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3,52

sur 1124 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Voici un texte court, dense, lumineux par la langue, à l'écriture sublime, à la fois riche et sobre, un défi?, une sorte de lettre? oú l'auteur Kamel Daoud, journaliste algérien donne la parole au frère de l'arabe assassiné par Meursault, un vieil homme qui rumine sa solitude et sa colére....
C'est un écho indispensable à l'Etranger d'Albert Camus.....un hommage superbe par le style mais ambigu.....
Cet ouvrage interroge l'identité, la nationalité, la richesse de la littérature, il traduit surtout la complexité des héritages du passé, doubles?faux semblants?réflexion aussi sur l'humiliation et l'injustice de la colonisation, l'impossibilité de rompre avec la France et sa culture, le besoin et la vanité de la revanche, enfin une vision désabusée et désarmée face à l'Algérie Contemporaine.....
J'ai été touchée surtout par la beauté de la langue.....

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Kamel Daoud écrit une suite à "l'Etranger" d'Albert Camus. dans lequel on voit Meursault assassiner un Arabe sur la plage.
Dans le roman, nous faisons connaissance avec Haroun, le frère de l'Arabe et de sa mère qui ne fera jamais le deuil de son fils.
Etrangement, Kamel Daoud nous présente les faits comme s'ils étaient réels et à travers Haroun, il invente une identité à l'Arabe qui porte le nom de Moussa. Pour Haroun, il est anormal de ne pas avoir donné plus d'importance au mort dans le livre.
Tout au long des pages et surtout dans la dernière partie, Haroun vivra les mêmes évènements que Meursault mais il va devenir un redresseur de torts et se détruire lui-même. Ce drame a habité toute sa vie avec l'aide sa mère qui se complaît dans un deuil malsain ( expression de l'auteur).
En marge du récit, on vit aussi la haine qui existait avant l'indépendance entre les "colons" et les Arabes.
On perçoit aussi le malaise que ressent l'auteur envers la société dans laquelle il doit vivre à Oran, les interdits et c'est sûrement cela qui lui a valu une fatwa de la part d'un imam.
Haroun est le narrateur, il parle à la première personne.
Le tutoiement qui apparaît souvent est étonnant, il s'adresse au lecteur de Camus et à son lecteur. C'est tout à fait questionnant, j'ai d'abord pensé qu'il s'agissait de Camus puis de Meursault et j'ai petit à petit compris.
L'écriture est très belle, j'ai relevé de nombreux passages sur le chemin de ma lecture.


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Souvenir de lecture ou relecture récente, tout le monde a lu "L'étranger" et c'est utile pour entrer dans le livre de Kamel Daoud. C'est à partir de ce postulat que se fonde la contre-enquête qui donne un nom à l'assassiné, son frère.

Je me suis perdu dans ce roman dont je n'ai pas trouvé la direction du propos et qui a ressemblé, pour moi, un peu à une divagation. Les écarts et autres digressions rendent le récit heurté. le verbe claque mais je suis passé à côté de ce livre que les lycéens ont apprécié.
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Le problème de ce livre, c'est que les prémisses en sont fausses : Meursault n'est pas Camus et Camus n'est pas Meursault (alors que l'auteur ne cesse de les confondre). Suggérer, ne serait ce qu'au hasard d'une phrase, que Camus aurait trouvé normal de tirer un Arabe comme un lapin parce qu'il se serait embêté sur une plage trop chaude n'est pas sérieux (pour ne pas dire plus) : on connaît assez l'humanisme de Camus pour ne pas se risquer à lui faire ce procès d'intention. Feindre de ne pas comprendre que l'Etranger est la peinture d'une sorte d'autiste, coupable justement d'une monstrueuse insensibilité, et que le meurtre de l'Arabe, par son abjection, fait partie de cette peinture, c'est finalement un peu trop facile. A côté de cela le livre est bien écrit et très intelligent, il se fait aussi l'écho du manque d'espoir d'une certaine jeunesse : en un mot, il mérite d'être lu, à condition d'être conscient qu'il repose sur une erreur d'interprétation.
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J'attendais certainement beaucoup de ce roman dont l'idée de départ très originale avait de quoi attiser la curiosité du lecteur, ne fut-il pas camusien du reste.

Car ici nous sommes dans le négatif de "L'étranger", dans le non-dit du célébrisssime roman, de l'oeuvre majeure de la littérature francophone du Xxème siècle. Peut-être même le roman français le plus connu dans le monde.

Donc le défi est immense.

On suit le cheminement de la pensée du frère de "l'arabe" celui que Meursault a tué sur la plage d'Alger un jour de Juillet 1942 à 14h. Et tout le poids de cet assassinat pèse sur sa vie. Comme une barrière infranchissable. Ou pour reprendre une métaphore camusienne, comme Sysiphe poussant son rocher. Un éternel recommencement.

Le texte toutefois est bien écrit, et ouvre intelligemment sur trois époques de l'Algérie (colonisée, au moment de l'indépendance et aujourd'hui) mais il n'emporte pas le lecteur. C'est lent, c'est un peu long, c'est parfois répétitif. Mais malgré tout, ceux qui ont aimé "l'étranger" pourront s'y intéresser car il pose des questions pertinentes sur l'identité et sur l'altérité.

Sentiment mitigé donc, pas vraiment emballé sans être vraiment déçu. A chacun de se forger son opinion.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Ce monologue, qui ressasse les obsessions et les frustrations du présumé frère de l'Arabe tué dans l'Etranger, est-ce vraiment un roman ? Ou un long poème en prose ? Ou bien une parabole exprimant une protestation, une revendication, un manifeste ?
Meursault contre-enquête, j'avais trouvé l'idée géniale. Bâtir une fiction autour de l'Arabe tué dans un roman culte écrit en 1942 par Albert Camus, prix Nobel de littérature, humaniste visionnaire reconnu. Et pied-noir de son temps, comme le montre Kamel Daoud avec une ironie douce-amère empreinte de délicatesse. J'ai trouvé l'écriture sublime. J'ai aimé que l'auteur reste fidèle à des idéaux en porte-à-faux : indépendance nationale et laïcité à la française (mais oui), traditions et modernité. Mais j'ai fini par me perdre dans les délires répétitifs d'Haroun, le narrateur, n'aspirant plus qu'à parvenir à la fin du livre.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Et bien, j'ai failli ne pas le finir ce petit roman de 150 pages ; j'ai failli abandonner à moins de la moitié. Il faut dire que je ne comprenais pas du tout où voulait en venir Kamel Daoud. Pendant plus de 50 pages c'est un vieillard qui ressasse qui ressasse qui ressasse encore le fait que son frère, le fameux Arabe de l'Etranger, n'ait pas été nommé. de plus, les personnages de Meursault contre-enquête sont absolument détestables: la mère est une caricature de la Méditerranéenne stupide, aigrie, jalouse, quasiment incestueuse. le fils et frère de l'Arabe ( Moussa en réalité) est insignifiant, dominé, revanchard, ivrogne, probablement menteur. Avec un tel début, on aurait pu croire à un roman écrit par un indigéniste. Je ne comprenais absolument pas comment ce livre avait pu être encensé par la critique et recevoir le Goncourt des lycéens. Je ne comprenais pas en quoi Meursault contre-enquête était un hommage à Camus. J'ai quand même décidé de continuer et bien m'en a pris car, au-delà du fait que Kamel Daoud écrit extrêmement bien, j'ai fini par comprendre que Meursault contre-enquête est bel et bien un contrepoint de l' Etranger. Il y a un effet de miroir entre les deux livres et le propos est loin d'être aussi simpliste qui n'en a l'air. Meursault interroge sur la colonisation et sur la manière dont elle est ressentie, sur la vie et sa valeur et sur le rapport aux autres. C'est pourquoi, au final , j'ai beaucoup aimé cette lecture qui m'a donné envie de relire l'Etranger.
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Le narrateur de cette histoire, Haroun,est le frère de l'arabe tué par Meursault.
Ancien fonctionnaire à l'inspection des domaines, Haroun est un vieillard plein de rancoeur. Il vit à Oran. Sa M'ma est encore vivante. Attablé dans un bar, buvant du vin, il raconte son existence. A qui s'adresse-t-il ? à lui-même ? à Meursault ? à Camus ? au lecteur ?

Dans la première partie de l'ouvrage il parle surtout de Moussa, son frère, "l'arabe" assassiné. Sa mère ne se remettra jamais de ce deuil : la tombe est vide, le corps n'a jamais été retrouvé. L'ombre de ce frère a affecté toute sa vie :
"j'ai tant de fois souhaité tuer Moussa pour retrouver la tendresse perdue de M'ma, pour récupérer mon corps et mes sens, pour... Étrange histoire tout de même. C'est ton héros qui tue, c'est moi qui éprouve de la culpabilité, c'est moi qui suis condamné à l'errance".... (P57)

Dans la dernière partie Haroun parle de l'Algérie actuelle, de l'Indépendance à laquelle il n'a pas participé ce qui lui sera reproché lorsqu'il sera interrogé pour avoir assassiné "le roumi Joseph" :
"...Il se mit à bégayer qu'il y avait une différence entre tuer et faire la guerre, qu'on était pas des assassin mais des libérateurs, que personne ne m'avait donné l'ordre de tuer ce français et qu'il aurait fallu le faire avant. "avant quoi ?" ais-je demandé. "avant le 5 juillet ! oui avant, pas après, bon sang !" (p. 119).

L'auteur fait de nombreuses références au livre de Camus en prêtant à son personnage des événements et des actes identiques ou contraires à ceux de Meursault :
L'incipit : "aujourd'hui maman est morte" ; "Aujourd'hui , M'ma est encore vivante",
l'assassinat : Meursault abat un inconnu appelé l'arabe, Haroun abat un français, Joseph Larquais,
Meursault est aimé de Marie, Haroun aime Mariem.
Dans les dernières pages, Meursault a une altercation violente avec l'aumônier de la prison, Haroun avec l'imam.

Enfin, la dernière phrase des livres : "il me reste à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateur le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine" (A.camus). "je voudrais moi aussi, qu'ils soient nombreux mes spectateurs , et que leur haine soit sauvage". (K.Daoud).

Bon livre mais certains passages m'ont paru un peu nébuleux.
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Je me souviens très bien avoir demandé en classe de première, pourquoi « l'Arabe » de « L'étranger » n'avait pas de nom, je crois me rappeler que le professeur avait expliqué le caractère détaché de Meursault et que donner une identité à sa victime aurait affadi le propos de l'auteur. Peut-être, mais voilà qu'avec un talent complètement différent Kamel Daoud pose autrement la question et il nous entraîne dans le destin de l'Algérie. Cela le fait souffrir qu'un des livres les plus lus au monde soit un chef d'oeuvre mais dont l'événement central soit le meurtre d'un homme dont on ne sait rien de plus sinon qu'il est « Arabe ».

Toute la première partie du roman, il voit dans cette absence d'identité un des malheurs de la colonisation, puis il nous entraîne dans les autres tragédies de l'Algérie dues le plus souvent à la religion. Mais tout cela ne dit rien du talent de cet auteur qui reprend à son compte le roman d'Albert Camus au point d'en faire un véritable pastiche. On retrouve tous les moments de « l'étranger » et on sent l'homme révolté poindre à travers tout ce long monologue. La colère de Meursault contre le prêtre qui veut le ramener vers Dieu avant sa mort , rejoint celle de cet Algérien qui veut vivre libre chez lui en s'affichant non croyant. On pense également à « La chute » à cause du monologue dans un café, et la mauvaise conscience du narrateur qu'il veut faire partager à son lecteur.

C'est un superbe hommage à Camus et à la littérature française. Pourquoi ne suis-je pas aussi enthousiaste que d'autres lecteurs de ce livre ? parce qu'il m'a rendu profondément triste. L'auteur réussi par la colère à transcender ses contradictions. Mais pour moi, sa colère a un une odeur de meurtre ; même si je comprends qu'elle lui a été nécessaire pour renaître.
Lien : http://luocine.fr/?p=2120
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Kamel Daoud essaie de répondre à une question que la lecture de Camus fait nécessairement naitre : mais qui était l'Arabe ? Derrière la victime de l'absurde ; il y aurait une vie réelle, ni plus ni moins absurde que toute vie humaine jusqu'à croiser le chemin de Meursault sur cette plage.

Il s'appelait Moussa et avait une mère et un jeune frère. Et aussi un père disparu sans laisser de traces des années plus tôt abandonnant la mère dans le dénuement. Eux vont vivre avec le geste de Meursault et le vide de l'absence. de l'absurde bien concret dans un quotidien de douleur…
Mais n'est-il pas absurde de donner une vie à un symbole, à une figure dont la seule raison d'être décrite était cette inconnaisance que nous avions de lui, comme Meursault l'avait lui-même; comme les Européens l'avaient eux-mêmes à l'égard des Algériens.

L'enquête nous emmène dans le récit du jeune frère dans lequel le récit initial est devenu un meurtre réel transfiguré en ouvrage majeur de la littérature écrit par un assassin et non plus un roman parlant d'un asssassin écrit par un géant de la littérature. Comme si Camus avait jamais été Meursault….

Le frère et la mère, restés seuls, ne vont pas savoir faire le deuil. le jeune homme est témoin de la douleur de sa mère qui ne vit que dans le souvenir de ce fils, la volonté de comprendre ce qui est arrivé de retrouver des témoignages car l'absurde n'est pas une possibilité pour la douleur d'une mère. Elle ne sait pas aimer le seul fils qui lui reste. le récit se poursuite après l'indépendance et les promesses non tenues de cette indépendance. Et l'on comprend aussi que l'auteur parle aussi à son pays de son histoire.
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