Je suis obligé de carillonner longuement à l’huis des Bérurier avant d’obtenir un « qu’est-ce y vient m’faire chier à c’t’heure induse ? » gargouillé en état second.
Je sais bien qu’on ne s’excuse pas, mais qu’on prie quelqu’un de vous excuser, seulement quand t’écris en bon français les lecteurs débandent.
Mme Maurer est encore mieux qu’à la téloche. Belle, secrète, délicate, passionnée, passionnante… Elle ressemble de plus en plus à un Marie Laurencin.
Moi je ne peux plus endurer davantage un tel environnement. Que Formide m’accompagne ou non, ce soir, je les mets. Et ça ne sera pas un au revoir, mes frères, croyez-le bien !
Les heures se traînent. Le Grand Prophète nous remet sa tournée avec ses projets de désapocalypser la planète. Quand il aura agi, ce sera du miel. Le nirvana pour tous. Bonheur à prix fixe. L’intention vaut l’action : merci, prophète.
Je détourne les yeux. Pas lui laisser découvrir mon aversion, mais ce satané Formide est un homme intelligent. Fou, mais intelligent, ce qui non seulement est fort compatible, mais s’affirme complémentaire.
Les hommes sont moches. Tu les regardes, tu comprends que c’était pas la peine. On aurait aussi bien pu demeurer absents, à tout jamais, dans les intersidérations cosmiques. La Terre, planète morte. De la caillasse supra-saharienne. Mais « Il » a créé l'oxygène à « Son » image. Et l'azote. L'hydrogène ; tout le fourbi. « Il » a voulu l'infusoire. « Il » a eu ce caprice pour le protozoaire ; et tout s’est déclenché. Et nous voilà, m’man : toi, moi, tous les pas beaux, les biscornus, bancroches, minus, mesquins, connards, enculés de frais ; tout le monde, comprends-tu ? Qu’est-ce que tu dis ? Que « Sa » volonté soit faite ? Elle est faite rassure-toi. Dans le cul la balayette, m’man. Profoundly ! Regarde-la, en couleur, « Sa » volonté. En train de gnagnater sur un rectangle verre. Tu la vois bien, dis ? Tu admires la façon qu’elle purule ! Qu’elle rengorge ! Non, non, sois tranquille : je ne blasphème pas, c’est pas mon genre. Je me soumets. Je « Le » remercie bien humblement pour le cadeau phénoménal. Je t’ai, tu compenses le reste. Ma planète c’est toi. « Il » m’a tout donné pour un seul de tes regards.