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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On suit dans ce livre deux destins croisés : celui d'Albert Pierrepoint, bourreau britannique, et celui de Ruth Ellis, dernière femme condamnée à mort et exécutée au Royaume-Uni en 1955.
Vu le titre et le parallèle des deux histoires, on devine tout de suite la fin, mais là n'est pas l'intérêt de cette lecture.

Didier Decoin est un formidable conteur, et tout au long du livre on oublie régulièrement que ce qui est raconté ici est vrai, on est embarqué dans un formidable roman au souffle épique puissant.

Albert Pierrepoint est un personnage étonnant. Un homme ordinaire coté pile, intègre, bon mari et citoyen irréprochable ; un bourreau modèle côté face, exécutant (le terme est mal choisi...) son travail avec le plus grand soin.
Ruth Ellis est une victime. Des hommes, tout au long de sa vie. D'elle-même enfin par son obstination à ne pas vouloir se défendre lors de son procès. J'ai trouvé cette résignation très touchante, comme si Ruth Ellis se disait que sa vie de toute façon ne valait rien.

Des personnages attachants, une histoire peu commune, une écriture fluide et très agréable : des romans comme ça, j'en redemande !
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Ce roman choral nous emmène à la rencontre de la dernière femme pendue à Londres et de l'homme chargé d'exécuter la sentence.

Albert Pierrepoint se confie à nous, il nous parle de ses certitudes mais aussi de ses doutes. Il nous fait approcher ses motivations : comment peut-on devenir un bourreau ?

Pour la pauvre Ruth, son histoire nous est narrée avec pudeur, sans sensationnalisme.

Un excellent moment de lecture.
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Ce roman est écrit à partir d'une histoire réelle : celle de Ruth Ellis, dernière femme exécutée au Royaume-Uni dans les années cinquante, à l'origine d'une polémique qui a abouti à la suppression de la peine de mort dans ce pays 12 ans plus tard.


L'auteur fait alterner le récit entre la jeune femme et le bourreau, Albert Pierrepoint, exécuteur britannique le plus actif de son siècle, avec 450 pendaisons à son actif des années trente à cinquante, dont des criminels de guerre nazis.


Le roman est très bien écrit et se lit d'une traite. Comme d'habitude chez Didier Decoin, le style est très visuel et l'atmosphère admirablement rendue : celle du Londres dévasté d'après-guerre, où Ruth Ellis finit par basculer dans l'interlope.


Toujours relatée avec humanité et sobriété, sans parti pris ni jugement, l'histoire de cette femme maltraitée et manipulée qui ne se défendit pas lors de son procès, fait froid dans le dos. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Aujourd'hui 08 décembre 2020, la vaccination anti-covid fait ses débuts outre-manche. Nos amis britanniques jouent ainsi les éclaireurs et force est de constater que ce n'est pas la première fois! Non contents d'avoir exécuté légalement; à l'issue d'un procès, le roi Charles Ier Stuart, le 30 janvier 1649, bien avant que la France ne mette à profit un autre mois de janvier pour faire de même quelque 154 ans plus tard....ils ont procédé à l'abolition de la peine de mort le 09 novembre 1965, précédant la France de seize longues années, 16 années pendant lesquelles la France a appliqué l'exécution capitale 11 fois, la mandature de Valéry Giscard d'Estaing, président moderne si l'on en croit les commentaires récents, en ayant autorisé trois. L'un des mérites du roman de Didier Decoin est de nous replonger dans l'abjection de ce crime social, à Londres en 1955, avec la dernière exécution capitale perpétrée à l'encontre d'une femme,( il faut dire que la dernière femme exécutée en France l'a été en 1949).
Nous voilà donc plongés dans la capitale britannique et sa grisaille d'après guerre, marquée encore par les petits trafics et les compromissions que plus de cinq ans d'un conflit porté souvent à bout de bras, ont pu générer. A la façon d' un Turner ou d'un Monet, Didier Decoin excelle à dresser un décor, porteur de bien plus qu'un paysage urbain dans le fog. C'est tout un climat, une atmosphère tendue et glauque qui prend forme au cours du roman et les personnages y inscrivent leur individualité avec la précision d'un Vermeer qui se serait réincarné au vingt et unième siècle siècle en troquant sa palette pour des mots. le roman s'articule autour de Ruth Ellis, toute jeune femme de vingt deux ans qui fait ce qu'elle peut pour garder la tête hors de l'eau. Après enfance meurtrie et jeunesse trahie, il y a quelque part, un match point tendu, en équilibre, qui tombe du mauvais coté, pour une humiliation de plus, de trop. En, 1955, la morale a ses raisons, qui ont force de loi, n'a t-on pas exécuté ces criminels nazis qui distribuaient la mort, on continue dans la lancée, et Ruth n'y survivra pas. La force du roman est de déployer sans jugement, la vie de la jeune femme dans sa banale médiocrité. Loin de l'univers de Ruth, l'auteur nous fait entrer en parallèle dans le quotidien de l'exécuteur officiel du royaume, un homme comme un autre, bourreau pour 15 livres, comme son père le fut avant lui et menant entre deux exécutions la vie de Monsieur tout le monde. Honnête homme et professionnel de la mort propre , c'est quelqu'un qui ne se pose pas de question sur la peine de mort. Nous n'entrons pas avec le roman dans un débat philosophique. Les faits sont bruts et à eux seuls, ils font jaillir l'étincelle, celle qui interpelle qui interroge qui questionne quand jusqu'alors tout paraissait simple. Ce n'est pas simple de tuer une femme de sang froid en lui passant une corde autour du cou, même si elle est de la bonne taille assurant une mort rapide. Pas simple d'affronter le regard. Notre bourreau le sait pour avoir été confronté au lendemain de la guerre déjà à cette épreuve. Il n'y a pas de mauvais chemin pour remettre en cause la peine de mort, la force du roman est d'en convaincre le lecteur par la clarté d'une fiction qui s'appuie sur un fait réel.
Le bourreau de l'histoire vraie a démissionné de ses fonctions un an après l'exécution de Ruth Ellis.

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Calmement et consciencieusement il effectue sa mission, pendre les condamnés à mort...Un travail qu'il effectue froidement sans aucun état d'âme..
Sauf une fois, quand il dut pendre Ruth Ellis, autre personnage principal de ce roman!
Mais est-ce un roman?
Ruth Ellis a vécu, et a été effectivement pendue à la suite du meurtre de son "ami".
Albert Pierrepoint, anglais au nom bien français était quant à lui le bourreau rémunéré par l'Etat britannique, bourreau comme l'était son père...il a pendu environ 200 criminels nazis, faisant la navette entre Londres et l'Allemagne, un travail qu'il fit parfois à la chaîne...plusieurs criminels étant à son programme de la journée et au total il exécuta, les dernières pages nous le précisent 435 condamnés, nazis ou criminels en tous genres.
Entre deux exécutions, il tenait un Pub : le Coach and Horses. Il mourut en maison de retraite, 37 ans, jour pour jour après la pendaison de Ruth Ellis. Discret, il n'avait jamais parlé de ce "travail" à son épouse.
Ruth était quant à elle une brave fille, un peu frivole, aimant la belle vie et les hommes, mais ce n'est pas un crime...Elle avait été régulièrement violée par son père et avait atterri, naturellement dans ce monde glauque de la nuit, bars louches, maisons de passe. Elle fréquentait des hommes tous plus louches les uns que les autres, des hommes qui profitaient d'elle et la battaient souvent. Violemment...
Un jour, elle en tua, qui n'était pas un ange...Il le devint
Deux personnages qui nous transportent dans ce Londres de l'après-guerre, dans ce monde de la nuit, glauque et violent.
Albert, le bourreau est un type consciencieux, calme qui effectue son travail méticuleusement, sans se poser de question, sans état d'âme. Ah si ! une seule question avant chaque exécution : quelle longueur de corde doit-il prévoir afin que la mort par rupture des vertèbres soit immédiate...? On en frissonne !
Ruth quant à elle est la brave fille, mal défendue lors de son procès, battue et tuméfiée par un maquereau, qu'elle tua le jour où il fut plus violent que les autres jours. Ruth, victime également d'un système judiciaire anglais qui lui aussi donne des frissons. Victime aussi de son système de défense et de sa franchise !
Ce n'est pas un roman, mais une partie de l'histoire (assez) récente de l'Angleterre, celle des années 50
Elle fut la dernière femme pendue en Angleterre
Un livre passionnant.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Ce roman se déroule en Angleterre, juste après la seconde guerre mondiale. Il a pour objet la peine de mort, le rôle des bourreaux, et le sort des victimes.


Pour cela, Didier DECOIN met en parallèle la vie de deux personnes : D'une part, celle de l'exécuteur en chef du royaume britannique, dont le rôle est de procéder à la pendaison des criminels condamnés à mort ; D'autre part, la vie de l'une de ses futures victimes, une "entraineuse" nommées Ruth qui sera accusée d'avoir tué l'amant qui la battait à mort, régulièrement et devant son fils.


Au fil des chapitres alternant les vies de ces deux héros, l'auteur nous dévoile la fonction d'exécuteur, puis fait défiler la vie de Ruth, nous détaillant les faits et circonstances de son accusation et de sa condamnation. Ainsi nous serons amenés, à la fin du livre, lorsque leurs deux destins seront hélas amenés à se croiser, à nous interroger sur le bien-fondé de la condamnation à mort de Ruth.


*****


Tout commence avec l'exécution de criminels de guerre nazis, et nous percevons le soulagement de la population face à leur mort. Pourtant, nous ne pouvons que louer l'humanité avec laquelle l'exécuteur fait son travail. le bourreau, il faut bien le dire, nous apparaît sympathique et sa fonction semble moins barbare et presque justifiée aux yeux du peuple.


Pour autant, dès notre rencontre avec Ruth, l'auteur nous amène lentement mais sûrement à rencontrer des cas d'exécution moins évidents, pour lesquels la population souhaiterait voir gracier le condamné : le peuple, et avec lui le lecteur, s'accordent à penser que tout, dans l'histoire de Ruth, aurait dû conduire à plus de clémence, tant les circonstances atténuantes et les circonstances tout court ont fait de Ruth une réelle victime plus qu'une méchante coupable.


*****


Je pense que c'est sur cette révolte naissant en chacun d'entre nous que compte l'auteur pour nous faire réfléchir sur le sujet. Ce livre n'est pas une critique véhémente de la peine de mort : il insinue au contraire de manière très subtile et ténue le doute sur son bien-fondé. Cette histoire s'appuie d'ailleurs sur des faits réels qui ont contribué à l'abolition de la peine de mort en Angleterre.


L'auteur nous fait ressentir l'injustice criante sans nous braquer contre le châtiment en la prétendant la condamnée innocente : Il est incontestable que ce qu'elle a fait est répréhensible.
De plus, il ne présente pas la situation de manière simpliste : L'exécuteur n'est pas bourreau antipathique et sans coeur, non ; On sait que Ruth ne souffrira pas et qu'elle mérite d'être punie.


Mais justement, toute la réussite de ce livre est de nous faire nous demander, malgré tout cela, si cette peine est juste ou mieux qu'une peine moins définitive. L'exécuteur nous donnera sa propre réponse, murement réfléchie du fait de son expérience, à la fin de ce livre très instructif.


Le bémol : Comment quelqu'un de l'Académie Goncourt peut-il tuer sa narration avec autant de phrases entre parenthèses qui morcèlent ses idées ? Soit la phrase est nécessaire, et elle mérite sa propre place, soit elle ne l'est pas et on la supprime ! Quelques mots entre parenthèse pour préciser une idée, sans alourdir le raisonnement, pourquoi pas ; mais des pans de discussion insérés dans d'autres, cela devient à mes yeux très pénibles.


Chipotage mis à part, c'est une lecture que je ne peux que vous recommander, autant pour profiter de l'histoire que pour son réel intérêt historique, philosophique, et peut-être le plus important : humain.
Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Bon, pas de suspense quant à l'issue du bouquin, tout est dans le titre. C'est donc l'histoire de la dernière femme pendue en Grande-Bretagne, dont le cas fera plus tard pencher pour l'abolitition de la peine de mort. L'auteur fait alterner la voix de l'exécuteur et celle de Ruth Ellis, une femme qui, pour essayer de se débrouiller dans les pénuries de l'après-guerre, va user de ses charmes. Elle a vraiment tout faux et elle choisit bien mal ses hommes, jusqu'à l'irréparable.
Un beau roman, bien écrit sans effets de manche.
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Dans l'Angleterre, après la Seconde Guerre mondiale, Didier Decoin nous propose un roman traitant de la peine de mort, vue à travers le bourreau et la condamnée.
Alternativement, nous découvrons la vie du bourreau et celle de la future condamnée.
Le bourreau allie un amour du "travail bien fait' et l'estime pour la condamnée...

un livre dérangeant et émouvant.
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Didier Decoin nous plonge dans le Londres d'après la seconde guerre mondiale au coeur du monde de la nuit, de la prostitution, de l'alcool et de ses dérives...

Nous avons deux personnages principaux : Albert Pierrepoint, exécuteur en chef du royaume britannique et Ruth Ellis, héroïne - bien malgré elle- condamnée à mort, pour avoir tué son amant.
Dans un style fluide et réaliste, Didier Decoin va alterner les récits de ces deux personnes et raconter leurs trajectoires de vies.

Ruth est une personne qui, dès son enfance, n'a vraiment pas eu de chance dans la vie, mais qui n'a jamais baissé les bras. Cette femme séduisante, qui joue de ses charmes pour s'en sortir, nous apparait alors sympathique et pathétique à la fois à cause des choix qu'elle fait quant aux hommes qui partageront sa vie.

De fait, on en vient à se demander tout naturellement si cette femme condamnée à être pendue est coupable ou tout simplement une victime?

Un livre fort, puissant et intéressant car il met également en lumière les émotions et les questionnements intimes du bourreau, lui-même condamné à exécuter la sentence.

Enfin, j'ai également apprécié que l'auteur nous donne un rapide aperçu de ce que sont devenus les différents protagonistes de cette tragique histoire d'amour qui tourne au drame.

Un fait divers dramatique mais intéressant à découvrir car il restitue parfaitement les conditions de vie en Angleterre dans l'immédiat après guerre.

Enfin, n'hésitez pas à visionner l'excellent film "Un crime pour passion"-Dance with a stranger, avec Rupert Everett, Miranda Richardson et Ian Holm, qui rend assez bien l'atmosphère des années 50 et montre comment un amour "décalé" conduit à la mort.
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C'est un roman passionnant,puissant,bien construit.Il renvoie le Bourreau à sa victime,car pour moi Ruth est une Victime.
C'est agréable à lire même si le sujet abordé ne se prête pas à l'humeur joyeuse.
On suit la vie du dernier Bourreau Anglais et celle de Ruth Ellis ,la future pendue.
On apprend beaucoup sur l'Angleterre d'après guerre.
On ne peut lâcher cet ouvrage avant la fin.
Bravo à Didier Decoin
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