Mais il ne s’agit pas d’un procès ordinaire. Il s’agit d’un procès politique. Aujourd’hui Nixon poursuit l’escalade de la guerre dans le sud Est-Est asiatique et cette escalade a pour corollaire l’escalade de la guerre contre les libertés civiles aux USA. La lutte pour la libération d’Angela, c’est aussi la lutte contre ces deux formes d’escalade.
Son seul crime c’est d’aimer l’humanité et d’avoir lutté au péril de sa vie pour la liberté de tous.
Libérez Angela ! Libérez notre camarade !
Libérez tous les prisonniers politiques !
Elle commença des études de philosophie avec le professeur Herbert Marcuse, qui avait fui l’Allemagne pour échapper à l’oppression nazie, et à travers son enseignement découvrit la philosophie marxiste comme moyen pour comprendre l’oppression dont sont victimes les noirs.
Personne ne peut mieux que moi parler de mes convictions et de mes activités politiques. Une justice qui condamne virtuellement au silence la personne même qui a le plus à perdre pourrait sembler contenir les germes de sa propre destruction.
Il est particulièrement décisif, pour nous autres Noirs, de nous dresser contre cette contradiction inhérente au système juridique, car nous avons accumulé une riche expérience historique qui confirme que les plateaux de la Justice américaine sont déséquilibrés.
Pour renforcer les chances que l'on m'accorde un procès équitable - ce qui pour l'instant ne me semble pas être le cas - il est absolument nécessaire que je sois autorisée à me défendre moi-même(...)
Si ce tribunal rejette notre requête et s'il ne m'inclut pas comme codéfenseur dans ce procès, il s'alignera sur les forces du racisme et de la réaction qui menacent de faire basculer ce pays dans les affres du fascisme - et les nombreuses personnes, qui ont graduellement perdu leurs illusions sur le système judiciaire, trouveront là une raison supplémentaire pour renforcer leur opinion et pour penser qu'il n'est plus possible d'être jugé équitablement en Amérique.
Parce qu'elle refusait de se taire et qu'elle continuait à dénoncer l'intensification de la répression dans l'Etat de Californie, parce qu'elle organisait les gens contre la menace d'installation du règne de la terreur policière, Reagan essaya une fois de plus de lui enlever son travail. Au mois de juin Angela fut à nouveau exclue par le conseil d'administration de Reagan.
De quoi Angela est-elle coupable ? D'être le produit naturel d'une société basée sur le racisme, l'exploitation, et la déshumanisation.
Je me trouve ici victime d'une machination politique qui loin de démontrer ma culpabilités, désigne l'Etat de Californie comme agent de répression politique. L'Etat de Californie révèle en effet le rôle qu'il joue en utilisant comme preuve contre moi ma participation aux luttes que mène mon peuple -l le peuple noir - contre le multiples injustices sociales; en utilisant tout particulièrement ma participation au "Comité de défense des frères Soledad". Le peuple américain a été conduit à croire, jusqu'ici, qu'un tel engagement est protégé par la constitution.
A cette atmosphère préjudiciable, hystérique, que les cercles dirigeants de notre pays cherchent à créer à l'encontre d'Angela, il faut opposer un immense mouvement populaire.
Ce sont, à ma connaissance, des Américains progressistes qui, les premiers, ont dans leur presse fait un parallèle entre Angela Davis et le capitaine Dreyfus. Angela Davis est pourchassée "pour l'ordre", contre la "vérité et la justice", selon le mot de Léautaud. Elle est pourchassée dans cette Amérique dont l'ordre est celui des racistes qui oppriment les minorités noires, mexicaines, indiennes, portoricaines. Elle est traquée aussi parce qu'en tant que communiste elle combat cet ordre et propose autre chose. Les partisans de l'"ordre" utilisent pour l'abattre le racisme et l'anticommunime viscéral comme l'état-major à utilisé l'antisémitisme et la xénophobie contre le capitaine Dreyfus.
(...) la presse de l'establishment s'est efforcée de faire le silence(...)