Stalag XI B

À l'âge de 94 ans, l'auteur qui habite le village voisin d'où j'habite, vient de publier son premier roman, le 19 août dernier.

Après une longue carrière académique comme entre autres professeur d'économie d'entreprise à l'université d'Anvers et la publication d'un dictionnaire du dialecte de la région de Furnes (Veurne) en Flandre, Roger de Cadt a donc écrit un roman inspiré par ses propres souvenirs de guerre et ceux de son entourage dans sa région natale de Furnes, la Normandie et la Basse-Saxe en Allemagne.

Un "Stalag" était un camp de prisonniers de guerre pour simples soldats et sous-officiers en Allemagne pendant la dernière guerre mondiale. Contrairement à un "Oflag" réservé aux officiers supérieurs.
"Stalag XI B" désignait le camp de Fallingbostel situé en Basse-Saxe, entre Hambourg et Hanovre.

C'est là que le jeune propriétaire de la Ferme des Tilleuls située à Saint-Eustache en Normandie, Arthur Springier, est envoyé comme prisonnier de guerre en juin 1940. Laissant sa mère Virginie et sa fiancée Marguerite Bouchez dans l'angoisse et l'embarras.

Arthur Springier représente, en fait, l'auteur lui-même, comme les photos à la page 6 - en uniforme avant son arrestation par les Boches - et à la page 71 - où on le voit dans la cour d'une ferme en Basse-Saxe - en témoignent.

Vu la pénurie de main-d'oeuvre en Allemagne, Arthur est détaché par le commandant du stalag, comme aide pour les moissons dans une ferme dans le voisinage, où le propriétaire, Bertold Müller, se trouve au front.

Par une ironie du sort, tandis qu'Arthur laboure sur une ferme en Allemagne, Bertold prête main-forte sur la ferme en Normandie.

L'ouvrage est intéressant pour le récit de l'expérience de guerre par de simples gens sur un arrière-fond de combat un peu partout en Europe et en particulier le long des côtes de la mer du Nord et de l'océan Atlantique, avec comme épicentres Dunkerque et Furnes.

Si les personnages sont partiellement romancés, le cadre historique des événements entre 1940-1945 dans cette partie du globe est par contre rigoureusement authentique.

Roger de Cadt emploie dans les conversations entre ses protagonistes des expressions dialectales, dont il est un expert réputé, mais qu'il m'a fallu lire à haute voix pour en bien saisir la signification, quand bien même qu'il s'agisse de mon propre patois. Tout comme je faisais avant avec des pubs en Luxembourgeois que je recevais chez moi lorsque j'habitais le Grand-duché.
Les mots en patois furnois sont, bien entendu, expliqués en notes de bas de page.

Je ne peux qu'admirer l'esprit d'initiative, l'engagement et le courage d'une personne qui nous ébahit avec un premier roman prenant à l'âge plus que canonique de quatre-vingt-quatorze (94) ans !