Le loup de la 135e

il habitait loin le vieux Johnson ! De l'autre côté de la forêt... C'est vrai, cette ville, sans rire, c'est une vraie forêt ! Rouge et grise, et bien profonde, avec ses arbres de brique et de ferraille et ses grottes de béton. [...] Moi, je l'aimais bien ma forêt grise...

C'était du temps où j'habitais là-haut, pas loin de chez toi, dans ce quartier pas trop rupin. Des dollars, y'en avait pas trop, mais pas moins que chez vous autres. Moi, j'étais pas malheureux pour autant : rien dans les poches, mais rien dans la cervelle non plus ! J'avais pas de soucis, quoi. Je passais mes journées à rêver...
Ma mère, la pauvre, du temps pour rêver, elle en avait pas...

Finalement, ce jour-là, je l'ai rencontré, le LOUP !
Je veux dire... Oui Chili, c'était toi : Chili Vince, le loup du quartier !

[...] tu vas t'user les yeux à regarder les passants comme ça !

Ah ! mais je ne le regrette pas, tu sais ! Parce que si j’avais pas croisé ton chemin, peut-être bien que tu serais pas ici à m’écouter radoter aujourd’hui !
Enfin… à l’époque, tu avais su m’embrouiller avec tes belles paroles !