J'ai découvert cette auteure en 2018 avec ce qui était alors son dernier roman, "
L'invitation"; j'avais aimé description d'une certaine société britannique, le suspense, les personnages particulièrement bien fouillés psychologiquement et les liens qui s'établissaient entre eux. J'ai donc voulu voir si cette appréciation serait la même avec un deuxième roman. Ce fut le cas.
Nous sommes à Londres, Marisa, 28 ans, illustre des livres pour enfants et cherche son prince charmant car elle veut fonder, de façon presque obsessionnelle, une famille et avoir des enfants pour combler le vide qu'a créé le départ de sa mère, avec sa petite soeur encore bébé, alors qu'elle n'avait que 7 ans. Ce sentiment d'abandon a été amplifié quand son père, perdu, l'a mise en pension. Elle a rencontré, quelques mois, auparavant, Jake, 39 ans, consultant à la City, qui semble cocher toutes les cases et dont elle est tombée éperdument amoureuse; ils se sont très vite installés ensemble et essayent d'avoir un bébé. le couple, ayant des difficultés financières, décide de prendre une colocataire. Ce sera Kate, qui travaille dans la publicité. A partir de là, tout déraille, amplifié par l'hostilité d'Annabelle, la mère de Jake.
Ce roman pose la question "que signifie être mère". Chacun des 3 personnages féminins incarne une réponse. Je ne sais pas si
Elizabeth Day avait un compte à régler avec une belle-mère mais le personnage d'Annabelle est particulièrement gratiné. Elle est odieuse, manipulatrice et ne peut accepter de voir son fils chéri lui être enlevé par une autre femme. Elle mène une guerre des nerfs à sa belle-fille, fait comme si elle n'existait pas, la rabaisse. Kate et Marisa symbolisent deux autres façons d'être mère, que je ne peux pas expliciter plus avant, au risque de divulgâcher. Les 3 personnages sont très fouillées psychologiquement, dans leurs excès mais aussi dans leurs peurs, leurs faiblesses.
Ce roman aborde, par ailleurs, un sujet peu traité en littérature, du moins pour ce que j'en sais : la GPA (gestation pour autrui); il est traité du point de vue de tous les protagonistes : la mère porteuse, les futurs parents, les grands-parents, l'entourage professionnel et amical. La GPA n'est présentée ni d'un point de vue technique, ni d'un point de vue juridique mais à travers le prisme des obsessions, des espoirs, des peurs, de l'attente, des questions des acteurs de cette relation intime à 3.
On retrouve également dans ce roman, un élément qui était central dans "
L'invitation", la différence de classe qui s'immisce de façon insidieuse entre les personnages et qui peut pervertir les relations humaines, qu'elles soient entre amis ou au sein d'un couple.
L'auteure installe habilement une tension palpable dès le début du roman, qui culmine dans un incroyable retournement de situation au milieu de roman; la tension continue à croître autour du combat que se livrent, à fleurets mouchetés, les 3 personnages féminins principaux.