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Citations sur La Terre nous est étroite et autres poèmes (75)

La poésie est née des premiers étonnements devant la vie, quand l'humanité naissante s'interrogea sur les premiers mystères de l'existence. C'est ainsi que l'universel fut, dès l'origine, local.

(Extrait de la préface de l'auteur)
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S'ENVOLENT LES COLOMBES

S’envolent les colombes
Se posent les colombes.

— Mon aimé et moi, deux voix sur les mêmes lèvres.
J’appartiens à mon aimé, moi, et mon aimé appartient
à son étoile fugitive
Et nous entrons dans le rêve, mais il ralentit le pas pour
nous échapper.
Lorsque mon aimé s’endort, je me lève pour protéger son
rêve de ce qu’il pourrait voir
Et chasser les nuits passées avant notre rencontre.
Je choisis nos jours de mes mains
Et choisis pour moi la rose de notre table.
Dors, mon aimé,
Que les voix des mers s’élèvent jusqu’à mes genoux.
Dors mon aimé,
Que je me pose en toi et délivre ton rêve d’une épine
jalouse.
Dors,
Que les tresses de ma poésie soient sur toi, et la paix.

p.172
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Onze astres sur l’épilogue andalou
  
  
  
  
                            5
                            Un jour je m’assoirai
                            Sur le trottoir

Un jour je m’assoirai sur le trottoir, le trottoir de l’étrangère
Je n’étais pas un narcisse, bien que défendant mon image
Dans les miroirs. As-tu jamais été là, l’étranger ?
Cinq siècles passés et achevés, et notre rupture demeure, là, inaboutie
Et entre nous les lettres, toujours, et les guerres
N’ont pas modifié les jardins de ma Grenade. Certain jour je passe par ses
  lunes
Et je frotte d’un citron mon désir. Enlace-moi que je renaisse
Des parfums d’un soleil, d’un fleuve sur tes épaules, de pieds
Qui égratignent le soir et il verse des larmes de lait à la nuit du poème
Je ne fus pas un passant dans les mots des chanteurs
J’étais leurs paroles
La réconciliation d’Athènes et de la Perse, un Orient étreignant un Occident
Dans le départ vers une même essence. Enlace-moi que je renaisse
D’épées damascènes dans les magasins. Il ne reste de moi
Que ma vieille armure, la selle sertie d’or de mon cheval. Il ne reste de moi
Qu’un manuscrit d’Averroès, le Collier du pigeon, et les traductions
J’étais assis sur le trottoir, place des pâquerettes
Et je comptais les pigeons : un, deux, trente... et les jeunes filles qui
Subtilisaient l’ombre des arbrisseaux sur le marbre, et me laissaient
Les feuilles de l’âge, jaunies. L’automne est passé par moi et je n’y ai pas pris
  garde
Tout l’automne est passé, et l’Histoire est passée sur ce trottoir
Et je n’y ai pas pris garde


/ Traduit de l’arabe par Elias Sanbar
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J'AI VU LE DERNIER ADIEU


J'ai vu le dernier adieu : Je serai déposé dans une rime
en bois,
Porté sur les mains d'hommes, par le regard des femmes.
Je serai empaqueté dans un drapeau et ma voix sera
conservée sur cassette.
Tous mes péchés seront absous en une heure, puis les
poètes m'insulteront.
Plus d'un lecteur se souviendra que je veillai chaque nuit
dans sa maison.
Une jeune fille se présentera et affirmera que nous
sommes mariés depuis vingt ans... et davantage.
Des fables seront contées sur moi et sur les coquillages
que je rassemblais des mers lointaines.
Mon amie s'en ira en quête d'un nouvel amant qu'elle
cachera dans ses habits de deuil.
Je verrai la procession de mes funérailles et verrai les
badauds fatigués d'attendre.

Mais je ne vois pas encore la tombe. Aurai-je une tombe
après toute cette fatigue ?
1986

p.224
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LE POÈME DU SABLE


C’est le sable.
Étendues d’idées et de femme.
Marchons en cadence vers notre trépas.
Au commencement les arbres élevés étaient femmes,
Une eau montante, une langue.
La terre meurt-elle comme l’homme ?
Et l’oiseau la porte-t-il en guise de vide ?

Je suis les commencements.
Je suis les fins.

Le sable est forme et possibles.
Une orange qui oublie volontairement mon premier désir.
Je vois dans ce que je vois, l’oubli. Il pourrait dévorer les
fleurs et l’étonnement,
Et le sable est le sable. Je vois un siècle de sable qui nous
recouvre
Et nous renvoie des jours.
Mon idée s’est égarée et ma femme s’est perdue
Et le sable s’est noyé dans le sable…

p.140
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Je t'ai demandé de te vêtir de moi,
automne,
pour me faner en toi et reverdir à deux.
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PSAUMES (extraits)
3


Lorsque mes mots étaient
Tourbe…
J'étais l'ami des épis.
Lorsque mes mots étaient
Colère...
J'étais l'ami des fers.
Lorsque mes mots étaient
Pierre...
J'étais l'ami des ruisseaux.
Lorsque mes mots étaient
Révolte...
J'étais l'ami des séismes.
Lorsque mes mots étaient
Coloquinte...
J'étais l'ami des optimistes.
Lorsque mes mots devinrent
Miel...
Les mouches ont couvert
Mes lèvres !...

[…]

p.57
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Comment les cinq sens essaient-ils d’entrevoir le prodige
Quand tes yeux sont des miracles ?
Tu dors à l’heure où les vagues m’enlèvent
Et aux frontières de ta poitrine, débute la mer.

L’univers, ce soir, se partage en deux.
Toi et le vaisseau de la terre.
D’où ramener la voix des points cardinaux pour crier :
Je t’aime
Poème : Autre mort… et je t’aime - 2
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S'ENVOLENT LES COLOMBES


S’envolent les colombes
Se posent les colombes.

— Ma hanche est une plaie ouverte, car je t’aime
Et je cours de douleur dans des nuits agrandies par la
crainte de ce que j’appréhende.
Viens souvent et absente-toi brièvement.
Viens brièvement et absente-toi souvent.
Viens et viens et viens. Aah d’un pas immobile.
Je t’aime car je te désire. Je t’aime car je te désire
Et je prends une poignée de ce rayon encerclé par les
abeilles et la rose furtive.
Je t’aime, malédiction de sentiments.
J’ai peur de toi pour mon cœur. J’ai peur que mon désir
se réalise.
Je t’aime car je te désire.
Je t’aime, corps qui créé les souvenirs et les met à mort
avant qu’ils ne s’accomplissent.
Je t’aime car je te désire.
Je modèle mon âme à l’image des deux pieds, des deux
édens.
J’écorche mes plaies avec les extrémités de ton silence…
et la tempête
Et je meurs pour que les mots trônent dans tes mains.

p.174
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S'ENVOLENT LES COLOMBES


S’envolent les colombes.
Se posent les colombes.

— Apprête la terre que je me repose,
Car je t’aime jusqu’à la fatigue.
Ton matin est fruits pour les chansons,
Ce soir est d’or
Et nous sommes l’un à l’autre, à l’heure où l’ombre
pénètre son ombre dans le marbre
Et je me ressemble lorsque je suspends mon être à un cou
qui n’étreint que les nuages.
Tu es l’éther qui se dénude devant moi, larmes de raisin.
Tu es le commencement de la famille des vagues lors-
qu’elles s’agrippent à la terre ferme, lorsqu’elles migrent,
Et je t’aime et tu es le prélude de mon âme et l’épilogue.

p.171
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