Le déni psychologique permet de passer une soirée tranquille mais l'usage intentionnel de l'oubli permet d'éprouver le bonheur d'être raciste.
Comme dans tout développement on pourra parler de résilience que longtemps après, lorsque l’adulte enfin réparé avouera le fracas de son enfance. La résilience constitue donc un processus naturel qui se tricote avec ses milieux écologiques, affectifs et verbaux. Chacun d’eux sont tributaires les uns des autres.
Les troubles de I'affectivité persistent longtemps puisque les enfants veulent séduire ceux qui les maltraitent et maltraitent ceux qui les séduisent. Mais l'idéalisation et l'intellectualisation se mettent en place très tôt et protègent les enfants. Paradoxalement, quand on les sépare de leurs parents maltraitants, on accentue leur idéalisation. Ils se mettent alors à rêver des parents parfaits qu'ils auraient tant voulu connaître.
Moins on a de connaissances, plus on a de convictions. Contester un savoir donne le plaisir de l’échange, alors que s’opposer à une conviction revient à traiter l’autre de menteur, de fou ou d’idiot. On se fâche bien plus pour défendre une opinion que pour élaborer une idée. La pensée collective a une fonction plus religieuse qu’intellectuelle : dire tous ensemble la même chose permet de mieux nous aimer en partageant la même vision du monde. C’est pourquoi les stéréotypes nous tiennent à cœur.
Il faut que l’enfant blessé ait eu le temps d’écrire plusieurs chapitre de son histoire afin que, se retournant sur son passé, il puisse se rendre compte qu’il en a triomphé. Ce n’est que bien plus tard, en arrivant à l’âge du sens, que nous pouvons attribuer au fracas de l’enfance une signification de triomphe
Qu'un seul milieu défaille et tout s'effondrera. Qu'un seul point d'appui soit offert et la construction reprendra.
Le crayon et la plume nous défendent bien mieux que l'activisme, la vengeance, l'isolement ou la régression. L'écriture rassemble en une seule activité le maximum de mécanismes de défense : l'intellectualisation, la rêverie, la rationalisation et la sublimation
Plus l'école orientera nos enfants et plus les institutions les prendront en charge, plus ces jeunes vulnérables auront du mal à s'en sortir, car un peu de désordre (ou en tout cas une absence de rigidité) laisse une place à l'inventivité. Si les idiots de village deviennent aujourd'hui des idiots d'institution, c'est parce que notre société les prend beaucoup en charge.
Un malheur n'est jamais merveilleux. C'est une fange glacée, une boue noire, une escarre de douleur qui nous oblige à faire un choix : nous y soumettre ou le surmonter. La résilience définit le ressort de ceux qui, ayant reçu le coup, ont pu le dépasser. L'oxymoron décrit le monde intime de ces vainqueurs blessés.
Quand Baudelaire, champion de l'oxymoron écrit : "Chaque instant te dévore un morceau de délice ...Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or.", il definit parfaitement l'alchimie de la douleur, la necessaire rencontre qui provoque la métamorphose des grands blessés de l'âme. Ils n'ont pas à choisir, eux, entre le pour et le contre, entre la thèse et l'antithese. Ils sont blessés, c'est comme ça! Ils n'ont qu'à s'adapter et être heureux quand même, s'ils le peuvent, dans la boue et la douleur : "Ô fangeuse grandeur! sublime ignominie."