Durant leurs ébats, elle pouvait faire comme si ses actes étaient ceux d’une autre. Une femme plus audacieuse, plus séduisante. Les mots, en revanche… ils lui appartenaient incontestablement. Voilà pourquoi il lui était si difficile d’exprimer son désir à haute voix. Et à présent qu’elle y songeait, elle se demandait si c’était pour cette raison qu’il avait envie de l’entendre. De s’assurer qu’elle le voulait, qu’elle le voulait pleinement. Et au fond, ne le méritait-il pas ? — Je… Elle ferma les yeux pour se donner du courage. — Je veux que vous me preniez. Il émit un grondement approbateur. — Vos désirs sont des ordres, murmura-t-il. L’ayant soulevée par les hanches, il entra en elle d’une longue poussée sensuelle. Elle agrippa davantage le pilier de bois et recula jusqu’à ce que ses cuisses heurtent celles du duc. Alors celui-ci commença à aller et venir en elle à un rythme lent et régulier. — Vous sentez comme je suis dur ? demanda-t-il en accélérant imperceptiblement son va-et-vient. Voilà l’effet que vous me faites. Vous me rendez fou de désir. J’ai tellement rêvé de cela. Chaque fois que vous me provoquiez, que vous me défiiez, que vous me décochiez ce petit sourire supérieur, j’avais envie de vous prendre ainsi pour vous punir. Elle serra plus fort la colonne pour garder l’équilibre lorsqu’il se mit à plonger plus profondément en elle, ses seins se balançant à chaque poussée. — J’ai été dépendant du laudanum. Je sais ce que c’est que le manque qui vous secoue de tremblements et vous tient sous son joug. Cela m’a presque détruit. Ce que vous m’infligez… c’est encore pire. Il n’y a jamais de répit. Dès que je quitte votre lit, je compte les heures en attendant notre prochaine étreinte. Il lui souleva davantage les hanches, l’obligeant à se hisser sur la pointe des pieds. — Quelquefois, confessa-t-il, pantelant, au beau milieu de la journée, je m’enferme dans la bibliothèque. Je me caresse et je jouis dans un mouchoir, comme un adolescent. Et cela ne me suffit pas. Cela ne me suffit jamais. Il y avait dans ses paroles des inflexions sévères et dans ses coups de reins une touche de brutalité, comme s’il attendait qu’elle présente des excuses pour lui inspirer une telle passion. Eh bien, Emma n’en avait pas l’intention. Ces confessions, prononcées d’une voix tremblante de désir, étaient ce qu’elle avait entendu de plus délicieux de toute sa vie. Elle espérait seulement qu’elle se les rappellerait en détail pour les consigner dans son journal intime. Le duc appuya son front brûlant et moite contre son épaule, referma la main sur l’une des siennes sur le montant du lit puis, de son autre main, chercha la petite crête charnue au creux de ses cuisses. L’ayant dénichée, il décrivit ces petits cercles sensuels dont il savait qu’ils la feraient voler en éclats. Et pendant tout ce temps, il continua de la pilonner avec vigueur. C’était animal, presque brutal, et follement excitant. Elle fut secouée de tremblements tandis qu’il l’entraînait au sommet de l’orgasme le plus intense qu’elle ait jamais connu. Elle ne pourrait y échapper, elle ne le voulait pas. Quand la jouissance l’emporta, elle en sanglota presque de bonheur. Elle avait oublié où elle était, qui elle était. Et en même temps, elle avait une conscience aiguë du corps d’Ash, de sa chaleur, de son souffle saccadé, de l’odeur musquée de sa peau, et de son sexe dur qui palpitait au creux de son ventre.
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