On pourrait imprimer un avertissement au dos des livres: "ATTENTION ! Les lectures qui vont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses. "
Pourquoi continuer à lire un livre? C'est un des effets dévastateurs de l'espoir. Si un livre est mauvais, il ne devient jamais bon.
“Ne lisant plus, l’humanité sera ramenée à l’état naturel, parmi les animaux. Le tyran universel, inculte, sympathique, doux, sourira sur l’écran en couleur qui surplombera la terre.”
La lecture: une ampoule s'allume et éteint ce qui l'entoure.
Une définition de la littérature pourrait être: "Tentative de formulation de l'informe." Tout livre même de fiction, est un essai, dans la mesure où il cherche à avoir une forme. Dans l'informe de la vie,il prend, il rejette et classe, et c'est cette formulation qui apporte du sens. Le lecteur, face au flasque, lit pour deviner les formes multiples du monde. (p.74).
On lit pour voir chez les autres les défauts que nous nous cachons à nous-mêmes.
Lire, lire, c'est très bien, mais il y a aussi des moments où il est bon de ne pas le faire
Plus je lis, moins j'ai l'impression d'être civilisé. La lecture des grands auteurs me montre que je n'ai jamais cessé d'être un barbare, un ignare, un imparfait de la plus grande imperfection et qu'on ne croie pas que je m'en flatte. Je manque de paix intérieure, la lecture ne ma l'a pas apportée. Je n'en accuse pas les livres. (p. 99)
Lire est déraisonnable. Il y a des choses bien plus importantes, disent les importants. C'est vrai. Et, le sachant, nous continuons en sifflotant ces lectures qui nous privent de la gloriole et la fortunette
Lire pour les titres
(...)Elle [Marguerite Duras] aime dire les choses crûment, étant une chasseuse de bienséance, comme tous les écrivains sérieux, ces impolis qui décrivent des choses que les pouvoirs établis, pour leur tranquillité, voudraient laisser tues. (p. 52-53)