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Citations sur Écrire pour quelqu'un (27)

Nous héritons des livres dont la lecture, en notre jeunesse, a exercé sur nous son empire. On devient pour une part ce qu'ils ont imprimé en nous. Ils nourrissent les attentes, les émois qui naissent d'une rencontre. Que la littérature vienne à disparaître, nos songes crieront famine. Et l'on apprend à aimer comme on apprend à lire : dans les livres, tôt, parmi d'autres enfants.
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L'indicible sanglote en nous. Ce qu'on n'a pas dit, ce qu'on voulait dire, ce qu'il aurait fallu dire, le silence volontairement gardé ou gardé malgré soi, par crainte, pudeur, agenda chargé, négligence. Il y a quand même, quelquefois, à l'improviste, une image qui s'empare de nous. Un fait par lequel l'image du défunt surgit, une scène dans un film, une conversation entre amis, l'épisode d'un récit dans une réunion de famille, les mimiques d'un inconnu, et alors on étouffe, et ce qui nous écrase éclate en sanglots. Mais plus généralement, ce sont, je crois, les mots qu'on a tus. On a différé, on n'a pas osé, on a omis, on s'est contenté de peu, on n'a pas dit ce qu'on aurait dû, ou pas assez.
Et maintenant, c'est fini, les mots manqués nous manquent, moments irrécupérables qu'on n'a pas su ouvrir aux paroles qu'on devait prononcer et auxquelles, souvent sans claires raisons, on a renoncé. (p.61)
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D'ailleurs, débuter la journée par la lecture de ces rubriques où la curiosité s'attarde sur les âges et les causes de décès avec soulagement lorsqu'il s'agit d'une cause accidentelle ou de personnes très âgées, n'est-ce pas un moyen de se sentir, par comparaison, superbement vivant ? Ou encore, il s'agit de se représenter sa propre disparition tout en la refusant, de se la figurer sans y croire. Ou de compatir fugitivement au malheur d'autrui pour mieux s'en préserver, exorcisme aussi naturel qu'inutile. A moins, plus simplement, que ce ne soit une façon un peu mélancolique de partager la condition humaine en éprouvant ce qu'elle a d'inéluctable. (p.31)
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La nostalgie pourrait survenir à l'évocation de l'enfance et de la jeunesse, mais, assurément, ce n'est pas elle qui me guide. Je me demande pourquoi ce qu'on a aimé reste si fort en nous, au point de nous contraindre à y penser sans fin. Les jours anciens s'en sont allés et pourtant ils existent, ils sont notre présent au sein même de l'absence, aussi sensibles ou presque, aussi palpables, que s'ils étaient actuels. Ce qui fut, ce qui est, mêlés dans une union parfois exténuante. Comme un mirage, une hallucination.
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On n'écrit pas pour soi, mais pour les autres. Pour les morts qui subsistent en nous, et pour les vivants qui nous lisent. Même les manuscrits volontairement laissés sans lecteurs au fond des tiroirs s'adressent à quelqu'un. A des parents perdus, à des passions anciennes, parfois à des proches qui ne l'apprendront jamais. Et c'est encore plus vrai quand on écrit en hommage à des défunts aimés ou admirés. Les livres alors, comme le font les poèmes, dressent des tombeaux. Ils ne recouvrent pas de marbre les morts, ils les revêtent d'une douce ferveur. Ce sont des urnes à portée de main qu'il nous suffit d'ouvrir, où nous plongeons nos souvenirs, et dont les cendres sont les mots.(p.170)
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Ce qu'ont souffert les aimés nous étreint dès qu'on y songe, comme s'ils vivaient et souffraient maintenant. Ils n'ont pas disparu : ils sont là. Preuve en est l'expérience commune, quand il s'avère impossible de parler d'eux sans que la respiration se crispe, que la voix se brise, et qu'éclatent les sanglots.
Cet indicible qui nous submerge, c'est le temps qui ne s'efface pas.
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Nous avions inversé les rôles: à présent, c'est moi qui me préoccupais de lui. Mais l'important n'est pas de savoir qui parle et qui tend l'oreille, qui a besoin de qui, l'important réside dans la confiance du lien qui réunit. (p.166)
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Conserver en toutes circonstances l'optimisme sans lequel une part de nous s'éteint avant notre mort même.
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J'avais une quinzaine d'années quand, pour la Noël, mes parents m'offrirent le disque où, sur une face, j'eus la joie d'écouter Michel Simon lire le début du Voyage, et, sur l'autre, " Le certificat d'études" et " Le voyage en Angleterre" de Mort à crédit lus par Arletty. Fulgurante découverte: c'était embarquer sur un navire de haute mer pour affronter les ouragans d'une expédition vers des contrées remplies d'énergumènes monstrueusement tatoués. Nous l'avons écouté une première fois, ce disque, toute la famille assise sur le canapé du salon, recueillie. L'éducation littéraire se fait, pour durablement s'inscrire, par l'oeil et l'oreille. Qui a bénéficié de cette chance ne peut qu'en rendre grâces à ceux qui l'ont donnée.
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Fluctuant entre deux rives, n'ayant pas de lieu clairement défini, je ne suis spécialiste de rien. L'érudition dont il m'arrive de donner l'impression comprend de telles lacunes qu'elle s'apparente à un panier percé. Tant mieux. Un savoir étendu, dense, rempli de soi, menace toujours d'étouffer l'esprit dilettante - si soucieux d'exactitude soit-il - nécessaire au style comme à la composition des œuvres où le plaisir de lire prime le désir d'apprendre.
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