La chaleur avait craquelé la terre de ta tombe et desséché toutes les fleurs... Tu devais étouffer, là-dessous !...
J'ai couru chercher de l'eau à la fontaine. L'arrosoir était si pesant que j'ai du le porter à deux mains. J'ai fait plusieurs voyages, tant la terre était assoiffée. J'avais mal aux reins et aux mains.
Je me suis assise sur la pierre tombale voisine [...]. Ma robe noire était si mouillée qu'elle me collait au corps. J'étais plus que nue, d'autant qu'avec cette chaleur je n'avais rien dessous. Je me suis tournée vers toi, j'ai remonté ma robe et [...]
Samedi 3 août
Il fait toujours très beau. Les
rosiers blancs embaument toutes la
cour. Dans le cœur d'une rose, j'ai
trouvé un splendide scarabée d'un
vert mordoré. Il y avait longtemps
que je n'en avais vu d'aussi beau.
Je reviens de ton enterrement. Il fait beau.
Il fait beau comme tu aimes, avec un vent léger qui fait chanter les peupliers. Je t'aime.
Ta mère a été insupportable, pleurant, criant, se jetant sur ta tombe. Moi, je souriais , je savais que tu reposais sous la terre fraîche qu'il fallait que je sois patiente, que d'ici quelque temps tu reviendrais... Mais ne soit pas trop long, c'est si dur les nuits sans toi !... Ne t'inquiète pas, comme je te l'ai promis, je serai sage et gaie... Pas trop sage, tu le sais.
- mon bien aimé, de ton premier sourire.
fait moi bientôt entrevoit la douceur.