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EAN : 9791030705768
272 pages
Au Diable Vauvert (12/01/2023)
3.79/5   29 notes
Résumé :
Retranché dans une ferme isolée du massif vosgien, Salvatore a parfaitement anticipé la fin inéluctable de notre civilisation. Il s’est minutieusement préparé à la survie en autarcie. Mais après trois ans de solitude, son chemin croise celui d’autres survivants…

Récit survivaliste digne des grandes heures de l’anticipation française, un Robinson Crusoé post apocalyptique qui nous invite à repenser la nature.

« L’effondrement du monde, n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Il l'avait vu venir, Salvator, la fin de notre société de consommation, le collapsus général, l'effondrement en cascade des dominos de nos petites vies sans souci ! D'autres également avaient prévenu, mais la plupart de nos concitoyens n'ont pas voulu les croire, malgré les avertissements, les crises successives, sanitaire, sociétale, économique et climatologique, j'en passe ! Bref, ce que nous vivons ces dernières années, le curseur est juste poussé un tout petit peu plus loin. Heureusement pour lui, Salvator avait pris ses précautions en achetant une ferme isolée pourvue d'une source dans les Vosges, et en y entassant tout ce qui lui semblait nécessaire à sa survie en autarcie, armes, antibiotiques, semences, piles...et quelques poules. Sa femme n'a pas voulu le suivre, paix à son âme ! Parce qu'effectivement, il avait raison, tout s'est cassé la gueule et les rescapés ne sont pas des plus fréquentables, chacun luttant pour sa survie.
Pendant quelques années, Salvatore va organiser sa petite existence en solitaire, apprenant à surmonter les manques, à bricoler pour améliorer son habitat, installant des pièges pour éviter toute intrusion malvenue. Mais sa vigilance s'est émoussée au fil du temps, et voilà qu'un beau jour Mira fait son apparition. Mira, c'est tout ce qu'elle sait dire apparemment, d'où le nom que lui donne Salvatore, ou La Muette. C'est presqu'une gamine, mais elle en apprendra beaucoup à Salvatore, notamment en techniques de chasse. Elle comblera aussi ce besoin de compagnie dont il a pris conscience pendant sa longue période de solitude.
Quelque temps plus tard, une autre jeune personne va faire son apparition et bousculer le fragile équilibre à peine trouvé. C'est Alex, un être qui se cherche et dont la venue va pousser les habitants de la ferme à partir en quête de nouvelles ressources.
Et à partir de là, l'histoire va basculer dans une autre dimension, par le biais de la rencontre d'un "chamane" qui va les initier à une substance hallucinogène provoquant prises de conscience et remises en question de leurs parcours de vie respectifs, surtout pour Salvatore.

En dire plus serait divulgâcher, mais je pense qu'il est nécessaire de mentionner ce tournant, sinon ce roman ne serait peut-être qu'un post-apo de plus, sans la dimension spirituelle qu'apporte la rencontre avec Sacris (le chamane). Je dois dire qu'au début je m'attendais à du déjà-lu, et même si j'aime le genre, on se lasse. Mais non seulement l'histoire est très crédible, parce que partant d'une situation que nous connaissons actuellement et imaginant une suite hélas très plausible, mais en plus c'est très bien écrit, on imagine parfaitement le décor (surtout pour moi qui connaît bien les Vosges) et le personnage de Salvator, ce monsieur Tout-le-monde aux tendances égocentriques mais qui est toujours persuadé d'agir au mieux.
J'ai eu un peu plus de mal à partir de la venue d'Alex, le vocabulaire se référant à ce personnage m'a gênée, comprenne qui lira.

J'étais malheureusement très fatiguée à la réception de ce livre (remporté à l'occasion de la MC littérature de janvier), et je l'ai lu de façon très fragmentée, ce qui a quelque peu nui à mon plaisir de lecture. En temps normal, je ne l'aurais sans doute pas lâché jusqu'à la fin, surtout qu'il est relativement court (260 pages). Je ne connaissais pas Antoine Jaquier, un auteur suisse francophone, mais j'ai envie de découvrir ses autres parutions à la suite de cette lecture. Je remercie Babelio et l'éditeur "Au diable Vauvert pour ce beau cadeau à la couverture magnifique.
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J'adore son style d'écriture. J'ai la sensation qu'il est porteur d'une vérité évangélique et que ses mots, ses phrases constituent un savoir fondamental. J'avais déjà ressenti cela en lisant Simili Love notamment avec cette citation que j'adore :"L'intensité du regard du lièvre se modifie. Ses pupilles se rétractent. de la surprise, j'y vois maintenant un grand sérieux et cela provoque un malaise en moi. Dans un vertige, la frontière entre nos espèces se floute et je ne suis plus un humain devant un animal - nous sommes deux mammifères, face à face. Il m'hypnotise. L'impression qu'il va se mettre à parler mais ce n'est pas la peine. Son message est clair. L'animal me demande des comptes et j'en ai presque la nausée tant je me sens coupable."
Je m'attendais donc à la même prise en lisant Tous les Arbres au-dessous. J'ai été un poil déçue (pas beaucoup, un poil. Un poil de fesse d'homme, long de quelques centimètres. Donc un long poil déçue mais pas trop, je ne parle pas d'un cheveu de princesse). C'est toute la partie chamaniste qui m'a semblé redondante alors que c'est une pièce importante du récit. Elle ne couvre que les derniers chapitres alors je garde quand même une très bonne impression de l'intégralité du roman. Les personnages sont touchants et intéressants. Pour plus de contenance, je vous invite à lire le billet de Sylviedoc.
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Salvatore l'avait vue venir. Quoi ? Eh bien, la fin du monde. Pas celle promise par les grosses productions hollywoodiennes à base de gigantesque objet venu du fin fond de l'espace. Non, tout « simplement » l'effondrement de nos sociétés. Trop de tensions, trop de haines. Alors il s'y est préparé, s'est acheté une ferme isolée dans les Vosges et a attendu.

Il n'a pas attendu longtemps. Tout s'est écroulé. Ce qui était normal et habituel a disparu au profit de la violence et du chaos. du moins, c'est ce que Salvatore (et nous par la même occasion, car nous sommes collés à ses basques) croit, isolé qu'il est dans son trou de verdure. Avec ses poules. Et il survit sans problème majeur pendant plusieurs années, sans visite. Jusqu'à l'arrivée de Mira. Et là, tout change. L'extérieur fait irruption progressivement dans son quotidien et change sa perception des autres et du monde.

Tous les arbres au-dessous commence comme un roman post-apocalyptique classique (du moins, ce ce que j'en connais car, je me répète jusqu'à radoter, ce n'est pas mon genre de prédilection et ma connaissance de ce domaine est récente : je n'ai pas lu, par exemple, le célèbre La Route de Cormac McCarthy). On a la chute du monde connu et une personne qui tente de s'en sortir. Mais aucun rapport avec les deux ouvrages de Brian Evenson récemment parus en France, immobilité et L'antre. Dans Tous les arbres au-dessous, le personnage principal sait où il met les pieds. Lui est prêt. En tout cas, il le croyait. Car, de façon assez plaisante, lors de sa narration de cette aventure, il nous fait bien comprendre certaines de ses erreurs. On a comme un crash-test de survivaliste en situation réelle. Il avait bien préparé pas mal de choses. La preuve, il a survécu plusieurs années. Mais d'autres points n'avaient pas été anticipés : absence d'autres animaux que les poules, manque de certains types de culture, etc. Antoine Jaquier semble s'être penché sérieusement sur la question et propose une mise en situation qui m'a parue réaliste. Tout cela est sans commune mesure avec d'autres romans post-apocalyptiques plus grandioses, avec fin du monde en technicolor : Afterland de Lauren Beukes ou Unity d'Elly Bangs. Ni même Les Flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert. Ici, c'est plutôt un récit survivaliste, intimiste. le sort du monde, on s'en fout. le personnage principal essaie de survivre et tant pis pour les autres et le monde. J'ai beaucoup aimé le ton employé, entre sérieux et humour, qui permet d'affronter, comme Salvatore, avec un certain détachement, l'absurdité et l'horreur de ces moments. D'ailleurs, la lucidité est une des qualités de ce personnage, d'où son départ pour cette planque : « Avec la disparition de l'État, de l'argent, de l'eau courante, de l'accès à la nourriture et aux soins, l'entraide n'aura pas été le réflexe premier. »

Ensuite, après l'arrivée de Mira, les évènements s'accélèrent. Et j'ai apprécié ce changement de rythme et de paradigme. Les relations qui s'installent, difficilement au début (d'autant que Mira ne parle pas, d'où son surnom de « muette »), puis selon des règles instaurées essentiellement par Salvatore. Car, comme il est le possédant, il se comporte, malgré sa générosité apparente, en chef. Il décide qui fait quoi. Les vieux clichés ont la vie dure. Et là aussi, c'est plutôt bien vu.

Par contre, après la moitié du roman (donc je vais essayer d'en dire le moins possible pour ne pas divulgâcher), il rencontre un nouveau personnage qui va lui permettre de découvrir l'ayahuasca. Et là, j'ai eu des réticences. Cela m'a aussitôt fait penser à l'écrivain Carlos Castaneda et ses récits proposant d'agrandir la conscience par l'ingestion de drogues. Pas nécessairement la même, je ne me rappelle plus, mais cela m'a évoqué de mauvais souvenirs. Et j'ai donc moins apprécié ce passage. Qui, pourtant, donne son titre à l'ouvrage. Mais je n'en dirai pas plus. Sauf que finalement, le traitement de cet épisode m'a moins gêné que je ne le pensais.

Encore une bonne surprise que la lecture de Tous les arbres au-dessous. Même si j'ai moins apprécié la deuxième partie du roman, j'ai eu plaisir à suivre les tergiversations de Salvatore, un homme classique, égoïste et attachant, qui a eu raison avant les autres, mais pas au point de faire les efforts nécessaires à changer un avenir tragique. Observateur de la chute de son monde, il l'a fui, comme les rats quittent le navire avant qu'il ne coule, laissant ses comparses se perdre, sans remords. Un homme ordinaire, en fait.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Une mise en perspective de notre possible monde futur, une lecture singulière, intéressante, troublante, stimulante.
« le temps d'une cigarette aux chiottes de la boîte de com' pour laquelle je bossais, le monde avait changé. L'unique paramètre invariable était cette Raison marchande et son dieu Argent qui, tel un train des enfers, traversaient les décennies écrasant tout sur leur passage et contre lesquels il avait toujours été vain de lutter. S'impliquer dans la promotion des énergies vertes comme je l'avais fait s'était avéré plus sournois que constructif pour la planète. le problème collectif étant insoluble, au final, viser l'autonomie et devenir indépendant était la seule option constructive et cela m'obsédait même. Pas besoin de brainstorming pour trouver le nom parfait à mon projet : Au revoir - merci. »
Salvatore s'est invité sur mon canapé ; j'ai aimé l'écouter parler de sa solitude forcée, de son instinct de survie dans cette belle planque vosgienne alors que l'humanité s'est assombrie, le gouvernement français effondré et que les énergies fossiles ont disparu.
Peut-on vivre en autarcie ? Quel sens donné à sa vie quand on est complètement seul ? Isolé de tout ? Sauf des livres 😉 Peut-on éviter la folie ?
Heureusement, deux congénères et une vache vont faire irruption, pimenter son quotidien et nous faire vivre, à nous lecteurs, de belles scènes cocasses.
Salvatore est un survivaliste qui n'a pas été sans me rappeler la série The Last Of Us que j'ai regardée en parallèle de ma lecture. Et c'était franchement troublant. Salvatore, au fil des pages, s'est mis à physiquement ressembler à Pedro Pascal ... J'étais en bonne compagnie, donc ;-)
Je remercie ici Babelio, les éditions Au Diable Vauvert pour la découverte d'Antoine Jaquier. J'ai aimé son choix de marquer ces pages d'humour et d'ironie, le parler "cash" qu'il prête à Salvatore, ce parti pris de dénoncer les défaillances de notre système politique, économique, social et environnemental en ouatant ses propos, en les peignant de légèreté - d'un semblant de légèreté.
Une première rencontre, aussi, pour moi avec l'écriture inclusive, sur laquelle j'ai buté au début, pas habituée probablement, mais lire, vivre, communiquer sans stéréotype, c'est tellement (plus) normal, que je n'y ai plus fait attention !
Une lecture que j'ai appréciée, qui fait réfléchir... et si, et si, un monde sous le monde où le "paradis, c'est les autres", où vivre en connexion avec la nature était possible ?
Merci Antoine Jaquier. Je suis ravie d'avoir découvert votre univers...ici sans dessus-dessous et délicieusement psychédélique, j'adore !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Je découvre cet auteur suisse avec ce roman que j'ai beaucoup aimé et qui m'a donné envie de lire ses précédents livres publiés aux éditions Au Diable Vauvert.
J'ai tout de suite été charmée par l'écriture et j'ai eu envie d'enchaîner les pages. Dans un style d'apparence simple, l'écriture est fluide. La langue est commune. Il y a de l'humour, une certaine ironie, une nostalgie aussi et de la profondeur. le roman est riche en éléments.
Il s'agit d'un roman d'anticipation proche. On se situe vers 2030. La situation décrite est plausible, réaliste. Suite à l'effondrement de notre système, en France et en l'Europe, plus rien ne fonctionne : « Pas d'essence – pas de camion. Pas de camion – pas de chocolat. ». Un cadre Parisien, Salvatore, avait anticipé et retapé une ferme dans les Vosges, en pleine forêt. Il y a réuni tout le matériel nécessaire pour survivre et être en autosuffisance. Sa vie solitaire change avec l'arrivée de Mira, sorte de Harley Queen sauvage. Puis arrivent Alix et sa vache. Et enfin ils rencontreront Sacris, qui possède de l'ayahuasca, une drogue chamanique utilisée à but thérapeutique en Amérique du Sud. Une sorte de huis clos se met en place entre ces personnes aux profils socio-économiques très différents.
Bien sûr, on pense à « La route » de Cormac McCarthy, mais ce roman n'est pas du tout sombre. Enfin il y a bien quelques scènes violentes et un peu d'anthropophagie, mais il faut bien survivre ! L'auteur fait une critique du monde politique actuel, tout en apportant des éléments historiques (les animaux domestiques mangés pendant la Commune de Paris en 1871 par exemple) et surtout une culture populaire omniprésente. Ce livre regorge de références à des films, des livres, des séries, on y croise même « l'amour est dans le pré » !
Antoine Jaquier montre que les compétences additionnées permettent de survivre. Salvatore réalise que « même un misanthrope a besoin d'autrui ». A la solitude, il va préférer ses compagnons. L'auteur est en empathie avec ses personnages. L'un d'eux est « gender fluid » ou transgenre. L'auteur utilise alors l'écriture inclusive « iel » et la lecture reste très fluide. C'est donc un pari réussi.
Lors de la rencontre VLEEL, il nous a dit écrire sur des sujets lui tenant à coeur, comme la permaculture. Et aussi que nous sommes tellement « addicts » à notre confort que nous ne ferons pas de changements dans notre mode de vie tant que notre frigo sera plein.
Ses auteurs préférés sont Philippe Djian (c'est d'ailleurs lui qui a recommandé son manuscrit à Marion Mazauric, l'éditrice), John Fante, Bukowski, Irwin Welsh, Bret Easton Ellis. Il ne s'enferme pas dans un style. Il lit aussi des classiques mais n'a pas culture littéraire SF hormis Huxley et Orwell. Son prochain roman sera sur l'éco-terrorisme, c'est donc le sujet qui l'agite en ce moment.
J'ai lu ce roman dans le cadre du Prix Orange du Livre 2023. Il ne fait pas partie de la sélection mais je vous le recommande vivement. Ce serait dommage de manquer ce livre et cet auteur !
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Trouvé des torches électriques rechargeables à la dynamo. Des médicaments à la date de péremption la plus éloignée possible. Des litres de désinfectant. Une agrafeuse à points de suture. Des bandages au mètre et même un tourniquet remplaçant de ce bon vieux garrot pour arrêter le saignement en cas de blessure grave.
Ma grande victoire a été, à défaut de morphine, le carton d’antibiotiques à large spectre acheté au black à la cantine des stagiaires en médecine de la Salpêtrière.
- Z’ont qu’à nous payer correc’, m’avait dit le jeune homme alors que je m’inquiétais que le stock manque à son service.
Je ne ratais pas une occasion de venir dans les Vosges mais ma femme refusait de m’y accompagner. Elle se fichait de moi et de ma BAD, base autonome durable, et me reprochait à la moindre occasion le crédit pris pour l’achat de ce qu’elle considérait comme une ruine. Je lui faisais honte avec mes prophéties délirantes qui débordaient de partout dès que j’ouvrais la bouche. Ne comprenant pas que c’était la Création tout entière qui nous poussait vers la sortie, elle s’obstinait à donner sa confiance à ce gouvernement pour lequel elle avait voté et dont elle ne voyait pas les ficelles. L’appartement du VIIIe arrondissement était selon elle notre seul vrai repaire. Jamais l’ennemi n’oserait utiliser de bombe nucléaire et nos centrales sont bien gardées, disait-elle.
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Malheureusement pour le monde, les événements m’ont donné raison. Trop orgueilleux pour plier, le système a rompu. La maxime affirmant que neuf repas séparent la civilisation du chaos était à peine exagérée. Le jour où les pompes à essence d’Europe ont cessé d’être ravitaillées, un mois a suffi pour vider hôpitaux et supermarchés de leurs biens de première nécessité. Pas d’essence – pas de camion. Pas de camion – pas de chocolat. Très vite l’argent ne permettait plus d’acheter. Il n’en fallut pas moins pour découvrir que nous ne fonctionnions pas à flux tendu que pour les masques et le paracétamol, parfaitement dépendants d’un pétrole et d’un gaz que nous ne possédions pas. Apprenant hébétés, de la bouche de notre président, qu’une centrale ne peut pas tourner sans hydrocarbure et que les réserves du pays, tant vantées lors des premiers vacillements, s’avéraient au final insuffisantes face à la réalité des besoins.
A lire la terreur dans les yeux de notre chef des armées ce jour-là, nous comprîmes vite que nous ne le reverrions pas.
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Mira avait pédalé pour charger la batterie et regardait l’unique série stockée dans mon laptop, onze saisons tout de même. Si c’était à refaire, ce sont des dizaines de téraoctets de films et autres vidéos que je conserverais au chaud dans un disque dur externe. Sans compter la musique. J’amoncellerais également jeux de cartes et autres jeux de société. On mesure mal le défi que représente la gestion de l’ennui dans un univers tournant au ralenti. Lorsque chaque watt d’énergie est investi dans la logistique, les divertissements se rabougrissent et si je n’avais pas pensé à amasser de la lecture, je crois que je me serais suicidé le deuxième hiver.
Une bibliothèque bien fournie est de plus l’élément clé de la survie. Le réflexe Google nous l’avait fait oublier. Même si on peut tout planifier, rien ne se déroule comme on l’imagine et la science contenue dans la littérature spécialisée permet de gagner cinq ans d’expérimentations foireuses, cinq ans que d’ailleurs nous n’avons pas, lorsque l’on vit au jour le jour.
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Pour passer le temps durant ma convalescence, je l’avais imité et j’avoue que lire Stephen King m’avait fait un bien fou. Un habitant de la maison semblait avoir une passion pour son œuvre. Cette mayonnaise faite de petites gens, d’événements inexplicables et d’horreur était bien plus ancrée dans le réel que mes rangées de collections dorées sur tranche de littérature blanche. Pensant que j’allais me délecter jusqu’à la mort de cette érudition, de ces sentiments ambigus, de ces caresses du bout des doigts ou au contraire de cette expression de fantasmes dégueulasses de vieux libidineux incapables de bander sans chimie, j’avais été trop élitiste dans la composition de ma bibliothèque. Cette vanité n’était aujourd’hui plus que le témoignage d’une époque révolue qui avec le recul paraissait bien étrange. Individualisme et glorification du moi. Quand je disais que l’ayahuasca avait changé quelque chose. Tout ce temps perdu.
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Depuis qu’iel nous avait rejoints, Alix utilisait mes rasoirs et jamais je n’avais vu l’ombre d’un poil à son menton. Garçon ou fille, bien malin celui qui aurait pu le dire. Iel était un superbe spécimen de l’espèce humaine, sorte de Julien Doré non-binaire comme on aimait le dire avant la fin des temps. Son élégance tranchait avec le champ de ruines.
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