On entend souvent dire que la SF s'est pris le mur du réel dans la face, rassurez vous, avec Etienne Cunge, demain sera pire que ce que vous ne l'imaginiez. Ne nous voilons pas la face, nous sommes ici devant un roman très réaliste sur notre futur proche : noir c'est noir il n'y a plus d'espoir. Quoique, car je pense ici que nous sommes dans le Hope punk. Oui c'est la merde, mais peut être qu'un espoir subsiste, infime, imparfait, qui sera peut-être déçu. Mais il existe, il est là. C'est ce que j'ai trouvé beau dans ce roman, cette possible espérance d'un lendemain. Pour peu que nous la saisissons.
Deuxième élément, après une première moitié tranquille, le monde est vaste comme le nombre de personnages et d'intrigues, la seconde va être très dure pour tes heures de sommeil, ta vie de famille, tes loisirs, ton taf... Que tu vas regretter tous ces romans qui te servaient de somnifère, mais préserver tes heures de sommeil.

A part quelques petits bémols, comme la technologie qui me semble un peu trop développé en 30 ans seulement (encore que beaucoup de technologies qui existe aujourd'hui m'auraient paru magique dans ma jeunesse) et quelques facilités, j'ai beaucoup aimé le tout. Entre thriller géopolitique, écoterrorisme, révolte des masses, découvertes scientifiques et complots, Etienne Cunge voit grand et a pondu un livre univers. Il a même réussi à me faire aimer le personnage du mercenaire sans foi ni loi, tout en nuances.

Second roman que je lis de l'auteur (très bon Symphonie atomique), c'est à croire que nous sommes sur la même vision de la société lui et moi. Reste à lire son Légendes d'agrégats et espérer un nouveau roman bientôt. Pour info, cette édition d'Antarctica est un roman précédemment publié chez Rivière blanche, le texte a été remanié et réécrit.
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Étienne Cunge nous emmène avec Antarcticas en 2050, où nous suivons divers personnages tels qu'un scientifique biologiste en fuite, détenteur d'inventions aussi salvatrices que destructrices, un chercheur de minerais clandestin voulant vivre sa vie en paix dans son milieux quasiment inhabité, sa petite amie libre comme l'air, un gourou de secte, une cadre supérieure d'une entreprise douteuse, un montagnard un peu illuminé, une femme dirigeante des opposants écologistes à la COP qui veut exploiter l'Antarctique pour ses ressources car la Terre est déjà pillée, épuisée, à l'agonie.
Aventure et action sont au rendez-vous, tout d'abord en Antarctique, mais il y à aussi des actions politiques, écologistes et même terroristes en Europe, des passages où l'ont discute ressources et profit, géopolitique, d'autres ou l'ont se bat contre des robots pisteurs effrayants et des drones destructeurs, contre ou auprès de mercenaires aux implants d'augmentation de force, de dextérité ou de soins, et j'en passe. Il est également question de remise en question, de rédemption ou au contraire de soif de gloire, d'envie de se prendre pour Dieu.
J'ai adoré les personnages, les thèmes abordés, l'écriture et la richesse du livre, un gros coup de coeur (comme pour Symphonie atomique).
C'est un roman très dense, qui prend un peu de temps à lire car il y à beaucoup d'éléments, mais où l'ont prend plaisir à chaque page.
Le final est explosif et doté d'un dénouement particulièrement étonnant et original.
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Antarticas est un roman de SF qu'on pourrait qualifier d'engagé. Etienne Cunge se livre à un exercice périlleux ici en mêlant roman de SF et d'aventures, récit politique aux enjeux écologiques. le changement climatique menace l'équilibre de la planète. En Antarctique, un laboratoire a mis au point une technologie qui permettrait de réduire l'impact des émissions de gaz. Mais dans le même temps, des entreprises multinationales cherchent à s'approprier ce territoire blanc afin d'y puiser toutes ses ressources. Entre intrigues politiques et économiques, récit survivaliste et thriller, chacun cherche à tirer son épingle du jeu…

Antarticas c'est d'abord un récit dense pas forcément facile à apprivoiser de prime abord. le début du roman nous présente une galerie de personnages assez impressionnante. On y croise des femmes politiques, des chercheurs, des aventuriers à la recherche de métaux précieux, des gourous écologistes. Il faut avancer un peu dans l'histoire pour démêler les fils de ce récit complexe. On comprend peu à peu que deux camps s'opposent: ceux qui veulent exploiter jusqu'à la lie l'Antarticque, le fric avant tout; et ceux qui cherchent au contraire à préserver ce territoire et à sauver la planète.

Les chapitres s'alternent donc entre nos différents personnages. J'avoue avoir eu un faible pour ceux qui sont consacrés à Jérémy et à Mike. Ils sont tous les deux en fuite. Leur histoire se lit un peu comme un thriller dans cet enfer blanc où les drones peuvent surgir et attaquer de toutes parts. D'autres chapitres sont plus politiques. On y suit notamment deux femmes politiques dans les arcanes du pouvoir. Etienne Cunge nous entraîne dans une intrigue complexe où de nombreuses choses se jouent. Son scénario catastrophe semble très crédible et fait froid dans le dos. On est dans une SF loin d'être positive mais si réaliste.

Alors si parfois la vision des choses est certes un peu binaire; si parfois l'intrigue est un peu trop rapide, j'ai tout de même apprécié ce texte alarmiste, aux inventions technologiques effrayantes.

Avec Antarticas, Etienne Cunge signe un roman dense et complexe aux notes écologiques intéressantes.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Lorsque j'ai vu que Etienne Cunge allait sortir un nouveau roman aux Editions Critic, je savais déjà que j'allais sauter dessus. En effet, j'avais eu un gros coup de coeur pour son dernier roman, Symphonie Atomique, lu en novembre 2021. Je remercie Critic pour l'envoi de ce SP (partenariat non rémunéré). Il se trouve que Antarcticas est le 1er roman d'Etienne, sorti en 2017, et qu'il a entièrement retravaillé en vue de cette nouvelle édition

Le changement climatique a imposé sa loi et les économies chancellent un peu plus chaque année. L'Antarctique dégèle, libérant l'accès à des ressources convoitées mais légalement inaccessibles. A l'heure où la prochaine COP doit décider de l'exploitation future des ressources de l'Antarctique, un chercheur en fuite et détenteur d'une découverte qui peut changer le monde va croiser la route d'un des braconneurs de minerais...

Tout comme Symphonie Atomique, la vision du futur de l'auteur dans Antarcticas n'est pas des plus optimistes mais elle est, à mes yeux, très réaliste ! Je suis une nouvelle fois bluffée par les avancées technologiques présentées et les solutions mises en oeuvre dans ce roman pour contrer le changement climatique, malheureusement insuffisantes. J'ai adoré l'immersion sur le continent blanc que nous propose ce roman, même si ce n'est pas le seul lieu où nous allons voyager.

Ecrit sous la forme d'un roman choral, nous allons faire la connaissance d'un bon nombre de personnages particulièrement bien construits et que Etienne prend le temps de nous installer. C'est ici que réside mon tout petit bémol car j'ai en effet ressenti quelques longueurs dans les 30 premiers pourcents du récit, dans la présentation des personnages et de l'intrigue…

Mais cela n'a pas gâché ma lecture pour autant que j'ai adorée, même si mon rythme de lecture pendant mes vacances a été un peu plus ralenti.

Si comme moi, vous aimez les romans d'anticipation sur le thème du changement climatique, Etienne Cunge est un auteur français qu'il vous faut découvrir, au même titre que Jean-Marc Ligny dont j'ai déjà plusieurs romans dans ma PAL.
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Après une première version publiée aux éditions Rivière Blanche, Etienne Cunge a décidé de retravailler son roman Antarcticas pour nous en délivrer une nouvelle mouture améliorée.

2050, les aléas climatiques malmènent de plus en plus l'humanité et l'économie en général. Or, avec le réchauffement, l'Antarctique dégèle libérant peu à peu l'accès à des ressources très convoitées. Aussi, le Grand Blanc est devenu un enjeu majeur, disputé par les écologistes utopistes d'un côté et les industriels opportunistes de l'autre côté. Loin de ces préoccupations, Mike braconne les minerais que recèlent les sous-sols de l'Antarctique, tout en évitant autant que faire se peut, la vigilance des drones et des gardiens écologiques qui veillent à la protection des lieux. Mais sa vie est perturbée par la découverte d'un jeune homme évanoui sur la glace sur le point de se faire tuer par les gardiens mécaniques et pilotés par l'intelligence artificielle. Il n'est pas question pour Mike de ne pas lui porter secours. Seulement, il l'ignore encore mais son acte va changer irrémédiablement sa vie. En effet, Jérémy est un scientifique, porteur d'une découverte que certains veulent voir disparaître alors que d'autres rêvent de s'emparer. Face à la pression grandissante d'un pouvoir politique et économique qui les dépasse, arriveront-ils à faire connaître cette invention révolutionnaire et à donner à l'humanité un second souffle.

Avec Antarcticas, Etienne Cunge signe un roman d'anticipation réussi qui nous propulse en 2050. Pour donner un cadre crédible à son récit, il s'est tout simplement inspiré des grandes orientations politiques, économiques, sociales et géopolitiques actuelles pour les projeter dans leurs aboutissements probables. Aussi, l'intelligence artificielle s'est infiltrée dans toutes les strates de la société pour accompagner l'humanité dans sa vie quotidienne jusque dans sa chair, sous la forme d'implants régénérants connectant les humains les uns aux autres. Plus de téléphone dans le futur imaginé par Etienne Cunge avec des gens qui ne communiquent plus que par neurcom, reçus via leurs puces implantées.

Un progressisme qui induit une société de surveillance généralisée dans laquelle les humains sont traqués et contrôlés en permanence avec des drones et des robots présents partout.

Sous sa plume naît une Union européenne élargie qui se cache derrière la Grande Barrière nanotechnologique s'étendant de Tallinn au plateau du Golan servant à la fois de douane garantissant l'embargo avec les Califats, de ligne de défense militaire, tout en empêchant l'immigration clandestine.

Par impuissance ou inertie, le climat n'a eu de cesse de se dérégler multipliant les épisodes de sécheresses, d'inondations et de tempêtes. Les ressources se sont raréfiées au point de rendre stérile les sols provoquant de nombreuses famines. Sans parler de la santé mise à mal par une dégénérescence précoce affectant les organismes humains dont seuls les plus riches peuvent se targuer de pouvoir échapper et allonger la durée de leurs vies grâce à la biologie moléculaire, les nanotechnologies et la génétique associées à l'informatique et à l'électronique.

L'énergie est devenue la principale source de préoccupation poussant le camp des écologistes à affronter celui des industriels, notamment sur le cas de l'Antarctique. En effet, cette région est devenue un enjeu de pouvoir depuis le dégel qui a révélé la présence d'hydrates de méthane dans ses sols. Dès lors, l'Antarctique suscite une bataille rangée et sert de toile de fond au roman d'Etienne Cunge, auquel s'ajoute l'organisation d'une véritable chasse à l'homme à l'encontre de l'un des protagonistes pour mettre la main sur son invention.

Au-delà de l'avenir inquiétant qui prend vie au gré des pages d'Antarcticas, Etienne Cunge se fait aussi l'auteur d'un véritable page turner qui nous balade à cent à l'heure aux quatre coins du monde et où s'affrontent intérêt politique, cupidité économique et sacrifice social. On est une nouvelle fois happé par cette plume incisive qui met à nu les travers de la société et ceux des hommes et des femmes prêts à sacrifier l'intérêt général par pure vénalité. Avec beaucoup d'habileté, Etienne Cunge met en lumière les mensonges d'Etat et les falsifications des industriels pour servir leurs intérêts et échapper à leurs responsabilités.

Antarcticas est un roman implacable et passionnant qui ne laisse aucun répit à ses lecteurs. Etienne Cunge nous y dessine un futur dérangeant et inquiétant car en dépit de l'utilité indéniable des progrès technologiques, les libertés individuelles n'ont plus cours dans ce nouveau monde et l'avenir de la planète demeure toujours compromis. Les inégalités se creusent davantage en dépit des nombreuses révoltes. Avec son expertise environnementale, l'auteur se pose en observateur critique de notre modèle sociétal pour alerter sur ses risques et ses excès.

En rééditant Antarcticas, les éditions Critic donnent à ce texte une nouvelle chance d'être lu ou relu par des lecteurs et des lectrices curieux de s'embarquer dans une aventure sans concession et au demeurant, fort captivante. Lisez-le !

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Avec le réchauffement climatique, l'Antarctique est en plein bouleversement. Peu à peu, des zones deviennent accessibles et les gisements de pierres précieuses et de terres rares aiguisent les appétits des pays du monde entier. Un sommet va se réunir sous peu pour décider si oui ou non on ouvre les droits à une exploitation légale et massive. Les Antarcticas, ceux qui habitent cette zone et vivent pour la plupart de trafic, s'inquiètent : leur mode de vie est-il en danger ?

Tout cela n'est qu'une part de l'intrigue. Comme il le fera plus tard dans Symphonie atomique, Étienne Cunge multiplie les axes narratifs et les lieux. Mais avant de revenir à l'histoire, quelques mots sur ce roman. Antarcticas est le premier publié par Étienne Cunge. Il est paru aux éditions Black Coat Press dans la collection Rivière blanche en 2017. La réception semble avoir été mitigée d'après les avis que j'ai lus à droite à gauche. En tout cas, pour cette nouvelle parution chez Critic, l'auteur a fourni un grand travail de réécriture pour « en fluidifier la lecture sans modifier le fond ». Et je confirme que le rythme est, dans l'ensemble, efficace et que l'on ne s'ennuie pas. Même si je trouve le livre un peu trop gros. Je présume que, comme pour pas mal de premiers ouvrages, l'auteur a voulu mettre beaucoup dedans et parfois, on frôle l'indigestion. Ce qui est certain, c'est qu'à la différence d'autres bouquins, le résumé ne tient pas sur un ticket de métro.

Mais retour, donc, à l'intrigue : d'un côté, les affrontements entre les différents groupes intéressés par la protection (certains pays, des militants écologistes réunis en groupes plus ou moins pacifistes) ou, au contraire, l'exploitation (des multinationales essentiellement qui imaginent les profits colossaux) de l'Antarctique ; d'un autre, un chercheur dont l'équipe a été assassinée par une équipe de tueurs extrêmement organisée et dont on ignore au début ce sur quoi il travaille. Or le laboratoire de ce Jérémy était situé dans l'enfer blanc. Et il se retrouve seul, sans préparation, dans un milieu dont il n'a aucune chance d'échapper vivant sans aide.

Pour ceux qui, comme moi, ont déjà lu Symphonie atomique, il est impossible de ne pas noter des points de ressemblance. Tout d'abord, la présence de la glace et du continent qui la symbolise le plus. Et surtout, le danger de disparition qu'ils courent. Ou, tout le moins, le risque d'être modifiés à tel point par l'humanité qu'ils en deviendraient méconnaissables. Intéressant de voir que chez le même éditeur, Jean Krug publiait son premier roman, le Chant des glaces.

Ce qui nous amène au deuxième point : les conséquences néfastes du réchauffement climatique. À ce stade, toutes celles et ceux qui clament haut et fort que tout cela n'est que ramassis de fadaises et de balivernes comprennent que ce roman n'est pas pour eux. Définitivement. Car Étienne Cunge est convaincu de cette réalité et nous le répète dans ses textes. L'être humain a une influence importante, et souvent négative, sur son environnement. Sur la planète qui l'abrite. Et, au nom d'un mode de vie ou de profits, il met en danger la vie, la survie, des générations futures.

Autre thème : la technologie omniprésente au quotidien. En 2050, c'est à dire demain, les appareils électroniques ont encore progressé et, par exemple, chaque citoyen (ou presque) possède un implant. Comme pour beaucoup avec le smartphone, cet objet sert à tout et est devenu indispensable à la vie de chacune et chacun. Mais, classique revers de la médaille, il est le meilleur espion disponible pour les pouvoirs, officiels ou non. N'importe quel bon hacker peut le pirater et accéder ainsi à tous les moments de la vie de chacun. Où qu'il soit dans le monde.

Malgré quelques tentatives de complexification en cours de récit, je trouve cependant que, dans l'ensemble, ce roman se montre un peu trop manichéen. Les méchants industriels affrontent les gentils écologistes ; les mauvais politiciens tentent d'écraser par tous les moyens les citoyens qui leur posent problème. Les traits sont parfois trop grossiers, les ficelles trop épaisses. C'est ce qui donne à Antarcticas une allure un peu bancale. Malgré les efforts de l'auteur, il reste encore des maladresses à mon avis. En plus, mais là c'est une réticence personnelle, on trouve encore un personnage (et un autre ensuite) qui utilise des rites de purification qui me font penser à Castaneda, comme dans Tous les arbres au-dessous d'Antoine Jaquier. Et je bloque toujours un peu sur ce type d'éveil mystique.

Pourtant, je m'en voudrais de terminer sur une note négative. Si ce récit m'a paru imparfait et trop démonstratif par moments, j'ai adoré son humanisme. Les personnages d'Étienne Cunge (enfin, ceux qu'il apprécie, pas les méchantes et méchants) acquièrent finalement une épaisseur telle qu'on s'inquiète pour eux. Et, même s'ils sont un peu stéréotypés, un peu trop prévisibles, il est difficile de ne pas s'attacher à eux. D'autant que l'auteur ne les ménage pas. Encore un qui n'hésite pas à blesser voire à tuer certains de ses protagonistes principaux.

L'éditeur, quand il parle d'Antarcticas, considère que ce roman est davantage porteur d'espoir que Symphonie atomique. Certes. Mais pas de beaucoup. Je n'arrive pas à me persuader qu'Étienne Cunge croit l'être humain capable de ne pas se diriger, tout seul comme un grand, vers sa perte. Cela ne m'a pas empêché de passer un très bon moment à la lecture de ce texte plein de vie et d'envies.
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Je n'abandonne que très rarement mes lectures (cela a dû m'arriver tout au plus trois fois au cours de mon existence), et jamais les services de presse : par devoir, mais aussi par respect (je sais que cela représente un coût aux éditeurs d'envoyer des ouvrages aux blogueurs), je m'oblige à les lire en intégralité afin de pouvoir offrir une chronique aussi complète et détaillée que possible. Et c'est bien triste à dire, mais je pense que sans ce statut, ce roman n'aurait pas échappé à l'abandon. C'est pourtant très enthousiaste que je me suis plongée dans cette lecture, même si j'ai été dès le départ très décontenancée par la très petite taille des caractères (une vraie torture pour la grande myope en pleine rééducation orthoptique que je suis !) : le résumé me promettait un thriller d'anticipation écologique et politique, palpitant, riche en messages et en rebondissements …

L'équilibre du monde est de plus en plus menacé par l'instabilité du climat et de l'économie, par la précarité de la paix et par l'amenuisement des ressources naturelles. Pour pallier à ce dernier point et tenter de relancer la croissance économique, certains désirent la légalisation de l'exploitation des sous-sols de l'Antarctique : en effet, la fonte des glaciers a permis de découvrir la richesse de ce continent jusqu'alors préservé. Tiraillés entre les exigences des associations écologistes et la pression des lobbies industriels, les dirigeants mondiaux vont devoir statuer au cours de la Sixième Conférence Antarctique … Mais au coeur même du Grand Blanc, au milieu de ces étendues encore glaciales et dangereuses, un jeune biologiste lutte pour sa survie afin de protéger son invention, une innovation qui pourrait redonner l'espoir à l'humanité … mais qui fait l'objet de convoitises et de détracteurs, car dans ce monde au bord de l'implosion, chacun lutte avant tout pour lui-même …

Un résumé très prometteur, donc, qui laissait présumer une intrigue autant politique qu'écologique, qui garantissait un roman palpitant au rythme effréné, une course contre la montre pour sauver ce qui peut encore l'être sur cette Terre désolée, ruinée par l'ambition démesurée et la bêtise humaine. Je m'attendais à un véritable plaidoyer pour la protection de l'environnement, pour la mise en place d'une société plus respectueuse de la nature et moins avide de richesses démesurées … Je pensais vraiment que tous les éléments étaient réunis pour que ce roman soit un coup de coeur - une thématique qui m'intéresse au plus haut point, l'insertion de cette thématique dans un ouvrage de science-fiction, le côté « thriller » pour rendre l'histoire encore plus palpitante, l'irruption même d'une touche d'ésotérisme inattendue mais bien intégrée au reste du récit -, et la chute n'en a été que bien plus brutale. Car malgré toutes les bonnes idées de l'auteur, et elles sont nombreuses, ce roman n'a clairement pas été à la hauteur de mes attentes.

En cause ? La narration, sans le moindre doute. Celle-ci noie littéralement le lecteur sous un tsunami d'explications scientifico-politico-moralistes, sous une avalanche d'informations superflues sur le passé du monde et des personnages, un peu comme si l'auteur voulait absolument démontrer à quel point il avait bien construit son univers et ses protagonistes. J'ai fini par me lasser de cette déferlante de renseignements : ce que je cherchais, c'était une histoire, pas l'exposé d'une situation catastrophique (sinon, je me serais tournée vers un magazine sur le développement durable, pas vers un roman). Au final, j'ai eu le sentiment que l'auteur ne faisait que poser le décor pendant 300 pages sur 440 : l'action ne fait son apparition que dans cette ultime partie, qui était par conséquent bien plus intéressante, plus rythmée, plus riche en émotions aussi. J'ai trouvé la narration assez lourde, trop peu fluide, et la lecture était vraiment laborieuse car j'avais le sentiment de faire du sur-place, de ne pas avancer … Poser le contexte, présenter les personnages, expliquer les enjeux, ce sont des étapes nécessaires dans un roman, mais il ne faut pas que cela compose 75% du contenu de ce dernier !

En bref, un roman d'anticipation basé sur d'excellentes idées et ayant visiblement fait l'objet de recherches préalables très poussées (on sent que l'auteur maitrise bien les différents sujets évoqués), mais bien trop riche en informations trop complexes et parfois superflues pour être véritablement intéressant en tant qu'histoire romanesque. L'intrigue est noyée sous ces explications très précises et détaillées qui ne laissent aucune liberté à l'imagination du lecteur. Arrivée à la moitié du livre, je ne ressentais encore aucune empathie pour les personnages qui n'étaient que des pions sans âme malgré leur enfance lourdement racontée, et surtout, je me demandais quelle était l'histoire. Tout l'intérêt de ce roman est concentré dans les cent dernières pages : enfin de l'action, du rebondissement, de l'émotion, enfin de la vie dans ces pages ! Bien que déçue par le dénouement final des deux derniers chapitres, j'ai apprécié cette dernière partie qui ressemblait enfin à une histoire racontée et plus à un contexte figé. Je suis donc vraiment mitigée vis-à-vis de ce récit qui n'en est finalement pas tout à fait un …
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