Un livre entre le zoo et la ménagerie sur papier. Des félins derrière leurs barreaux. Un ours solitaire sur son glaçon. Des oiseaux en cages. Un rhinocéros dans l'impossibilité de se déplacer. Voilà, tous les acteurs de la comédie animalière représentée dans les toiles de
Gilles Aillaud (1928-2005), peintre souvent associé à la Figuration narrative et à la Nouvelle Figuration. Depuis son enfance, il fréquente régulièrement les zoos parisiens (Vincennes, Jardin des Plantes) où il dessine inlassablement les animaux emprisonnés. Cependant, ses toiles passent outre des limites de la figuration narrative (dont les principaux représentants sont Adami, Erró,
Jacques Monory, Hervé Télémaque). Elles décrivent le monde du zoo, un univers des faux-semblants, en béton (les rochers artificiels), en verre (les parois transparentes), en bois (les boxes étroits) et en carrelages (les espaces proches des salles de bain). Un tas d'indices qui révèlent l'artificialité de l'endroit. Et, au coeur de toutes ces oeuvres exposées dans les salles de la Villa Médicis à Rome, s'offre à nous tout un pan du travail de
Gilles Aillaud, par ailleurs, décorateur de théâtre et auteur. Son avis sur le zoo est révélateur : « Leur isolement forcé illustre la nature des rapports de domination ambiguë qui lient l'homme et l'animal » Est-ce pour cette raison que nous ressentons de l'empathie pour ces animaux, prisonniers de leur condition, comme nous le sommes de la nôtre ? Une oeuvre figurative d'une grande force par son originalité, par son sens de la composition et de la couleur. A découvrir le plus vite possible.