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3,52

sur 1128 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
C'est rare quand cela m'arrive, mais j'ai calé. Non pas que ce livre soit mal écrit ou difficile d'accès, mais je n'ai pas compris le message.
La lecture des premières pages m'avait plutôt enthousiasmée. Beau style, ambiance.
Faire parler le frère de "l'arabe" assassiné sur la plage par Meursault dans l'Etranger de Camus, pourquoi pas.
Proposer une relecture, c'est possible.
Mais réinventer le personnage de Meursault ? Je n'ai pas compris l'intérêt.
C'est dommage, car l'auteur avait sans doute des messages intéressants à faire passer, il a de surcroît d'indéniables qualités d'écriture, mais je ne suis pas arrivée à achever le livre. J'en ai lu à peu près la moitié.
Si quelqu'un me conseille de poursuivre, avec quelques éclaircissements, peut-être l'achèverai-je un jour ...
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Avec son livre Meursault, contre-enquête, Kamel Daoud propose de réécrire L'Etranger de Camus de droite à gauche. Cette écriture en miroir a pour objectif de redonner vie à l'Arabe qui n'apparaît dans l'oeuvre de Camus que pour disparaître aussitôt. Faire un pastiche de L'Étranger était-il le meilleur moyen de donner une identité à l'Arabe ?
Dans L'Etranger de Camus, un homme nommé Meursault tue un Arabe et est condamné à la peine capitale. Néanmoins, le tribunal reproche bien davantage à Meursault de n'avoir pas pleuré à l'enterrement de sa mère que d'avoir tué « l'Arabe ». La victime disparaît du livre, volatilisée, et n'intéresse personne. « Il y a de quoi de se permettre un peu de colère, non ? » (p. 74) répond Kamel Daoud qui donne à cette victime un nom, un corps, et nous enseigne comment il aurait fallu lire L'Etranger.
Camus avait-il conscience que le seul Arabe présent dans sa littérature disparaît, assassiné, sans que personne ne prête attention à son corps, au deuil de ses proches, ni même à son nom ? ou a-t-il sciemment créé le malaise pour dénoncer leur condition ?
La seule question qui vaille d'être posée est balayée d'un revers de manche par Kamel Daoud qui confond le narrateur et l'auteur. le narrateur de Kamel Daoud n'est autre que son alter ego, certes, mais Albert Camus ne s'est pas interdit d'avoir un peu plus d'imagination. Non, Camus n'a jamais tué un Arabe sans lui attribuer de nom, il n'a pas enterré sa mère sans verser une larme et n'a pas été condamné à mort. Tant s'en faut. Mais son incompréhension du livre d'Albert Camus est beaucoup trop flagrante pour n'être pas délibérée ; et feinte. Les incriminations de « ton auteur », « ton héros », « ton peuple » à longueur de pages, font de Haroun, le narrateur de Meursault, contre- enquête et frère de la victime, un donneur de leçons adressées au lecteur occidental qui devrait, selon lui, réapprendre à lire Albert Camus.
À travers diverses déformations de l'histoire, Kamel Daoud pousse le misérabilisme jusqu'au bout. le corps de l'Arabe n'a jamais été retrouvé, ni même recherché. La famille de l'Arabe est pauvre parmi les pauvres, si bien que, pour être le premier à arriver chez le colon et proposer ses services, Haroun doit crever les pneus du vélo d'un arabe moins indigent. Kamel Daoud ne s'est pas contenté de gloser sur ce qu'aurait pu être l'histoire de la victime oubliée, il la réinvente. « Reste la prostituée ! Je n'en parle pas parce qu'il s'agit d'une véritable insulte. Une histoire fabriquée par ton héros. Avait-il besoin d'inventer une histoire aussi improbable que celle d'une pute maquée que son frère voulait venger ? [...] Une pute dont le frère arabe se devait de venger l'honneur. » Vraiment ? Camus est très laconique sur la femme à l'origine de cette affaire de moeurs. Son narrateur dit simplement « c'était une Mauresque » et son ami, qui loue une chambre pour elle, « il y avait tromperie ». Mais libre à Kamel Daoud d'estimer qu'une Arabe entretenue par un Français est « une pute » et son amant « un proxénète ». L'histoire est transformée dans Meursault, contre-enquête : pour ne pas humilier davantage la famille de la victime, cette « putain » n'est pas sa soeur mais simplement une femme de sa communauté.
Dès les premières pages, Haroun commence son discours par « Je ne veux pas jouer la victime, mais » (p. 40). Mais alors, la joue-t-il ou ne la joue-t-il pas ? Haroun a tué un colon prétendument sans raison comme son frère a été tué par Meursault, car, dit-il, « L'absurde, c'est mon frère et moi qui la portons sur le dos ou dans le ventre de nos terres, pas l'autre. ». Il faut bien reconnaître la fascination pour cet « autre », qu'il soit le colon ou l'écrivain de génie que Kamel Daoud souhaite remplacer en faisant ce roman assumé comme un crime : « Ah, tu sais, moi qui pourtant ne me suis

jamais soucié d'écrire un livre, je rêve d'en commettre un. » (p. 108). C'est en commettant à son tour l'innommable que l'Arabe acquiert un nom – et sa victime garde son nom elle aussi, elle ne saurait être effacée aussi simplement que l'a été l'Arabe. Mais cette quête identitaire, toujours réalisée par opposition au colon, est inachevée. En témoigne le fait que Kamel Daoud dit avoir réécrit L'Etranger de droite à gauche... mais il l'écrit en français ! Les contradictions font en quelque sorte partie de l'identité retrouvée. « Si tu m'avais rencontré il y a des décennies, je t'aurais servi la version de la prostituée/ terre algérienne et du colon qui en abuse par viols et violences répétés. » Volontiers. Pourquoi Haroun s'interrompt-il ? Pourquoi chaque dénonciation de la colonisation est-elle ainsi avortée ? Ce livre est une hésitation sans fin entre une posture de victime et une autre, plus énergique, de revanche.
Très vite, le roman de Kamel Daoud trouve un mobile au meurtre : la vengeance, mot qui fait surface comme une évidence dans la seconde partie du roman, et qui met en échec toute reconstitution de l'absurde. le meurtre de l'Arabe en 1942 était absurde parce que l'indigène ne suscitait que des sentiments d'indifférence chez Meursault ; mais celui du colon ne l'est pas, même après la guerre d'Indépendance, car tuer par vengeance n'est pas absurde.
Lorsqu'à la fin du livre, une femme fait irruption dans la vie de Haroun, le lecteur respire une bonne bouffée d'oxygène. Cependant la femme se retire et Haroun, qui aurait enfin pu devenir un homme marié et fonder une famille, reste prisonnier cette identité, celle du criminel endeuillé. Jamais Haroun ne nous est montré dans ses vices plutôt que dans son crime, avec des habitudes plutôt qu'une obsession, comme un homme avant tout. L'absurde se prête mal à la description de sentiments. Or ce sont eux qui donnent chair à un personnage et font dépasser les préjugés racistes.
Le dernier outrage à l'oeuvre de Camus apparaît à la fin du livre lorsque Haroun attend de mourir de vieillesse. L'hommage en forme de pastiche à l'oeuvre d'Albert Camus est déplacé car l'attente paisible du vieillard est assimilée au couloir de la mort. Ce faisant, les efforts d'Albert Camus pour nous faire sentir l'horreur de la peine de mort sont anéantis. Les tourments de Meursault et de Haroun ne sont pas comparables. L'un est exécuté pour avoir tué l'Arabe et l'autre est à peine inquiété. Car, faut-il le rappeler, il y a des vainqueurs dans cette Histoire et c'est justement pour cela qu'il n'était pas possible de réécrire L'Etranger en forme de miroir. L'estocade finale de Kamel Daoud, d'un bras maladroit et inexpérimenté, achoppe sur une impasse.
Meursault, contre-enquête n'est pas un livre de l'absurde mais du désespoir. Aucun dépassement dialectique n'est proposé à ce jeu du tortionnaire et de la victime où chacun devient son propre bourreau à force de rumination. Si l'oeuvre de Kamel Daoud a le mérite d'avoir repris une à une les pierres de la demeure coloniale pour bâtir son propre logis, la maison qu'il occupe est hantée.
Que ce livre ait obtenu le prix Goncourt du premier au roman est assez inquiétant. Ce prix démontre que Français et Algériens ne peuvent se donner la main autrement qu'en commettant ou laissant commettre un crime et en confondant, dans leur précipitation, narrateur et auteur, outrage et hommage. le ressentiment des uns appelle les bons sentiments des autres, ou l'inverse, ce qui est encore pire. Kamel Daoud surfe sur la vague de la bien-pensance. Ballotté par la répulsion à l'égard des colons et l'admiration pour un géant de la littérature, il se noie dans l'incapacité à adopter une identité propre, indépendante. Avec ce prix, c'est la condescendance qui point, non la reconnaissance éclairée envers une oeuvre. Ne se pourrait-il pas qu'un jour, le jury aborde l'oeuvre d'un Algérien non pas avec des sentiments d'avidité, de rejet, d'amour, de rancoeur, de complaisance, mais enfin d'indifférence ?
Dans Meursault, contre-enquête, l'indigène cesse d'être un étranger pour devenir un ennemi. Les Arabes sont tour à tour des victimes et des bourreaux non identifiés, mais jamais des hommes, tout simplement. En offrant un nom à l'Arabe, Kamel Daoud n'a sorti de l'anonymat que lui-même.
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Vraiment non! c'est le bouquin qu'on vend aux lycéens pour accrocher quelque chose au train de l'étranger mais c'est pénible, artificiel. La voix ne "fonctionne" pas, cela sonne faux parfois. C'est forcé, fabriqué comme un succès de librairie programmé. Je plains les étudiants qui doivent ingurgiter cette chose mal faite alors qu'il existe de si beaux livres.
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La démarche est intéressante mais on décroche et le personnage principal se répète.
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Allez savoir pourquoi, j'avais très envie de lire ce livre de Kamel Daoud ! L'étranger de Camus lu, je me suis lancée avec enthousiasme dans cette lecture. Déception totale à l'arrivée.
Je me suis vraiment forcée à le lire jusqu'au bout car je voulais avoir « le fin mot de l'histoire ». Rien en définitive.
Je n'ai pas du tout aimé son écriture, ses élucubrations, ses divagations sans fin, sans rien apporter vraiment de constructif, à part quelques éclairs aussi vite disparus. J'ai eu l'impression d'être étouffée, emmêlée, enfermée dans une pelote inextricable de mots, répétés à l'infini. L'idée de départ était pourtant bonne et c'est bien pour cela que je désirais le lire. Redonner une identité, une existence, une vie, un visage à la victime anonyme de Meursault, qui n'a aucun nom dans le roman de Camus, juste appelé l'Arabe.
Dans son livre, Kamel Daoud parle au nom du frère de l'Arabe, des conséquences que ce crime a eues sur ce jeune garçon et sa mère, M'ma, tous deux devenant un drôle de « couple », elle en « veuve » inconsolable et inconsolée, mère d'un martyre, tué par un Français et lui supportant sur son dos, ce frère mort, ce deuil interminable et impossible, perdant toute identité propre.
Bref, je suis contente, je l'ai lu. Mais je n'ai pas aimé. A vous de vous faire votre propre opinion.

Lien : https://mapassionleslivres.w..
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L'auteur imagine le récit du frère de l'arabe tué de 5 balles par Meursaut dans l'Etranger de Camus. L'idée même du roman est brillante ; cet angle d'attaque donne envie de relire ce classique, dénonce l'impertinence française, au détriment des hommes et de leur origine, raconte le désastre de la mort d'un fils ou d'un frère dans une famille déjà meurtrie par l'absence du père, les rapports muets mais terribles entre la mère et le fils survivants de ce drame, leur recherche, leur revanche, la vacuité de leur vie. L'écriture est belle, ce perd parfois dans des méandres difficiles à suivre, mais retient l'attention et interroge. En prime, l'Algérie devient un personnage omniprésent.
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Par honnêteté et pour garder ma liberté de critique je ne lis jamais les chroniques des autres blogs avant d'avoir écrit la mienne et, en règle général je ne le fais pas non plus après sauf quand je suis déçue par un livre histoire de ...

Pour celui-ci le souci était que bien que j'ai relativement apprécié ce livre, quelque chose me gênait, une forme d'inaccompli qui me laissait un goût amer sans que j'arrive à mettre le doigt dessus

Il s'avère qu'en allant lire les blogs de passionnés de littérature comme moi, je suis tombées sur la critique de Sandra qui est tombée pile dessus.

J'ai donc contacté Sandra pour l'inviter à publier sa critique sur mon blog. Je vous invite à la contacter sur bibliblog.net pour plus de détails.

La note mise à ce livre sera donc la même que celle de l'auteur de cette critique.

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Comme j'avais beaucoup aimé L'Étranger de Camus, lorsque le roman de Daoud était sorti, je m'étais promis de le lire un jour. le temps a passé et j'ai profité des vacances pour l'acheter. J'avoue que j'ai eu un peu de mal à lire ce roman. le récit est mené à la première personne. le narrateur, c'est Haroun, le frère de l'Arabe tué par Meursault. Il est âgé et s'adresse à un interlocuteur qui n'intervient à aucun moment. Je trouvais intéressant de se positionner du côté de la victime, de décaler le point de vue. le narrateur raconte comment il a été marqué par le meurtre de son frère sur la plage.

En effet, leur mère M'ma ne s'est jamais remise de la perte de son enfant et a enfermé son deuxième fils dans le deuil, la mort, la culpabilité d'être vivant alors que son frère était mort. le roman aborde donc la difficile relation mère-fils après une telle tragédie. le personnage de la mère, du point de vue du fils, est sans concession et malgré tout mêlé de tendresse :

« Elle mentait non par volonté de tromper, mais pour corriger le réel et atténuer l'absurde qui frappait son monde et le mien. »

Mais cette relation l'étouffe et l'empêche de vivre pleinement, d'être heureux.

J'ai trouvé la structure du récit intéressante : on navigue au gré des souvenirs et des réflexions du narrateur, dans un mélange qui n'est donc pas chronologique. J'ai trouvé que des éléments se répétaient parfois un peu trop à mon goût, pour bien marteler ce qui est important aux yeux du narrateur. Celui-ci veut surtout donner une identité à son frère tué sur la plage en plein soleil, dont le corps n'a jamais été retrouvé : il s'appelait Moussa parfois surnommé Zoudj, avait un nom, une famille, existait aux yeux des autres alors que Camus a effacé cette identité en ne l'appelant que « l'Arabe » et en n'indiquant jamais les conséquences au sein de la famille de la victime.

« Mon frère Zoudj, lui, est discrètement retiré de la scène et entreposé je ne sais où. Ni vu ni connu, seulement tué. À croire que son corps a été caché par Dieu en personne ! Aucune trace dans les procès-verbaux des commissariats, lors du procès, dans le livre ou dans les cimetières. Rien. Parfois, je vais plus loin dans mes délires, je m'égare davantage. Peut-être est-ce moi, Caïn, qui ai tué mon frère ! J'ai tant de fois souhaité tuer Moussa après sa mort, pour me débarrasser de son cadavre, pour retrouver la tendresse perdue de M'ma, pour récupérer mon corps et mes sens, pour… »

Pour éviter de dévoiler la suite du roman, je dirais simplement d'autre part que le narrateur s'inscrit dans la ligne de Meursault et agit dans ce roman comme en miroir par rapport au héros de Camus. Il pose ainsi la question de la légitimité du meurtre en temps de paix et en temps de guerre, ce que j'ai trouvé intéressant.

Toutefois, même si les actions des deux héros sont symétriques, Haroun ne ressemble pas à Meursault : nous ne retrouvons pas cette froideur, cette indifférence qui font son étrangeté et sa particularité. Cela se voit à l'écriture elle-même, véritable dialogue à sens unique avec un interlocuteur muet mais pris en compte. C'est aussi et surtout souligné par la relation du narrateur aux femmes, à sa mère pour laquelle il éprouve de véritables sentiments complexes et contradictoires, et surtout à Meriem dont il tombe amoureux :

« Il a bien fallu que je me redresse et que je la regarde enfin. Et je l'ai vue, cette petite femme frêle aux yeux vert sombre, soleil candide et incandescent. Sa beauté me fit mal au coeur. J'ai senti ma poitrine se creuser. Jusque-là, je n'avais jamais regardé une femme comme une possibilité de la vie. J'avais trop à faire à m'extraire du ventre de M'ma, à enterrer des morts et à tuer des fuyards. Tu vois un peu. On vivait en reclus, je m'y étais habitué. […] lorsque je l'ai aperçue dans le bus d'Alger, j'ai senti un trou dans mon coeur. Déjà sa présence ne suffisait pas à combler ce qui se creusait en moi. »

C'est donc un roman intéressant et original à lire après l'Étranger de Camus dont il est le contrepoint.
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Une écriture exceptionnelle pour ce roman qui a failli avoire le prix Goncourt cette année. Une envie de relire l'étranger de Camus, puisqu'il s'agit d'une sorte de contrepoint à cette histoire, mais je ne suis pas rentré dans l'histoire. Dommage!
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pas aimé du tout...bavard , futile, pseudo philo....Non, pas bon .
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Quelle lecture pénible ! Toute en longueur, ça se traîne, ça tourne en rond continuellement. Daoud ressasse les mêmes arguments, les mêmes thèmes…encore et toujours. On se dit qu'à un moment il faudra bien sortir un lièvre de sa manche pour donner de l'ampleur à son livre… et bien non…Il m'a même par moment sembler tomber dans une sorte de misérabilisme sans grand intérêt. Camus m'a semblé avoir autrement plus de talent pour faire vivre ses personnages et donner un souffle plus puissant à son livre...question de gouts...
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