Il est assez contradictoire de découvrir un poète par le biais d'entretiens au cours desquels il tente, avec son interlocuteur, d'expliciter son univers poétique, avant même d'avoir lu ne serait-ce qu'un seul de ses poèmes...
Et pourtant !
Mahmoud Darwich est passionnant, et empli de subtilité lorsqu'il s'agit de déjouer les questions pièges.
La Palestine comme métaphore est une mine d'or pour quiconque s'intéresse à la poésie et à ses formes, et en particulier à la poésie arabe. Ces échanges "techniques" sont complétés par des réflexions sur les thèmes récurrents du poète : l'exil, le rapport à la terre, la définition de réfugié ou d'étranger, la perception de l'autre, qui peut aussi être l'autre soi...Et si ces thématiques pourraient sembler "classiques" pour tout poète un peu déprimé, elles s'inscrivent sous le prisme d'une analyse particulière du fait de la question palestinienne ; on comprend au fil des pages combien
Mahmoud Darwich souffre de n'être considéré "que" comme un poète d'une cause politique, et non pour son art en tant que tel. La tyrannie du lectorat et des critiques n'est pas loin...
La relation entre le poète et ses lecteurs est en effet évoquée plusieurs fois ; mais c'est surtout le rapport qu'entretient
Mahmoud Darwich à Israël et à la langue hébraïque qui est intéressant, et que l'on perçoit le mieux dans son entretien avec la poétesse israélienne Helit Yeshurun.
Finalement, en sus des explications poétiques édifiantes, c'est la subtile description du peuple palestinien chassé de son pays et sommé d'en trouver un autre, et comment il s'inscrit dans la géopolitique régionale qui m'a le plus intéressée, n'en déplaise à l'auteur !
La Palestine comme métaphore peut servir de belle introduction au conflit israélo-palestinien, sous un prisme très humain.
Une belle découverte, je lirai sans nul doute les poèmes de
Mahmoud Darwich, en espérant que la traduction française soit à la hauteur de ce que laissent présager les belles explications sur la poésie arabe !