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J'ai lu Decoin avec souvent un petit sourire du coin des lèvres.
Ne vous méprenez pas, ces rictus ne sont dus qu'aux tournures de phrases enlevées et mutines,
le sujet et sérieux et sérieusement traité.
Il s'agit, au fil des chapitres menés en parallèle, de la carrière exemplaire d'un exécuteur extrêmement rigoureux et d'une jeune femme très séduisante dans le Londres de l'après-guerre.
L'un, bourreau de travail, l'autre, bourreau des coeurs.
Albert est toujours à la recherche de l'idéal pour infliger un minimum de souffrances à ses condamnés à la pendaison. Son obsession, la rapidité à les occire. Très apprécié, il ira même jusqu'en Allemagne, pendre les nazis après les procès de Nuremberg.
Ruth, de son côté, veut se sortir d'une adolescence difficile où son père lui prodiguait des marques d'affection allant bien au delà de ses attributions de papa. Sa beauté et sa grâce lui permettront d'accéder à des fonctions d'hôtesse puis de dirigeante de clubs très en vogue ce qui, lui évitera la déroute mais pas les nuits de rut. Soumise à ses nombreux amants, son violent mari, son adipeux employeur, la vie de Ruth est rude.
Aventure venimeuse, elle tombera follement amoureuse, totalement charmée par l'inconsistant et navrant David, piètre coureur automobiles autant qu'expérimenté coureur de jupons.
Pour Albert, la vie coule comme la bière dans le pub qu'il dirige pour pallier à ses maigres rémunérations de tueurs patentés, les clients se bousculant, fier de trinquer avec leur bourreau préféré. Il y croisera même Ruth et échangeront quelques phrases, destin facétieux.
Ma lecture défile, vive et élégante, envahie de situations tragiques et poignantes, galopante vers un drame que l'on sent poindre. Sentir, c'est le mot juste, Decoin émaille son récit d'une myriade de sensations olfactives imprégnant ce roman des effluves les plus chargées aux fragrances les plus fines, c'est agréable et pénétrant. On se laisse guider au parfum du souffle de Ruth : « un mélange de Navy Cut, de café, de pomme et de cannelle, le tout enrobé de l'arôme un peu gras de son rouge à lèvres. »
« Ruth a trop vécu la nuit, elle a trop bu, trop fumé, trop aimé. ». David la trompe, la bat férocement jusqu'à la faire avorter du bébé qu'elle porte. Après deux passages à l'hôpital, elle a trop souffert, trop subi. Bien que le P38 « dégage une odeur huileuse qui l'écoeure », elle le tue…
Ruth est inculpée et incarcérée à la prison d'Holloway dont le bourreau, vous l'aurez compris est Albert.
Les 33 pages restantes sont l'âme du livre. La réflexion. le terrain où Decoin nous coince.
« Albert, tu te sens vraiment prêt ? » Il s'agit d'exécuter une femme plus victime que coupable.
L'opinion publique prend parti, la reine s'émeut, le ministre de l'intérieur britannique s'interroge.
And you, are you ready? And you, what would you do for love?
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Quand il n’est pas patron de bar, Albert Pierrepoint exerce la fonction de bourreau. Dans ces deux activités, l’homme est consciencieux, professionnel et même, à ses heures, un peu sentimental. Ainsi, l’exécution d’une femme le répugne – à l’exception de cette horrible Irma Gresse, une ancienne gardienne de camp nazi – surtout quand il s’agit de la pendaison de la charmante et blonde Ruth Ellis, une jeune prostituée malchanceuse, amoureuse d’un homme qui la brutalise méchamment et qu’elle finira par tuer.

Didier Decoin comme souvent a choisi de raconter un fait divers authentique. Une histoire émouvante où l’auteur en faisant parler le bourreau montre la fonction vécue comme un travail « ordinaire ». Sauf peut-être pour la pendaison de Ruth Ellis en 1955, dont l’injustice flagrante n’a pas ému que son exécuteur puisqu’elle sera à l’origine de l'abolition de la peine de mort, en 1965, au Royaume-Uni.
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Londres1945 , Albert Pierrepoint , l'exécuteur en chef du royaume britannique est envoyé en mission en Allemagne pour pendre des criminels de guerre nazis .
Il doit notamment pendre une ancienne gardienne de camps Irma Gresse , à peine âgée de 21 ans , malgré son jeune âge , A Pierrepoint est impressionné par l'éclat métallique de son regard , un regard dur , sans émotions .
Quelque temps plus tard , on lui propose la gérance d'un pub à Londres , pub qui va attirer une clientèle de curieux , vu le métier de son propriétaire .
Celui ci met néanmoins un point d'honneur à ne jamais évoquer son métier , enfin son deuxième métier car comme il le dit ce n'est pas bien payé de pendre les gens .
Dans son pub , on peut lui serrer la main , ce que vient faire un grand nombre de curieux .
Un jour une jeune femme blonde décolorée , un peu trop maquillée croise la route d'A Pierrepoint , ils ne savent pas encore que le destin va les réunir de la pire façon .
Didier Decoin nous raconte l'histoire de Ruth Ellis qui a réellement existé , je n'avais pour ma part jamais entendu parler d'elle .
Ruth Ellis rêve d'être actrice , de rencontrer le grand amour .
Elle n'aura pas vraiment le destin dont elle rêve .
Didier Decoin restitue parfaitement l'époque du Londres d'après guerre .
Il nous explique comment une jeune femme assez jolie mais très naïve va finir par tuer son amant à bout portant .
Petite fille elle subit les avances de son père , puis elle rencontre un soldat canadien qui lui promet mont et merveilles avant de s'enfuir lâchement , il lui laissera pour s'excuser un gigantesque bouquet de fleurs .
Ruth est enceinte bien sur de ce soldat , elle élève son fils dans des conditions matérielles difficiles mais avec beaucoup d'amour .
Elle accepte de travailler dans un club assez glauque et fînalement deviendra prostituée à un moment de sa vie .
Éternelle amoureuse , elle trouvera sur son chemin des hommes alcooliques , violents .
On espère toujours que tout va s'arranger mais hélas , son dernier amant , dont elle est follement amoureuse et follement n'est hélas pas une image , se révèlera encore pire que les autres .
Il boit , la bat jusqu'à la laisser pour presque morte , Ruth lui trouve toujours un prétexte , lui pardonne .
On se dit que ce n'est pas possible d'accepter ça , c'est ce qui fascine mais de manière horrible .
Un portrait de femme qui se fait humilier , tromper , battre et qui demeure malgré tout éperdument amoureuse .
Jusqu'au jour où elle se rend compte qu'elle est prise dans une sorte de folie dont elle ne sait plus se sortir, elle n'a plus qu'un moyen à sa disposition , tuer son amant .
J'ai rarement lu un livre qui décortique si bien la folie amoureuse .
Ruth Ellis n'est pas décrite comme une criminelle sans remords comme Irma Greese ,elle a même un côté touchant .
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Inspiré d'une histoire vraie qui a défrayé la chronique dans l'Angleterre de l'après-guerre, le dernier roman de Didier Decoin, raconte l'histoire de la dernière femme condamnée à mort et exécutée par pendaison au Royaume-Uni. Ruth Ellis a 28 ans, elle est belle, hôtesse de night-club, mère de deux jeunes enfants et meurtrière de son amant, alcoolique et violent. Nous sommes en 1955, cette exécution va déclencher une prise de conscience. le monde entier s'est emparé de cette histoire. Didier Decoin, met en parallèle la descente aux enfers de la belle Ruth Ellis et la petite vie tranquille de celui qui sera chargé de la pendre, le bourreau. Un homme "attentif à ne pas faire souffrir les condamnés".

Voilà un vrai roman bien écrit, l'auteur à travers cette histoire dramatique nous dépeint avec justesse une cité de Londres remplie de brume, de maquereaux, de femmes brutalisées par la vie et leurs amants, de pubs où la bière coule à flots. Tout sonne juste, à lire sans aucun doute.
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Deux trajectoires humaines pour un bref moment d'intimité macabre: 17 secondes pour une pendaison.

A partir de 1940, Albert Pierrepoint est l'exécuteur du Royaume-Uni (terme très policé pour désigner un bourreau), tâche dont il s'acquitte avec zèle et efficacité par 450 pendaisons. Homme discret et pragmatique, patron de pub dans le civil, il "oeuvre" dans l'exécution de divers condamnés, allant des repris de justice aux criminels de guerre, et est considéré comme le plus prolifique de sa profession au xxème siècle (cf Wiki).

Ruth Ellis est une entraineuse de bar, prostituée pétulante et peroxydée, fille violée par son père, femme battue par son mari, et qui, de galères en galères, sera par sa condamnation pour le meurtre de son amant, la dernière femme exécutée, en 1955.

Si le sujet est plutôt morbide, le traitement journalistique de Didier Decoin est factuel et précis, prenant compte des notions d'efficacité et de rentabilité dans l'exécution de la peine de mort, et de la distance psychologique nécessaire à l'exécutant.
L'auteur a choisi de nous rendre le bourreau plus intime ( à défaut de le rendre sympathique), en le laissant évoquer lui même son parcours, son métier et ses "clients".

Et, dans les chapitres qui s'alternent, la vie de Ruth Ellis est traitée en biographie, pour le destin assez minable d'une femme légère, sans doute manipulée par son entourage et qui joue sa vie sur un drame passionnel.

Fidèle à son intérêt pour les faits de société, Didier Decoin revisite le destin de personnages insolites, dans un roman d'actualité vivant, très documenté. C'est plus globalement le portrait d'une époque, et à la suite de ce fait divers, de la prise de conscience sociétale qui conduira à l'abolition de la peine de mort dix ans plus tard.
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Le moins que l'on puisse dire concernant Ruth Ellis c'est que son destin était de ne pas être heureuse. Plus poissarde qu'elle c'est difficile. Violée adolescente par un père alcoolique, flouée par un jeune soldat canadien en mission à Londres qui après lui avoir promis monts et merveilles et fait un marmot, file à l'anglaise rejoindre bobonne dans la mère patrie, entraineuse puis prostituée, amante passionnée, femmes battue et bafouée, non vraiment rien ne lui a été épargné. Peut-on faire plus sordide ? Et bien oui, en finissant pendue pour le meurtre de son amant violent et méprisable qui la traitait comme une moins que rien ! Ce récit à l'absolue « glauquerie » (avec en prime un temps pluvieux so british sans cesse présent) est basé sur une histoire vraie qui a défrayé la chronique judiciaire anglaise des années 50. Ruth Ellis aura tellement ému l'opinion publique, elle la pauvre fille par excellence, que la peine de mort sera remise en cause puis abolie par la suite. Didier Decoin s'empare de ce fait divers et nous livre la descente aux enfers de cette nymphette, Marylin Monroe des bas quartiers de Londres qui n'aspirait qu'à devenir actrice. Il met en parallèle de son histoire celle de l'homme dont le métier est d‘appliquer la loi, l'exécuteur de sa majesté, beau métier s'il en est, lourd de conséquences…Ces deux âmes se sont d'ailleurs rencontrés une première fois, avant d'être réunis par le froid baiser de la mort au bout d'une corde. Notre bourreau est un homme humble, consciencieux qui aime son métier et le fait avec coeur. Respectueux des condamnés à mort, son objectif est de leur épargner une souffrance inutile par un réglage minutieux des paramètres morbides : longueur de corde, poids, matière…

Didier Decoin nous offre deux beaux portraits, deux destins radicalement opposés et profondément touchants. Je n'aurais d'ailleurs jamais cru avoir de l'empathie pour un bourreau et éprouvé autant de rage contre cette naïve (et parfois stupide) Ruth Ellis qui se meurt d'amour pour son amant atroce alors qu'il la souille psychologiquement et physiquement ! Pas de manichéisme, ni de grosses ficelles dramatiques, le fil de ces vies est déroulé de manière pudique, contenant à elles seules toute l'émotion nécessaire. C'était ma première immersion dans l'oeuvre de Didier Decoin et je ne suis pas déçue. La pendue de Londres se lit rapidement, émeut le lecteur, soulève des pistes de réflexion autour de la peine de mort et de sa légitimité et nous offre en sus un aperçu de l'état d'esprit de l'époque. Un court roman que je recommande ne serait-ce que pour le sujet.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Le 13 juillet 1955, Ruth Ellis est la dernière femme à être exécutée par pendaison au Royaume-Uni. L'auteur nous décrit habilement la marche inéluctable vers la mort de cette femme. Une coupable et une victime du monde des hommes. Parallèlement à ce destin funeste, il relate également l'humanisme troublant de l'exécuteur royal, Pierrepoint, conscient de la fin à venir de son art. du fait divers au fait d'histoire. À lire.
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Belle découverte pour la découverte de Didier Decoin. Il nous raconte une histoire peu commune.: l'exécution de la dernière femme pendue en Grande Bretagne. Sujet somme toute glauque mais traité presque oserais-je dire avec humour. Ruth Ellis, la suppliciée et Albert Pierrepoint, le bourreau existent bien. Leurs parcours sont relatés avec vérité. L'histoire qui a mené à l'exécution, au de là de l'affaire, remet en question la peine de mort en général et surtout le motif pour lequel Ruth Ellis a été condamnée. Cette lecture s'est avérée instructive tant sur la forme que sur le fond. Une petite de bibliographie en fin de volume permet approfondir le sujet. Ce récit n'est pas de la grande littérature mais est instructif sur un sujet au sensible que la peine de mort.
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On suit dans ce livre deux destins croisés : celui d'Albert Pierrepoint, bourreau britannique, et celui de Ruth Ellis, dernière femme condamnée à mort et exécutée au Royaume-Uni en 1955.
Vu le titre et le parallèle des deux histoires, on devine tout de suite la fin, mais là n'est pas l'intérêt de cette lecture.

Didier Decoin est un formidable conteur, et tout au long du livre on oublie régulièrement que ce qui est raconté ici est vrai, on est embarqué dans un formidable roman au souffle épique puissant.

Albert Pierrepoint est un personnage étonnant. Un homme ordinaire coté pile, intègre, bon mari et citoyen irréprochable ; un bourreau modèle côté face, exécutant (le terme est mal choisi...) son travail avec le plus grand soin.
Ruth Ellis est une victime. Des hommes, tout au long de sa vie. D'elle-même enfin par son obstination à ne pas vouloir se défendre lors de son procès. J'ai trouvé cette résignation très touchante, comme si Ruth Ellis se disait que sa vie de toute façon ne valait rien.

Des personnages attachants, une histoire peu commune, une écriture fluide et très agréable : des romans comme ça, j'en redemande !
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Ce roman choral nous emmène à la rencontre de la dernière femme pendue à Londres et de l'homme chargé d'exécuter la sentence.

Albert Pierrepoint se confie à nous, il nous parle de ses certitudes mais aussi de ses doutes. Il nous fait approcher ses motivations : comment peut-on devenir un bourreau ?

Pour la pauvre Ruth, son histoire nous est narrée avec pudeur, sans sensationnalisme.

Un excellent moment de lecture.
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