Insipide histoire d'espionnage, cette énième aventure san-antonienne est surtout le prétexte à pléthore d'à-peu-près -certains tordants, d'autres trop sibyllins pour un lecteur d'aujourd'hui- et déluge d'éblouissantes pasquinades. La présence du duo de choc Bérurier et Pinaud échauffe le boyau de la rigolade de l'auteur qui dézingue avec fougue le Gros Lard et le Poussiéreux.
Comme souvent chez Dard, il y a dichotomie entre le fond (plutôt lège ici) et la forme. Dans cet opus (de mer, puisqu'une partie de l'action se joue sur un paquebot), le romancier se montre désopilamment salace : il ose la crudité de ton, appelle un chat une chatte et vogue le navire...
"Elle est née à Palpezy-le-Gros (Manche)" "A bord d'un barlu, ce n'est pas facile, croyez-moi. Impossible de pratiquer comme dans la vie civile ; à savoir : pam-pam, ciné, restaurant, solo de jarretelles et partie de golf en deux trous dans la forêt normande !"
Très en verge, donc, l'auteur s'y essaie aussi à la diatribe célinienne : cynisme à la boutonnière et baïonnette au stylo. Inspiré, il s'autorise d'incisives incises et déblatère sur la saloperie des hommes. La jactance vaut le jus !
"Ça s'accumule, ça enfle, ça croît, ça croasse, ça fermente, ça bouillonne, ça émulsionne, ça émotionne, ça veut sortir, quoi, sortir enfin d'un côté ou d'un autre ! Mais on ne peut pourtant pas déféquer sur l'univers à longueur de vie ! L'intestin a ses limites si la vacherie humaine n'en a pas !"
Sur l'échelle de Scoville des Sana, celui-ci est un mignon piment d'Espelette : piquant, excitant, tordant... mais pas trop !
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