Voici donc ma deuxième incursion en Évanégyre, après
Port d'âmes. Si dans ce dernier on restait cantonné dans la ville-état d'Aniagrad, on suivait malgré tout Rhuys, le fils d'un baron de Rhovel. Ici nous allons suivre une page de l'histoire du royaume de Rhovelle. Ce sera d'ailleurs ma première question à
Lionel Davoust dans son futur "mois de" : Rhovel-Rhovelle ?
Rhovelle et ses sept duchés est le royaume chéri par le dieu Wer. Celui où il a reconstruit l'humanité après avoir éradiqué l'empire corrompu d'Asrethia. Rebâti exactement comme il l'entendait, soufflant ses directives strictes par l'intermédiaire de ses Hérauts successifs, inculquant bien la peur de son châtiment.
Seulement, de l'autre côté de la Cordillère Egide qui borde et "protège" la Rhovelle, aux Mortes-Couronnes s'agitent les troupes d'un autre dieu, Aska. Dieu du chaos qui prône la destruction et la décadence, à l'image de ses fidèles tous plus monstrueux les uns que les autres. Des êtres faits de chair et de métal, alliant la puissance brute à la volonté d'en découdre avec l'humain.
Wer et Aska sont Ailleurs, ils ne sont d'ailleurs que des pensées éthérées qui affrontent leur vision du monde. Chacun voulant prouver à l'autre qu'il est le meilleur et qu'au bout du compte, c'est sa stratégie qui triomphera. Parce qu'ils s'ennuient dans cet Ailleurs infini et indéfini, ils jouent donc leur put*** de partie d'échec dont les pions sont les hommes... rha les sauvages ! Oui, des Dieux sauvages.
Revenons à nos hommes. La couronne de Rhovelle est fragilisée, administrée par un conseil de régence entre les duchés, le roi n'étant plus en capacité intellectuelle de régner et la princesse bien trop jeune. Juhel, le duc de Magnécie va oeuvrer pour récupérer la couronne. Intrigues, manipulations, traîtrises, assassinats politiques, tout cela est au menu de ce tome 1 et c'est franchement passionnant.
Parallèlement, beaucoup plus au sud en Belnacie, nous suivons une trappeuse rebelle, Mériane. Elle s'est elle même installée en paria, hors de son village natal Doélic, refusant ainsi toute autorité qu'elle soit parentale, ducale ou weriste. Elle survit plutôt bien étant excellente chasseuse, mais surtout grâce à ce qu'elle appelle un instinct pour éviter toutes les Anomalies et les abominations en découlant, qui parsèment les alentours de sa région.
Que sont ces Anomalies et ces abominations, et bien je ne vais pas vous l'expliquer, parce qu'il faut le lire pour le croire. Je dirai même plus, il faut le mériter pour comprendre. En cela, l'auteur présente une certaine dose de perversité car les infos, les explications arrivent au compte-goutte ! Mais lorsque la lumière se fait enfin, quel bonheur et surtout quelle envie d'en savoir plus sur Évanégyre, sur son passé, sur cette magie artech qui existait du temps de Mordranthia et de l'empire Asrethia. On a comme une impression de steampunk à l'envers !
Or donc, notre Mériane à qui
Lionel Davoust prête un mordant et une langue sacrément bien pendue va devenir bien malgré elle la porte-parole de Wer. Ses échanges avec cette voix qui s'est installée dans sa tête vont être savoureux et nous accompagner tout au long de cette lecture.
« Par contre, vous et moi, il va falloir qu'on change quelque chose. Qu'est-ce que c'est que ce terme stupide, "Héraut" ? Ça se met même pas au féminin. »
Et puis de l'autre côté de la Cordillère on suivra le prophète et maître de guerre d'Aska, Ganner un monstre de chair et de métal, par l'intermédiaire surtout de deux femmes Chunsène et Nehyr qui observent la progression de son armée. Elles sont passionnantes mais restent un mystère qui s'éclaircira sans doute aux tomes suivants.
Si Mériane et Ganner sont les pièces maîtresses de l'échiquier, je peux vous dire qu'il y en a plein d'autres dans ce roman qui ne sont pas de simples pions ! Les énumérer seraient trop long, juste vous dire qu'ils sont tous ciselés à la perfection, avec une approche psychologique de chacun vraiment bien "chiadée". Izara la reine, Juhel, Erwen, Leopol et même Darén, ce fumeur de chichons plantes diverses planant h24, je l'ai adoré. Tous sont tops.
Lionel Davoust nous présente avec ce tome 1 un roman d'une qualité et d'une densité remarquable. C'est tout bonnement passionnant et franchement on a qu'une seule envie en le terminant, c'est de revenir aux côtés de tous ces personnages. Afin de savoir quel sort leur est réservé, afin d'espérer que certains arriveront à endiguer les catastrophes qui s'annoncent. Mais le tour de force que réalise l'auteur avec ce roman c'est qu'il donne envie de se procurer tous ses autres romans pour parfaire notre connaissance de cet univers si complexe.
Oui Évanégyre est un monde que je veux appréhender entièrement, et rapidement de surcroît.
Immense coup de coeur.
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