Jean-Laurent del Soccoro Bouddica. Ed J'ai lu. 314 pages. 2,5 étoiles.
Je me laisse toujours aller au récit jusqu'à ce que quelque chose me dérange, ...jusqu'à ce que mon cerveau et mon coeur se consultent pour me dire …bon c'est pas mal mais il y a mieux… 😊
Ici la mutation a eu lieu aux environs de la page 150 : le récit devient un peu « monotone ».
Quelques observations…Le récit nous présente une reine celte en guerrière quasiment du début à la fin du récit. Et cela me gêne un peu. Les facettes de mère de famille, de diplomate, …sont passées un peu à la trappe.
L'auteur réduit les druides / bardes à un rôle subalterne quasi inexistant. Or les nombreuses études historiques ont montré qu'au contraire, cette classe sociale jouissait de privilèges « supranationaux » (espions, diplomates, juges, conseillers royaux,…).
P 158. Les armes du peuple de
Boudicca sont confisquées. Dès la réception de l'avis de confiscation, aidée par son garde du corps et le barde qui sont ses conseillers,
Boudicca aurait dû prévoir de fabriquer / cacher des armes en nombre suffisant pour une révolte (c'est un must)…
P 160. Incohérence : Bouddica laisse ses filles à portée de son ennemi ? Or elle sait que le sort réservé est le viol…Jamais aucune mère ne laisserait faire cela (aucun père non plus d'ailleurs 😊).
P 177. Bouddica est en guerre. Pourquoi l'auteur a négligé la réaction naturelle d'une reine :
- de faire jouer la diplomatie et l'espionnage (bardes,…)
- de s'assurer que les rois celtes clients de Rome ne l'attaqueraient pas (prise d'otages,…).
Et en cas d'ouverture des hostilités pourquoi ne pas avoir envisagé d'attaquer les lignes arrières, les vivres, de harceler l'ennemi…L'auteur présente Bouddica comme une personne qui agit de manière instinctive…Or je ne peux pas m'imaginer qu' une reine d'un tel rayonnement ait été aussi limitée intellectuellement.
JLDS nous parle de l'entraînement à l'épée, mais en p. 187 , on découvre que Bouddica savait conduire un char de combat…on aurait aimé savoir (imaginer) quel entraînement suivre pour pouvoir conduire cet engin mortel…
P 197. Bouddica en guerre contre Rome arrive chez un roi celte client de Rome pour parlementer. La première chose à faire : placer des sentinelles sur la route de Rome pour intercepter tout courrier. Et elle aurait oublié de faire cela, elle ou ses conseillers dont un garde du corps fort compétent ? Incohérent.
P 219 : l'homosexualité entre homme était admise chez les celtes ? (cela me paraît peu crédible)
P 223 : très beau passage
P 231 « Si Rome s'obstine à contester cette moitié de royaume… » : l'auteur n'a pas parlé de cette « obstination » auparavant. Au contraire.
P 233. Bouddica hait les romains et leurs clients (des tribus celtes)…mais elle ne met pas de sentinelles aux abords de son village…Incohérent.
P 236 et suivantes très bien…
En synthèse quelques bons passages, mais trop d'incohérences de l'auteur qui présente une reine « un peu limitée » (par défaut d'information sur le monde celte probablement) … Or les incohérences peuvent être « levées » par une explication à imaginer par l'auteur. Encore faut-il savoir les détecter…
Je suis sûr au contraire que pour pouvoir s'imposer aux rois de l'époque et se faire respecter par un gouverneur romain, il aura fallu à Bouddica de l'adresse aux armes bien sûr, mais aussi un courage, une rage contre l'oppression, une ruse diplomatique et guerrière et des capacités de gestion de conflit exceptionnelles… Ce qui n'apparaît pas dans ce roman trop « limité » lui. Ceci explique la cotation. Dommage. C'est un thème magnifique que j'ai découvert grâce à ce roman (et qui m'a immédiatement intéressé en parallèle). Cotation : 3,82 ? Cela me paraît excessif. Ce qui explique ma cotation.