Le personnage principal et narrateur, Sean, a créé et gère son propre jeu de RPJ narratif par correspondance, pourrait-on dire.
C'est le moyen qu'il a trouvé pour s'aménager une vie presque normale et indépendante, malgré "l'accident" qui l'a défiguré lors de son adolescence. Une pulsion suicidaire ratée, à laquelle il ne s'attendait guère.
Tout comme il ne s'attendra pas à ce que deux ados à la dérive prennent son jeu au sérieux au point de discerner un itinéraire réel dans les indications fictives données lors de leurs tours de jeu, et le transposeront au monde réel pour le suivre et finiront par y laisser la vie pour l'un, et quasiment autant pour l'autre.
Bien sûr, le jeu sera mis en cause, et donc son auteur qui devra comparaître en procès.
C'est un roman très prenant, immersif et bien équilibré entre la vie d'un jeu et celle de son auteur, les introspections et les actes du présent ou du passé, et bon nombre de thèmes omniprésents tels que la dépression, la résilience, le pouvoir d'évasion et de l'imagination, les processus créatifs, et les conséquences qu'on ne peut prévoir et prévenir, qu'on ne réalise que trop tard...
Il parlera particulièrement aux pratiquants de RPG par correspondance (anciens ou actuels, et quelle que soit la technologie et les supports employés), les passionnés des mécanismes de jeux de ce type, aux passionnés d'un moyen d'évasion virtuel en général...
Il parlera tout aussi bien aux grands malades et blessés nécessitant une prise en charge de longue durée, avec toutes les sortes de traumatismes et l'impact psychologique que cela implique, mais aussi les "rails" des hospitalisations de ce type, les schémas immuables de la valse de chaque intervenant à telle ou telle étape, etc...
Il parlera à ceux qui se cherchent et imaginent se trouver une vie à leur mesure, au courage de se lancer, ou de tourner une page...
Et c'est écrit par le fondateur du groupe The Mountain Goats, dont j'avais écouté quelques morceaux par curiosité il y a quelques années ^^
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Mes parents avaient leur propre version, linéaire, de la chose : je veillais tard, les livres et la télé me poussaient à commettre une abomination, je passait trop de temps les yeux rivés sur un écran de parasites. C'est parce qu'ils voyaient les choses comme ça, et parce qu'ils les voient peut-être toujours comme ça, que la communication avec eux est impossible. Il m'est impossible de leur expliquer ce que ces nuits représentaient pour moi, sinon pour leur dire qu'elles m'offraient une sorte de refuge. Si je parvenais à le leur exposer ainsi, sans ambages, ils demanderaient : " Un refuge contre quoi ? Pourquoi avais-tu besoin d'un refuge ? " Certaines choses sont difficiles à expliquer à des parents. Difficiles à expliquer tout court, mais les parents en particulier ne parviendront jamais à les comprendre.
Je me demande toujours si les gens ont peur parce qu'ils s'attendent à ce que je fasse quelque chose, coller mon visage au leur, ou émettre des bruits bizarres. Je suis toujours un peu tenté de les satisfaire. Mais je me retiens, je me sentirais mal, ça serait mal. Je n'ai pas besoin de trouver du réconfort comme ça, en effrayant les gens ou en leur arrachant des cris d'horreur. Quand j'étais enfant, je rêvais de posséder ce genre de pouvoir, mais plus maintenant. Maintenant, je suis libre.
Je n'avais jamais mentionné l'action en justice à Vicky. Pour plusieurs raisons, j'ai tendance à limiter mes conversations aux sujets triviaux qui ne fâchent jamais personne, comme la météo ou les meilleurs marques de macaronis au fromage.
" Oh ? " a fait Vicky.
En traumatologie, j'ai eu affaire à plusieurs travailleurs sociaux à qui Vicky aurait pu apprendre une chose ou deux sur l'écoute active.
La brochure offre un résumé succinct mais accrocheur de l'environnement du jeu - pas d'image, juste des mots - et en explique les mécanismes de base : l'offre d'essai permet de jouer quatre tours à travers les premiers donjons, et à condition de verser tous les mois cinq dollars plus quatre timbres au tarif normal, l'abonnement reste actif.
Jeune, insolent, effrayé par le monde, je cherchais un refuge, désespérément. Je me bâtissais un nid sur une planète imaginaire. A l'époque, je n'avais pas songé à l'immensité du monde, à la foule de ses habitants, au fait que leurs vies étaient si différentes de la mienne.
The principal member of the band The Mountain Goats talks about his debut novel, Wolf in White Van.