Après l'excellent Royaume de vent et colères, premier roman de Jean-Laurent del Socorro, j'attendais avec une impatience manifeste, la parution de son dernier roman sur la reine celte
Boudicca. En effet, vous connaissez tous ma passion pour la période romaine. Malheureusement, ma lecture n'aura pas été à la hauteur de mes espérances. J'ai même exceptionnellement attendu deux jours avant de rédiger ma chronique afin de ne pas vous livrer une réflexion dite "à chaud". Et pourtant, même avec cette prise de recul, ma déception reste inchangée.
Boudicca dont le nom signifie "Victoire" est née en 28 après J.-C. lorsque son père, le roi Icène, Antedios, remporte une bataille décisive sur le clan ennemi des Trinovantes. Mais, sa naissance marque aussi la disparition de sa mère morte en couche.
Boudicca grandit alors à l'ombre du ressentiment de son père et fait tout pour attirer son attention et gagner son amour. Dotée d'un caractère aussi flamboyant que sa chevelure, elle n'hésite pas à défier quiconque et à prendre les armes pour devenir une guerrière renommée...
Je reconnais à ce roman des qualités indéniables : je citerais ainsi la fluidité du style d'écriture. En effet, je n'ai pas vu défiler les 250 pages du roman (cette édition comprend en sus de
Boudicca, la nouvelle D'ailleurs et d'ici d'une dizaine de pages du même auteur ainsi que le premier chapitre de
Sorcières associées d'
Alex Evans) et c'est exactement ce que j'avais apprécié dans le précédent opus de l'auteur. le récit, partagé en trois parties chronologique et biographique, est claire. le lecteur sait donc parfaitement où l'auteur veut aller : de fille de roi (28-43 après J.-C.),
Boudicca devient épouse et mère (44-59) puis Reine et guerrière (60-61).
De plus,
Jean-Laurent del Socorro semble avoir fait un bon de travail de documentation au préalable : preuve en est la bibliographie donnée à la fin du roman. Et je dois dire qu'il a du mérite car les sources historiques sont peu nombreuses : seuls Tacite, un quasi contemporain en parle dans ses Annales ainsi que
Dion Cassius, dans son Histoire Romaine, datant de plus d'un siècle après les faits. J'ai même beaucoup aimé, à la fin, le petit clin d'oeil aux sources littéraires romaines :
"
Dion Cassius, dans son Histoire Romaine, assure que Catus Decianus put s'enfuir avant la destruction de Londinium et qu'il gagna la Gaule pour y trouver refuge. N'en croyez rien. J'ai vu de mes propres yeux
Boudicca se saisir du procurator pour l'attacher à un pilori." (P. 237-238)
Malheureusement, ce roman est affaibli par quelques défauts. Personnellement, j'affectionne peu, en littérature, le point de vue interne, préférant l'omniscient ou le roman choral. Mais, il s'agit d'une question de goût et je ne peux en aucun cas l'incomber à l'auteur. En revanche, les personnages manquent cruellement de profondeur ce qui n'a pas facilité mon immersion dans le récit. Je n'ai pas vraiment éprouvé d'empathie à l'égard de
Boudicca, pourtant le narrateur. Très honnêtement, il me reste de ce récit, une impression très superficielle et le sentiment qu'il a été trop survolé sans vraiment jamais rentré dans le détail. J'en ressors donc un peu frustrée.
En conclusion, j'ai été déçue par
Boudicca ; surtout après Un royaume de vent et de colère, je m'attendais à mieux. Je suis bien embêtée car je me faisais une joie d'aller rencontrer l'auteur à la Convention SF du mois de juillet, à Grenoble. Que vais-je bien pouvoir lui dire moi qui ai si peu goûté son dernier opus? Délicat...
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