AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les héritières, tome 3 : Mariage à l'écossaise (32)

— Vous pourriez me faire confiance.
— Vous faire confiance. Voilà qui est amusant, dans la bouche d’une femme qui ment au monde entier depuis des années.
— À vous, je n’ai jamais menti. Il soutint son regard.
— En admettant que je vous fasse confiance, supposez qu’il vous arrive quelque chose…
— Quoi donc ? Que je meure ?
— Que vous épousiez un autre homme. Elle s’esclaffa.
— Moi, en épouser un autre ? La mort constitue une éventualité beaucoup plus probable. Je suis tombée dans les oubliettes depuis si longtemps que j’ai accumulé une couche de poussière de plusieurs centimètres.
— Vous êtes une dame de qualité, issue d’une bonne famille. Vous êtes une héritière disposant de biens, et qui plus est d’une rare beauté. Je ne puis croire que personne ne vous courtise. Maddie aurait dû répliquer quelque chose, mais ses pensées ne cessaient de buter sur les mots « rare beauté ».
— Si vous deviez vous marier avec un autre ou quitter ce monde, les terres tomberaient dans je ne sais quelles mains. Et alors, vos intentions et vos promesses n’auraient plus aucune valeur. De sorte que la solution que vous proposez est inenvisageable.
Commenter  J’apprécie          00
Le lendemain de son retour, Anne l’accueillit avec une question précise :
— Alors, ma chérie, es-tu prête à rencontrer ton âme sœur ? C’est là que Maddie s’affola. Et mentit. Sans réfléchir, elle orchestra une imposture éhontée qui, pour le meilleur et pour le pire, devait affecter le reste de sa vie.
— Je l’ai déjà rencontrée. La stupeur sur le visage de sa belle-mère fut immensément réjouissante. Mais, quelques secondes plus tard, Maddie prit conscience de son erreur. Elle aurait dû se douter que son petit mensonge ne mettrait pas un terme à l’affaire. Naturellement, cela ne fit qu’entraîner une centaine d’autres questions. Quand viendra-t-il ici ? Oh… euh… Il ne peut pas. Il aurait beaucoup aimé, mais il a dû quitter le pays précipitamment. Pourquoi donc ? Parce qu’il est dans l’armée. C’est un officier. Et sa famille ? Nous devrions au moins rencontrer ses parents. C’est impossible. Il vient de très loin. D’Écosse. De toute façon,c ses parents sont morts. Comment s’appelle-t-il ? Logan MacKenzie. Il s’appelle Logan MacKenzie. Logan MacKenzie. Soudain, son soupirant imaginaire avait un nom. Et avant la fin de l’après-midi, il avait des cheveux (bruns), des yeux (bleus), une voix (grave, épicée d’un léger accent des Highlands), un rang (capitaine) et un caractère (ferme, mais intelligent et gentil). Et ce soir-là, à l’instigation de sa famille, Maddie lui avait écrit une lettre. À l’heure qu’il est, ils croient que j’écris à mon soupirant secret en kilt, alors que je remplis une page de bêtises en priant le Ciel pour que personne ne regarde par-dessus mon épaule. Le pire, c’est que je serai obligée de poster cette lettre. Elle restera en souffrance dans je ne sais quel casier militaire. Je l’espère. À moins qu’elle ne passe de main en main parmi des régiments entiers pour être tournée en dérision, ce que je mérite grandement. Je suis la reine des imbéciles. Le compte à rebours a démarré, et quand il se terminera, je devrai me confesser. Je serai d’abord obligée d’expliquer que j’ai menti : jamais je n’ai séduit un bel officier écossais pendant mon séjour à Brighton. Et ensuite, je n’aurai plus de prétexte pour me soustraire au rejet d’innombrables jeunes Anglais de qualité le printemps venu. Mon cher imaginaire capitaine MacKenzie, vous n’êtes pas réel et ne le serez jamais. Moi, en revanche, je suis une authentique et désespérante idiote. Tenez, voici un dessin d’escargot.
Commenter  J’apprécie          00
20 juin 1813 Mon cher ami silencieux, c’est le cœur brisé que je vous écris. Je ne puis supporter davantage la culpabilité. Il n’y a plus qu’une manière d’y mettre un terme, maintenant. Vous allez devoir mourir. Je suis infiniment désolée. Vous n’imaginez pas à quel point. Je vous promets de vous réserver un trépas héroïque. Vous sauverez quatre… non, six hommes lors d’un exploit témoignant de votre bravoure et d’un noble esprit de sacrifice. Quant à moi, je suis anéantie. Ce sont de vraies larmes qui émaillent ce parchemin. Le deuil que je porterai de vous sera authentique également. J’ai l’impression de tuer une part de moi-même. Cette part qui nourrissait tous ces espoirs romantiques, si idiots soient-ils. Je vais désormais m’établir dans l’état de vieille fille, comme j’ai toujours su que je finirais. Je ne me marierai jamais. Jamais personne ne me serrera dans ses bras, ni ne m’aimera. Peut-être, en écrivant tout cela, m’habituerai-je à cette vérité. Il est temps que je cesse de mentir et renonce aux rêveries. Mon cher, si cher, défunt capitaine MacKenzie… Adieu.
Commenter  J’apprécie          00
— De quoi parle-t-elle ? chuchota-t-il. Elle répondit de derrière son verre de vin.
— Ma foi, il fallait bien que je fabrique votre côté de la correspondance. L’idylle n’aurait pas été plausible, sinon.
— Et que racontait exactement cette version de moi ? Une étincelle amusée réchauffa ses yeux bruns.
— Vous auriez peut-être dû poser cette question avant de m’entraîner dans ce mariage précipité. Quoi que renferment ces lettres, elles font partie de vous, maintenant. Nom de Dieu ! Logan frémit en imaginant les inepties qu’une jeune fille romantique telle que Madeline Gracechurch avait pu coucher, entre seize et vingt et un ans, sous la plume d’un officier écossais. Cela s’annonçait mal, très mal. — Nous pourrions procéder à un échange, suggéra-t-elle à voix basse. Je vous rends vos lettres si vous me rendez les miennes.
— Ce ne sont pas mes lettres, dans votre coiffeuse.
— Celles que j’ai envoyées n’étaient pas les vôtres non plus. Cependant, parce que cela vous arrangeait, vous vous les êtes appropriées. On ne peut pas tout avoir.
Commenter  J’apprécie          00
Ce n’était pas simplement un homme. C’était un homme. Un grand Écossais à l’allure imposante, vêtu de ce qui semblait être un uniforme militaire : un kilt d’un tartan vert bouteille et bleu, assorti de la traditionnelle veste rouge. Ses cheveux étaient trop longs (majoritairement bruns, striés de roux), et sa mâchoire volontaire arborait une barbe de plusieurs jours (majoritairement rousse, striée de brun). De larges épaules surmontaient un torse athlétique. Un simple sporran noir était accroché à sa taille, et une dague dans son fourreau chevauchait sa hanche. Deux jambes poilues et musclées disparaissaient dans des godillots noirs éraflés d’où dépassaient des chaussettes blanches. Maddie s’ordonna de ne pas le fixer des yeux. La bataille était perdue d’avance. Tout dans l’apparence de l’inconnu constituait un véritable assaut de virilité.
— Bonjour, parvint-elle à articuler en exécutant une révérence maladroite. Il ne répondit ni ne s’inclina. Sans mot dire, il vint vers elle. Et, là où un gentleman bien élevé se serait arrêté, il s’approcha encore. Maddie fit passer son poids d’un pied sur l’autre avec anxiété. Au moins, il avait résolu son problème. Elle n’osait plus le dévisager, maintenant. Il s’immobilisa juste assez près pour que Maddie sente son odeur, mélange de whisky et de feu de bois, et aperçoive une bouche large et diabolique en travers de sa barbe. Au bout de plusieurs secondes, elle réussit à croiser son regard. Ses yeux étaient d’un bleu presque inquiétant. Le genre de bleu qui vous donnait l’impression d’avoir été lancé dans le ciel ou plongé dans de l’eau glacée. Jeté dans le vide sans espoir de retour. Rien d’agréable.
Commenter  J’apprécie          00
— Vous. N’êtes. Pas. Réel. Tante Thea plaqua une main sur sa gorge. De l’autre, elle s’éventa avec vigueur.
— C’est un miracle, assurément. Rendez-vous compte, on nous avait annoncé que vous étiez…
— Mort ? acheva l’officier, une note d’ironie dans la voix. Son regard restait rivé à Maddie.
— Je suis bien en vie. Touchez-moi, si vous voulez en avoir le cœur net. Le toucher ? Oh non. C’était hors de question. Personne ne toucherait personne. Mais, avant que Maddie ne comprenne ce qui se passait, il avait saisi sa main, qu’aucun gant ne protégeait, et l’avait attirée à l’intérieur de sa veste déboutonnée pour la presser contre sa poitrine. Ils se touchaient. Intimement. Une bouffée d’excitation instinctive et idiote la transperça. Elle n’avait jamais tenu la main d’un homme. Elle n’avait jamais senti la peau d’un homme contre la sienne. La curiosité était plus forte que ses objections. Sa main était large et solide, rugueuse, scarifiée et brûlée par la poudre à canon. Ces cicatrices trahissaient une existence de combats et de privations, tout autant que les doigts pâles et souillés d’encre de Maddie prouvaient que la sienne était faite de gribouillages… et d’aucune aventure. Il aplatit sa paume contre l’étoffe de sa chemise adoucie par l’usure. Dessous, son torse était d’une impressionnante fermeté. Et si chaud. Si réel.
— Je ne suis pas un fantôme, mo chridhe. Juste un homme de chair et de sang. Mo chridhe. Si elle ne parlait pas couramment le gaélique, Maddie avait appris quelques mots et expressions au fil des années. Elle savait que mo chridhe signifiait "mon cœur".
Commenter  J’apprécie          00
— Il fait un froid de canard ici, dit-il.
— Oui. Je ne peux pas chauffer à cause de Rex et de Fluffy.
— Rex ? Et Fluffy ?
— Les homards. Je croyais vous en avoir parlé hier soir.
— Vous avez des homards qui s’appellent Rex et Fluffy ?
— Ce n’est pas parce que je n’ai pas d’animal de compagnie traditionnel comme un chien ou un chat que les miens ne peuvent avoir de nom. Elle sourit.
— J’aime bien la façon dont vous prononcez « Fluffy ». On entend « Floufy ». Ils sont là. Elle désigna un grand aquarium dans un coin de la pièce. L’eau qu’il renfermait sentait la mer.
— Sont-ils au menu du dîner ?
— Non ! Ils ne sont là que pour être observés. On m’a commandé l’illustration d’un cycle de vie complet. Le problème est que j’attends qu’ils se reproduisent. D’après le naturaliste qui m’a engagée, la femelle, Fluffy, doit d’abord muer. Ensuite, le mâle l’imprégnera de sa semence. Mon interrogation est donc la suivante : à quoi exactement ressemblera cet accouplement ? J’ai déjà esquissé plusieurs éventualités. Elle se dirigea vers une grande table encombrée et fouilla parmi une pile de papiers. Chaque page représentait un dessin de homards s’accouplant dans une position différente. Logan n’avait jamais rien vu de tel. Elle avait créé un manuel érotique du homard.
Commenter  J’apprécie          00
Ce fut soudain beaucoup trop. Maddie se tortilla sous lui.
— Je suis désolée. Réellement désolée. Je sais que cette entreprise est censée être purement physique. Impersonnelle. Mais je ne peux m’empêcher de penser aux homards. Il se laissa tomber sur le dos et resta immobile, à fixer le plafond.
— Jusqu’à présent, je croyais que plus rien ne pouvait me surprendre au lit. Je me trompais. Elle se redressa et ramena les genoux contre sa poitrine.
— Je suis celle qui s’est inventé un amant écossais, qui lui a écrit une myriade de lettres et qui a entretenu un mensonge élaboré pendant des années. Êtes-vous réellement surpris de me trouver bizarre ?
— Peut-être pas.
— Les homards se courtisent très longtemps avant de s’accoupler. Avant que le mâle puisse la toucher, la femelle doit se sentir suffisamment en sécurité pour muer. Si un crustacé hérissé de piquants mérite qu’on lui consacre des mois d’efforts, ne puis-je disposer d’un petit délai ? Je ne comprends pas ce qu’il y a d’urgent à ce coït.
Commenter  J’apprécie          00
— J’observe toutes sortes de créatures depuis des années. Savez-vous ce que j’ai remarqué ? Celles qui se fabriquent les carapaces les plus dures et les plus solides pour se protéger… à l’intérieur, elles ne sont que de la bouillie.
Commenter  J’apprécie          00
— Quand je pense que ma petite Madling, à l’âge tendre de seize ans, a mis le grappin sur ce glorieux spécimen… Et moi qui croyais que tu ne faisais que ramasser des coquillages ! Tante Thea joua avec sa manchette.
— Certes, tu nous as raconté des tas de choses sur ton capitaine, mais je supposais que tu exagérais ses qualités. Il semblerait qu’au contraire tu aies été bien modeste. Si j’avais trente ans de moins…
— Tante Thea, s’il vous plaît.
— Je comprends maintenant pourquoi tu as résisté au mariage pendant tout ce temps. Après un tel homme, qui aurait pu te séduire ?
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (90) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Dead or Alive ?

    Harlan Coben

    Alive (vivant)
    Dead (mort)

    20 questions
    1832 lecteurs ont répondu
    Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

    {* *}