Future Imperfect: Warzones!

Ce tome contient une histoire complète qui fait référence à Future imperfect de Peter David & George Perez (1992/1993), et qui se déroule pendant le crossover généralisé Secret Wars 2015 de Jonathan Hickman & Esad Ribic. Il contient les 5 épisodes de la minisérie, initialement publiées en 2015, écrits par Peter David, dessinés par Greg Land, encrés par Jay Leisten, avec une mise en couleurs de Nolan Woodard. Il comprend également une histoire courte de 10 pages se déroulant dans le même environnement avec Maestro, écrite par Peter David, dessinée et encrée par Daniel Valadez, initialement parue dans "Secret Wars: Battleworld" 4 en 2015.

Pendant Secret Wars, les Terre des différentes réalités de l'univers partagé Marvel ont cessé d'exister et le méchant de l'histoire a créé une planète composite appelée Battleworld, à partir de morceaux disparates de différentes réalités alternatives. Dans la zone appelée Dystopia, Maestro (une version future et tyrannique de Bruce Banner, sous sa forme de Hulk) règne en maître sur une zone désertique désolée, avec une ville principale.

Lors d'une de ses escapades, Ruby Summers (la fille d'Emma Frost et Scott Summers) découvre un individu mal en point qui déclare être Odin, déchu de son domaine. Elle prend la responsabilité de l'amener dans la base souterraine des rebelles. de son côté, Maestro poursuit 2 objectifs. Il souhaite se débarrasser des rebelles en les exterminant. Il est également à la recherche d'un artefact qui lui permettra de se mesurer au maître de Battleworld, car il refuse de vivre sous sa coupe.

En 2015, pendant 4 à 6 mois, quasiment toutes les séries mensuelles Marvel ont été remplacées par des miniséries, à l'occasion de Secret Wars. La série consacrée à Hulk n'a pas dérogé à cette règle. Contre toute attente, la présente minisérie ne se contente pas de capitaliser sur un récit de Hulk, classique et apprécié. le lecteur est d'abord attiré par le fait que ce soit Peter David à qui les responsables éditoriaux ont confié cette minisérie. Ce scénariste a écrit la série mensuelle d'Incredible Hulk pendant 12 ans (de 1987 à 1998), et il est l'auteur du récit initial Future Imperfect. Comme le lecteur peut s'y attendre, les références audit récit initial sont impeccables : que ce soit la salle des trophées du Maestro, Maestro lui-même, le retour de Janis Jones, ou encore la scène de marché découvert qui répond à celle dans le récit initial.

Le scénariste prend soin d'ouvrir son récit avec un nouveau personnage (Ruby Summers), attestant qu'il a bel et bien une nouvelle histoire à raconter, et qu'il ne s'agit pas de refaire Future Imperfect en moins bien. En feuilletant rapidement ce tome, le lecteur constate que les dessins de Greg Land sont très propres sur eux, soignés et même léchés, avec ce qu'il faut de punch pour les scènes d'action. C'est toujours un vrai plaisir que de le voir dessiner les personnages féminins (Ruby Summers, Janis Jones, ou encore une autre tirée d'une autre série longtemps écrite par Peter David). Ce dessinateur a perdu son habitude de reprendre des moues et des poses évoquant trop les magazines de charme, et il reste des femmes fortes, élancées, et décidées.

À l'évidence le point fort de Greg Land n'est pas d'intégrer un maximum de détails dans chaque case comme sait si bien le faire George Perez. de ce point de vue, le lecteur sait donc que la partie graphique ne sera pas non plus un simple décalque du Future Imperfect originel. Il constate que l'artiste s'est fortement investi dans ses planches, que ce soit pour les tenues vestimentaires, ou les environnements. Il reprend les concepts visuels initiaux de Perez, en les transcrivant à sa manière. le lecteur peut croire à cette société obligée de recycler des éléments du passé, et apportant toute son énergie créatrice pour la mettre au service de son seigneur et maître, en particulier dans son palais.

Peter David a conçu de nombreux moments visuellement impressionnants auxquels Greg Land fait honneur. le désert est chaud et poussiéreux à souhait. L'accès à la base des rebelles est très impressionnant dans sa démesure, pour s'assurer de rester à labri des agents de Maestro. La coupole de la citadelle de Maestro resplendit de mille feux (verts bien sûr), avec une architecture sophistiquée. Les cavernes où se déroule le combat final montrent des parois en roche convaincantes. Land a adapté sa mise en page à la nature du récit, en particulier lors des apparitions de Maestro. Il est massif, il en impose par sa présence, au point de sortir des cases, tellement sa carrure ne lui permet pas d'y tenir en entier. L'artiste réalise de beaux dessins en pleine page pour les affrontements physiques titanesques (Maestro retrouvant un des ennemis classiques d'Hulk, dans une variation savoureuse quant à son identité).

Greg Land assure donc un spectacle très agréable à regarder, avec un bon niveau de détails, des dessins très jolis, une transcription efficace de l'énergie brutale de Maestro. le lecteur ne peut s'empêcher de remarquer qu'il fatigue un peu arrivé au cinquième épisode, avec une diminution significative du nombre de cases disposant d'un arrière-plan, et l'impossibilité de faire croire à un individu en fauteuil roulant se déplaçant sans difficulté dans des cavernes, au sol très irrégulier. de son côté, Peter David a concocté un récit qui fait honneur au Fuiture Imperfect original, qui respecte les contraintes inhérentes au crossover Secret Wars (le récit doit se dérouler pendant, sans interférer avec), avec une intrigue qui parvient à être intéressante.

Le lecteur appréciateur du travail de Peter David peut avoir été alléché par l'idée de retrouver ce scénariste s'occuper d'un de ses personnages emblématiques. Il constate que ce scénariste n'a pas perdu la main. le lecteur n'ayant pas connu cette époque découvre une histoire rapide, sans être précipitée. David a donc inclus plusieurs surprises et variations par rapport à l'univers Marvel habituel. Il fait quelques clins d'oeil à la mythologie de Hulk, et à celle d'une autre série qu'il a longtemps écrite, sans que cela en devienne la composante principale du récit. Ainsi un lecteur qui ne les connaît pas peut y trouver son content. de la même manière, il ne s'appesantit pas sur un statu quo opposant rébellion et tyran despotique. Son intrigue passe par cette opposition, la dépasse et emmène le lecteur plus loin.

Sachant que Maestro est l'incarnation désinhibée de Hulk, une forme toute puissante, dont la force n'est pas bridée par l'inconscient de Bruce Banner, le lecteur se demande rapidement comment le scénariste va s'en tirer pour concevoir et raconter un défi à la hauteur d'un tel personnage. le constat est qu'il s'en tire très bien et que l'intrigue, comme son dénouement tiennent leur promesse.

Cette histoire n'a pas à rougir de la comparaison avec l'original. Il y a fort à parier qu'elle ne connaîtra qu'un succès éphémère découlant pour partie de la réussite de Secret Wars. Pourtant elle mérite mieux car Peter David remet en scène Maestro, en trouvant immédiatement sa voix, et en renouant avec son monde, ce qui confère un sentiment de continuité et d'authenticité par rapport à l'original. L'intrigue est rapide, consistante et inventive, intégrant quelques références à l'histoire personnelle de Hulk et à l'univers Marvel, sans que cela ne lui serve de béquille. Les dessins de Greg Land sont propres sur eux, détaillés, et très agréables à regarder. 4 étoiles pour un récit de Hulk pas indispensable, mais de très bonne facture.

-

- Battleword 4 (10 pages) - Silver Surfer est venu récupérer sa planche que Maestro a intégrée dans sa chambre des trophées.

L'encrage de Valadez est d'une finesse exquise, ses personnages sont sombres et imposants. Toutefois par comparaison avec Land, ses planches sont un peu figées, et il n'arrive pas à rendre les décors avec la même efficacité. Peter David donne rapidement l'impression de faire du remplissage. Ce court récit n'apporte rien à l'histoire principale, ni aux personnages du Maestro ou du Silver Surfer. 2 étoiles.

-
- le tome se termine avec la reproduction des couvertures variantes réalisées par Dale
Keown (* 2), Nick Bradshaw, Rafa Garres et Mike Deodato.