Autrefois, connaître un degré d’excitation qui me permette d’atteindre l’orgasme me demandait pas mal d’efforts, ce n’était plus le cas avec ma femme. Sa seule existence m’échauffait le sang. La puissance de son désir suffisait à me faire bander.
On ne fonce pas chez le psy chaque fois qu’on rencontre un problème. C’est de toi et de moi qu’il s’agit, et de notre mariage. Pas de la communauté psychiatrique !
J’aurais pu offrir tout New York à Eva. J’aurais pu lui donner le monde entier. Je ne pouvais l’aimer davantage ; l’amour que j’éprouvais pour elle me consumait.
Elle ne portait pas de soutien-gorge. Pas très grande, elle avait tout ce qu’il fallait pour mettre un homme à genoux.
À une époque, contempler la ville avait été le moyen de donner corps à mon univers. Aujourd’hui, c’était en regardant Eva que j’y parvenais.
Si j’avais été un type bien, je me serais détourné d’Eva à la seconde où je l’avais vue pour la première fois.
Au lieu de quoi, je l’avais épousée. Et j’aurais voulu que la nouvelle de notre mariage soit annoncée par tous les médias de la planète plutôt que d’être un secret partagé par une poignée de gens.
— Ce compliment que tu viens de me faire, champion, c’était le plus beau qui soit. Surtout venant du célèbre Gideon Cross, qui croise des gens fascinants tous les jours…
— … et souhaite qu’ils s’en aillent pour pouvoir enfin te retrouver.
-Dis-moi que tu m'aimes.
-Follement. Vous bouleversez mon univers Mr Cross.
Je plongeais les yeux dans son regard rieur.
-Tu es le centre du mien.
- Arrête cette putain de bagnole!
Ma main quitta son genou pour agripper le volant.
- Dis-moi pourquoi.
- Parce que je suis furieuse contre toi, que tu m'énerves d'être sexy quand tu conduis et que je veux que tu t'arrêtes.
Mon exaspération se teinta d'amusement.
- Que j'arrête quoi ? D'être sexy ou de conduire ?
- Gideon ne me pousse pas à bout.
Résigné je ralentis et me garai sur le bas-côté de la route.
- Ça va mieux ?
Elle sortit, contourna la voiture par l'avant. Je descendis à mon tour et l'interrogeai du regard.
- C'est moi qui conduis, déclara-t-elle. Au moins jusqu'à ce qu'on ait rejoint la ville.
- Si ça peut te faire plaisir.
Je ne connaissais pas grand chose aux relations de couple mais, lorsqu'une femme était furieuse contre vous, ce genre de concession relevait du simple bon sens. Surtout quand on entretenait l'espoir de la culbuter à l'arrivée - ce qui était mon cas. Après ce week-end festif en compagnie de nos amis, puis d'Ireland, j'éprouvais le besoin de conclure en beauté en montrant à ma femme à quel point je l'aimais.
Quand tu es en moi et que tu me regardes, j’ai l’impression qu’on peut tout vaincre. Mais il faut vraiment qu’on fasse des efforts pour y arriver ! Il ne faut pas qu’on ait peur d’affronter les problèmes qu’on traîne derrière nous sous prétexte qu’on craint de perdre l’autre.