Un livre très documenté, très drôle et très touchant. Et en plus très bien écrit et agréable à lire sur nos amis les rats.
Il aurait mérité les 5 étoiles si l'auteur ne faisait pas de temps en temps des allusions politiques (discréditer la bourgeoisie française, dire que c'est un peu eux la peste du pays et j'en passe du même genre). Mais c'est vraiment le seul point négatif.
À lire si vous aimez les animaux, et à lire absolument si vous aimez les rats ou que vous êtes curieux à leur sujet.
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Excellent livre sur la vraie vie des rats, ses origines, sa vie à travers le monde. Ce livre est la bible du rat
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L'animal choisit sa pièce : après avoir jeté un regard dédaigneux sur un demi-boeuf, il s'arrêta devant une belle portion de rumsteck, se lécha les babines, se lissa les moustaches et, dans un mouvement acrobatique très spectaculaire, tenta de le soupeser.
Puis il fit demi-tour et revint avec un comparse.
Après moult efforts, les deux audacieux ne parvinrent pas à faire choir au sol ce copieux morceau.
Alors, l'un deux courut au renfort. Les garçons bouchers qui s'amusaient de ce spectacles virent arriver sur la barre métallique une procession d'une quinzaine de surmulots costauds comme des videurs de boites de nuit.
Avec promptitude et détermination, ils s'agrippèrent les uns aux autres et unirent leurs efforts pour, de leurs dents, agrandir le trou qu'avait fait le crochet dans la viande. Leur peine fut récompensée car le morceau se décrocha.
En un rien de temps, ils se retrouvèrent tous à terre avec un ordonnancement, une maîtrise et une joie dans le labeur qui fait souvent défaut à nos travailleurs syndiqués, ils firent glisser le rumsteck sur plusieurs mètres et le catapultèrent dans une bouche d'égout qui se trouvait à proximité.
Certains savant s'accordent à penser que, selon nos critères, le rat occupe, dans la hiérarchie de l'intelligence animale chez les mammifères, la troisième position après l'homme et le chimpanzé. Comme il nous arrive plus volontiers de croiser des rats dans des caves, dans des caniveaux, sur des décharges publiques ou sur les berges de la Seine que des chimpanzés, j'ai préféré, au lieu de gloser sur ce singe qui m'indiffère, me pencher sur le citoyen gaspard, d'autant que sa parenté psychologique, biologique et sociologique avec l'homme fait de lui notre plus proche cousin, pour ne pas dire notre frère approximatif.
Les rats nous observent dans l'ombre de leurs égouts. Ils se lissent les moustaches de joie car ils n'ignorent pas que notre civilisation fermera bientôt son guichet.
Un jour, deux petits rats se promenaient benoitement côte à côte.
Soudain, retentit un coup de carabine. L'un des deux promeneurs, touché à mort, s'écroula.
L'homme, je veux dire l'assassin, qui commit ce crime, allait en commettre un autre, mais il remarqua que le rat qu'il n'avait pas tué venait de s'immobiliser.
Avec précaution, il s'approcha de lui et constata qu'il était aveugle. Quant à celui qui gisait au sol, il tenait dans son museau une petite brindille pour guider son compagnon de cécité.
Par vous nous savons que les barreaux n'existent plus ; que la voie la plus courte d'une lueur à l'autre est l'égout, le cloaque, le fumier, les soutes, l'eau épaisse et fangeuse par où nous allons, dérivant, multitude humaine, vos frères sans queue aux longues oreilles, astres morts, aux poils d'argent.
Interview de Michel Dansel, Directeur Littéraire et Professeur de la Syntaxe à l'Académie Balzac